jeudi 10 mars 2016

DES NOUVELLES DE RAYMOND



Bonjour, habitués de la petite aube !

J'aurais pu vous montrer le sommet de la Rhune joliment enneigé. Je ne m'y suis pas prise à temps pour capter la trouée ensoleillée entre deux bourrasques :





 Mère Rhune se perd souvent ces temps-ci dans les amas de nuages pleins d'eau.
Les averses drues succèdent aux averses crépitantes. Les coups de vent malmènent les grands peupliers dolents et offerts aux colères.




A part mon vieux pommier défunt, le reste semble tenir bon, pour le moment...

La période est à l'agitation. Le mouvement me redonne un allant et un ressort détendu la semaine dernière, par cette attente incontournable d'un printemps qui se laisse désirer, le bougre !
Il faut lui laisser la prérogative de son tempérament, à celui-là aussi, par force. Et ne pas s'user le sentiment à trépigner d'une impatience improductive.
Je retrouve une perspective plus lumineuse. Je suis confiante en des augures optimistes.
Le soleil et sa chaleur ne sont plus loin, maintenant. Je les espère et je les sens...






En attendant les bons vouloirs de la météo, je considère comme une distraction les parages, immédiats et alentours.

Je vous avais parlé en son temps de ce vanneau blessé trouvé au bord du chemin, autour de la Toussaint. Je l'avais ramené à la ferme.

La quantité de vers qu'il engloutissait dans la minute m'avait laissée tellement désemparée que j'avais renoncé à le garder. Ne voulant quand même pas le relâcher dans une nature hostile à un pauvre oiseau blessé, j'avais confié mon réfugié à Olivier. Mon grand mari est comme moi, il fond devant un animal vulnérable à soigner.

Il s'acquitta de la tâche, avec soin et meilleure volonté.

Entre temps, Hélène, ma mienne amie, trouva sur les trottoirs Bayonnais, un pigeon commun en détresse.
Elle aussi est sensible à notre règne animal. 
Le volatile, tout jeune encore, se faisait perforer le crâne par ses congénères sans pitié. Le monde animal est ainsi, dur et cruel pour le faible sans défense.
Il était en bien mauvaise posture, et mon Hélène alarmée le prit dans ses blanches mains pour le sauver d'une fin assurée.
Elle le ramena chez elle, le nourrit et le veilla. Avec ses filles, Flore et Blanche, elle baptisèrent le rescapé, et le nommèrent : Raymond.
Raymond, ne me demandez pas pourquoi, Raymond, c'est comme ça.

Le petit pigeon se remit. 
Hélène habite en ville. L'oiseau était dans une petite cage. 
Hélène, informée du vanneau landais, me proposa de lui donner Raymond en compagnon de fortune. Deux rescapés, qui auraient leurs malheurs à se raconter...

Elle m'amena Raymond à la jardinerie, et je le fit transiter par Olivier jusque dans ses Landes.

Le vanneau mourut. Trop nourri ou pas assez, je ne sais. Toujours est-il qu'un jour, revenant de la ferme, Olivier le trouva sur le flanc, petite boule emplumée ébouriffée et refroidie.
Mon mari se désola de cette triste fin. Le volatile lui était devenu familier, trépignant dans sa petite volière quand il le voyait arriver, reconnaissant sûrement son pourvoyeur en vers.

Le vanneau mort n'avait plus besoin de compagnie pour se distraire.

Raymond emménagea dans son nouvel habitat, juste en face du poulailler landais d'Olivier.
Avec ses poules, Olivier élève des pigeons domestiques. Raymond se retrouva comme en famille, mais en sécurité derrière le grillage de sa volière particulière.






Regardez notre fier et beau Raymond !
N'a-t-il pas belle allure et prestance ?

Il coule des jours paisibles. Loin d'un monde hostile et implacable grâce à la bienveillance conjuguée de mon Hélène et d'Olivier.

Une petite fable urbaine, sans morale particulière. Un pigeon banal et ordinaire, joliment emplumé d'irisations bleutées et grises, avec son coquet collier et son collet vert.

Longue vie à Raymond et à ses sauveurs. Et bonne fin de  nuit à vous, amis lecteurs de mes chroniques bucoliques...

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