vendredi 3 juin 2016

UN MIEUX ?



Bonjour tout le monde !





Le printemps ne s'est à aucun moment joliment installé cette année.
Mai a été maussade. Du frais, presque froid, avec des pointes de chaleur coléreuses. Beaucoup d'eau. Une ambiance tout début avril, et encore...

J'ai fait pendant ce temps d'attente une retraite, bénéfique, et nécessaire.
Je me suis sentie affaiblie, dans mes certitudes, et dans mon énergie. 
Je l'ai été, objectivement, ce n'était pas juste une impression, une idée.

Dieu merci, la situation semble en voie d'amélioration. 
Ma petite virose mauvaise paraît s'éloigner, repue sans doute de mon allégeance humble et sincère.

Quel bienfait de se sentir remonter la pente !
Je n'ai jamais expérimenté la véritable maladie, celle qui vous met à terre, et parfois vous y laisse.
La modeste épreuve traversée ces dernières semaines ne m'a pas trouvée bien combative... J'étais désarmée et manquais totalement d'un ressort qui aurait pourtant été bienvenu. C'est la caractéristique de l'état "virosé", me dit-on. Ah, bon...  Soit !
Que l'état "virosé" me quitte, et oublie de revenir à jamais, si possible !

Nous verrons bien ce qu'il en adviendra, et prendrons le sort tel qu'il se présentera.

L'enseignement à tirer de ce triste passage ne m'a pas échappé. J'en ai retenu ma vulnérabilité, la confrontation de ces limites jusque là ignorées.
Si j'étais présomptueuse, ce qu'à Dieu ne plaise que je devienne un jour (!), je penserais avoir surmonté ce cap, comme on gagne une bataille.
Je refuserais ce terme d'"allégeance".  C'est une notion peu séduisante à mes yeux de vieille péronnelle imbue de sa petite personne.
Pourtant, même si la tentation en danse à l'orée de ma perception, je me contrains à retenir ce que je crois être la "substantifique moelle" de la chose :
Je suis "vincible",  j'ai des limites, je dois en tenir le compte.
Cette alerte gentille ne doit pas être oubliée. J'en aurai sûrement d'autres. Je me relèverai peut-être encore de plusieurs passes basses. Ou pas. 
Avec la certitude finale d'y rester, définitivement.

On naît, de chair et de sang.
On croît et on embellit, on reste laid, c'est selon.
On devient vieux, malade ou pas, là encore, c'est selon.

Puis, on devient mort. Et on le reste. Et là, pas d'alternative à espérer !

Le cours des choses va ainsi, naturellement.
Des enfants tombent malades, aussi. Des jeunes meurent.
Histoire de nous rappeler que de cours naturel des choses, parfois, il n'y en a pas.
Que cette courbe logique, d'après nous juste, et, presque, acceptable, est soumise à des caprices et des nœuds incompréhensibles et révoltants.
Que toutes nos révoltes pourtant ne les annihileront jamais. 
Que le plus sage est d'admettre et d'accepter de vivre au mieux, dans cet espace là.

Vivre, vivre clairvoyant, c'est s'attendre à mourir, n'est-ce pas ? Et, si possible, au mieux, s'y préparer...

Quel optimiste entraînant, me direz-vous ! 

Je vous le répète, vivre, vivre clairvoyant, c'est se savoir mortel, et ne pas perdre cet inéluctable de vue. S'y appuyer comme sur la seule base solide, et construire une vie là dessus. Si possible agréable. Et possible, ça l'est, je le crois, je veux le croire !

L'une des voies de cette vie bienheureuse, réside pour moi dans l'observation bienveillante de mon quotidien.
Vous le savez maintenant, je m'attache à ces petites choses légères et colorées qui rendent mes jours chatoyants.

Je vous ai fait un petit reportage photos des actualités de la ferme.
Elles ressemblent aux actualités de la même époque de l'an dernier.
Et, je ne demande pas mieux, celles de l'année prochaine pourraient leur ressembler tout autant.
Manque d'ambition, ou sécurité d'une routine éprouvée, je ne sais. Ce dont je suis sûre, c'est de ma volonté à ne pas m'en écarter. Puisque dans cette voie là j'ai creusé mon bien-être.

Voyez plutôt :










Le couple d'hirondelle est revenu dans le grenier. Le mâle, avec sa tâche claire sur l'aile, veille, perché ici ou là. La femelle couve dans ce fameux nid judicieusement posé sur le projecteur électrique désaffecté pendant cette période. Reportez-vous à mon article de l'an passé, même saison, même endroit...

Tous les soirs, avant de fermer la grande porte basculante, je m'assure de la présence de mes petits volatiles à l'intérieur. J'ai l'impression parfois que je pourrais les héler comme je le fais avec mes chiens, pour les ramener au bercail.
Les savoir là me plaît. Et les menues contraintes inhérentes ne me pèsent aucunement.

Il y a quelques semaines, je regardais tristement ces vieilles poutres poussiéreuses, en me demandant si je ne ferais pas tout aussi bien de m'y pendre. J'y aurais fini momifiée dans les toiles d'araignées superposées, comme un vieux fagot d'herbes sèches oublié. Les courants d'air m'auraient ballottée mollement, comme les jambons durs que l'on y suspendait encore il y a peu.
Toujours mon sens de la mesure dans mes envolées, tristes ou gaies, n'est-ce pas ?

Là, je regarde mes hirondelles. Le mâle se laisse approcher sans bouger. Leurs gazouillis du petit matin me tirent du sommeil en notes toniques et vives.
Dans l'étable encore, les nuées lestes animent la vieille charpente.
Cela est dans le bon ordre. Cela m'apaise et me conforte.








Le lever du soleil est encore noyé dans les nuages épais. La lueur est là. Derrière les brumes grises. Elle laisse espérer et croire.





Bigoudi, mère depuis à peine un mois, s'enflamme déjà d'une nouvelle pulsion vitale. Elle est en pleine forme, elle ! Et ma mélancolique atonie juste passée ne la guette sûrement pas, la bougresse !
Il est beaucoup trop tôt pour lui faire redémarrer une nouvelle gestation.
Je dois choisir mes options d'élevage, en fonction de mes nouvelles perceptions. Il n'est pas temps encore, ni pour elle, ni pour moi, de prendre une voie. Gardons les toutes ouvertes.

Les deux petits, Agatte et Xokorro, grandissent gentiment.







Le mâle fils de Pollita devient lourd et massif, déjà. Il a à peine deux mois.






Les frasques de Bigoudi créent une petite perturbation. Xokorro est bien trop petit pour comprendre les enjeux qui se trament ici. Il s'éloigne, en repliant les oreilles en arrière.



La petite Agatte est perplexe. Sa mère agitée la prive d'une tétée sereine.
Dans la journée, Bigoudi s'apaisera. Et sa fille se remplira la panse alors.









Ma betterave cette année a jailli de terre comme un seul homme !
J'ai déjà éclairci deux fois les plants trop serrés. Et vais devoir y revenir encore, et encore...






Le maïs pointe sans souci ni grande surprise. Une culture sans caprice, ce maïs...




La citrouille est bien là, elle aussi.
L'humidité ne lui manque pas. Les coups de chaleur l'épanouissent.

Voyez, cette année, je n'ai pas du m'y reprendre à plusieurs fois. Mes premiers semis ont marché. 
Heureusement ! Sans ça, dans l'état semi-dépressif où je me perdais, faute de me pendre à une poutre, je me serais jetée dans le sillon pour y sangloter ma déprime, si malheureuse que j'étais !
J'ai sagement attendu, pour une fois. Mes semailles, je les ai faites le lundi de Pentecôte , autour de la mi-mai. Quand par le passé, je trépignais dès la fin mars, avec mes graines de betterave à la main.
Là encore, j'ai retenu les enseignements de mes échecs passés. 

Vieillir n'est pas seulement se décatir, Dieu merci ! C'est apprendre aussi. Et tirer profit de cette science...


Nous avons fait ensemble le tour d'horizon de mes nouvelles d'Agorreta du moment.
Rien de bien nouveau à l'horizon, à première vue.

Quand je sens en moi mûrir tant de choses. Quand mon parcours aboutit à une clairière nouvelle, à la lumière moins vive peut-être, mais plus pleine.

Je laisse remonter ces sensations diffuses. Je me laisse investir et imprégner dans une acceptation positivement résignée.
Je fuis les fatigues inutiles et destructrices des refus stériles. Les évolutions ne sont pas toujours fluides et faciles. Quelques chaos les rendent inconfortables parfois.

Et bien, je m'efforce d'ingérer l'inconfort au mieux. De ne pas me laisser détourner de ma visée première. Je veux vivre en paix. Je veux vivre bien.  
Je cultive les conditions de cette paix et de ce bien-être comme je cultive mes rangs de betterave. Avec constance et ténacité.

A une prochaine fois. Portez-vous bien et ne vous découragez pas, vous non plus, quand quelques nuées sombres atténuent votre lumière...




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