mercredi 8 juin 2016

LES FOINS SONT RENTRES




Bonjour !







Bel astre boursoufle une lueur étouffée, ce matin. Il pousse les nuées pour se faire de la place.
Des bancs de brume mobiles se lèvent en légions précipitées depuis les creux frais de la nuit.
Ils galopent vers la mer, tirés des fonds par la puissance solaire en plein élan conquérant.








Mère-Rhune en cette saison se tient loin de cet adolescent assoiffé de puissance.
Elle se voile d'amicales laitances, plus paresseuses et moins fatigantes.












Les fleurs, rassasiées de sève énergique et pas encore écrasées de chaleur, sont au plus joli temps de la saison.
Le maître de maison profite de cette heure douce. Sur le banc frais de la nuit au soleil levé, il savoure la douceur du jour.

Les foins ont été séchés sans une goutte de pluie, cette année.
Coupés entre samedi et dimanche, tous les champs sont déjà ratissés comme une moquette fraîchement aspirée.
Une affaire rondement menée, cette fois !






Le temps suit son cours, à Agorreta comme ailleurs.
Nous sommes aux portes de l'été. Nous nous apprêtons à la chaleur parfois brutale. 
Ce temps des volets tirés sur une pénombre silencieuse et reposante.
Ce temps où le mitan du jour appelle le repos, quand les petits matins et les crépuscules nous tirent dehors.

Le printemps a apporté son lot de pluie cette année, largement. La végétation en témoigne.
L'an dernier les verts se paillaient déjà. L'herbe maigre et râpeuse ne rassasiait plus mes belles.

Nous verrons bien ce qu'il nous vient maintenant.
Le grand soleil est là. Il appuie avec force mais sans méchanceté sa main sur nos épaules.

Les cultures ont un peu manqué de chaleur en mai. Elles vont se rattraper maintenant, à la faveur de ces degrés supplémentaires et de cette humidité encore présente dans les sols.
Les jours à venir, dans les champs, les faneuses et les pirouettes survoltées cette dernière fin de semaine feront silence.

Le bon foin embaumera les hangars, en promesse d'un hiver où le bon fourrage ne manquera pas.
Un doute levé, sur un possible manque écarté.
A chaque fois, un petit soulagement, vague atavisme des disettes ancestrales.

L'idée du manque nous alarme vite.






Même ici, à Agorreta, avec mes quelques vaches de compagnie, la vue des granges vides en mai m'est désagréable. Quand les belles piles de foins en balles apaisent si bien mes vieilles peurs de misère...

Irrationnelle crainte, et pourtant, tellement profondément enracinée !

Nous sommes de là d'où nous venons. 
Et les peurs paysannes ne taisent pas leur nom dans mon sang, encore maintenant.

Je vous laisse ici pour aujourd'hui, à contempler vous aussi avec gratitude vos placards remplis d'anciens hominidés réduits à courir derrière les mammouths (ou devant !) pour se nourrir.

Comme quoi, l'évolution n'est pas toujours  mauvaise chose, n'est-ce pas ?
Et oui...

A bientôt !


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