dimanche 19 juin 2016

RETOUR AUX BASIQUES



Bonjour !

Après ces torrents de pluie rageuse des jours derniers, le calme semble pouvoir revenir sur nous.
Et en nous. Alléluia !
Quelle chose déstabilisante que le mauvais temps du mois de juin !
Quelques jours meilleurs nous sont promis. Ne boudons pas cette chance.
Et pardonnons aux éléments les caprices d'humeurs que nous nous autorisons avec tant de "fate" complaisance...

Ce dimanche matin à Agorreta, les augures semblaient paisibles :




Mère-Rhune encapuchonnée attend placidement ce soleil rare.







Rien d'alarmant du côté potager.  Mes petits rangs de fourragères résistent vaillamment aux aléas contraires.
Le terrain caillouteux offre cet avantage de drainer l'eau autour des collets.
Il en faudrait beaucoup pour provoquer une asphyxie très dommageable. A la faveur du prochain soleil, puisque nous voulons y croire !, les plantules s'épanouiront victorieusement.
J'ai, vendredi, juste avant la grosse pluie passé un coup de "rotavator" entre les rangs.


Vous vous souvenez ? Ce terrible "RRotavatorr" attelé à Ttiki-haundi la valeureuse.
L'engin est imposant, vénérable et lourd.
Une mécanique solide, même si les années ont sérieusement malmené la vieille carcasse.
Les dents incurvés sont usées. Les patins de traînage un peu déportés. Le couvercle cabossé.
Qu'à cela ne tienne !
Ce n'est pas la première ni la dernière machine en fin de course à Agorreta. Et, tant qu'elle demeure opérante, nous l'utilisons ! Quelques réparations de fortune de temps à autre, pour pallier  une détérioration rédhibitoire, et c'est reparti !
Je manie cet équipage moi-même depuis peu. 
Moi, c'est plutôt l'outil à main que je pratique :

Ma fidèle "antxur", principalement.




C'est une activité très paisible et reposante, le sarclage manuel, à l'antxur, comprenez binette, en basque.
J'aime bien. Les petits coups scandent régulièrement le silence. L'outil est léger. Il prête appui quand on veut se reposer un peu, au bout du rang terminé.
Mais l'outil est petit, quand le champ paraît grand...
Et moi, je cultive maintenant une ronde fainéantise. 
Résignée à ne pas la combattre, je prévois des alternatives à mes travaux de longue haleine.
Je garde "antxur" pour les ouvrages en finesse, éclaircissage, buttage, et autres désherbages rapprochés.
Pour le reste, j'ai finement calculé cette année l'écartement de mes rangs. Ttiki-Haundi et son Rotavator peuvent œuvrer à l'aise entre deux alignements de courges, de façon à éliminer aisément et rondement toutes les adventices indésirables.
Quel confort, quelle rapidité efficace !
Evidemment, il faut oublier le silence et son apaisement. Prévoir de porter un casque insonorisant. La machine oeuvre, mais le fait savoir, à qui veut l'entendre, et, surtout, ne peut pas faire autrement...

Tout de même, en faisant le compte bénéfice-désagrément, je n'ai pas hésité une seconde, cette année.
J'utilise la grosse mécanique pour m'éviter de la peine à l'ouvrage. Et consacre le temps et l'énergie ainsi épargnés à peaufiner le travail.
Je ne suis pas particulièrement adroite aux maniements mécaniques. 
Il y en aurait même pour dire que j'y suis aussi manche qu'une charrette à fumier ! 
C'est une expression d'ici, ça, "ongarri arkera  baino aldrebeso", plus maladroit qu'une charrette à fumier, donc. Ne me demandez pas pourquoi une charrette à fumier serait spécialement maladroite, je n'en sais rien. 
Je perpétue seulement ici une coquetterie de langage. Amusante à l'oreille, à défaut de paraître pertinente à l'entendement...

Je me suis fait expliquer le maniement de l'engin.
Il y faut un peu de concentration, sans qu'il n'y paraisse !
Actionner la prise de force pour enclencher la rotation des lames nécessite de s'assurer que le lourd engin est bien en place, descendu près du sol pour ne pas détériorer le cardan.
La dite prise de force se débraye au moyen d'un levier un peu dur à tirer. Une manette secondaire assure le blocage en sécurité.
Il faut adapter la vitesse d'avancement, le régime moteur. Ne pas virer sans soulever, mais pas trop, toujours le cardan, pour ne pas faire forcer les patins de portage.
Ah... on ne s'imagine pas, comme ça, tout ce que ça demande, comme synchronisation. 
Je me concentre, je mentalise, je bloque la respiration en bout de rang. Je ne voudrais être responsable de la dégradation irrémédiable de cette mécanique usée. 
Dans la ligne droite, bien positionnée entre les rangs, je souffle un peu, sans trop me distraire tout de même. Un léger écart et hop ! adieu ma rangée... "rotavatorée-broyée" ! Quel dommage ce serait...
Jusqu'ici, pas de dégâts majeurs, Dieu merci !

Attelé en permanence à Ttiki-Haundi, Rotavator reste opérant 24 heures sur 24, si besoin. Et besoin n'est pas, mais bon !
Je vous l'ai dit, je suis devenue fainéante.
En principe, dans une ferme, on prévoit un tracteur, pour pouvoir utiliser divers matériels. On attelle, on dételle. C'est prévu pour.
Seulement, atteler, dételer, je vois bien faire. Sur les tracteurs modernes, ça se ferait presque depuis la cabine, en actionnant à distance vérins, crochets, et autres mécanismes d'amarrage.
A Agorreta, les tracteurs sont antiques. Les systèmes, grippés, souvent, et exigeants toujours.
Il faut tirer, tourner, forcer. Pour ce que j'en vois. 
A chaque fois que j'ai du dételer ma bennette par exemple, j'ai du m'armer d'une masse, et d'une barre à mine. Des outils qui parlent vite de brutalité, n'est-ce pas ?
Pour le coup, mon penchant étant plutôt à la facilité, et plus encore maintenant, nous avons opté pour un attelage plus pérenne.
Chaque tracteur est pratiquement dédié à son outil.


TTiki-Haundi à Rotavator, depuis ses humeurs mauvaises au démarrage dans l'étable en hiver 2015. Reportez-vous à l'époque, vous comprendrez.

Karraro de Mizel, le redoutable, à la bennette à fumier. 

Pour la fourche à foin, Xérès, le confident protecteur de Ttiki-Haundi dans le hangar :




Ainsi, mes basiques sont assurés. Je change de monture pour utiliser les différents équipages, et tout se passe au mieux dans le meilleur des mondes.
Mes frères se chargent des travaux épisodiques. Ils ont la prérogative de ces tâches dont je délègue avec joie l'exécution.

Pour en revenir à ce matin,  démarré dans un silence paisible, voyez par exemple ici Zétor et Girobroyor son petit monstre :










C'est le tracteur dédié aux travaux de force. 
Mes quelques vaches de compagnie pâturent le champ selon leurs envies. Elles abandonnent les touffes moins appétentes. Le pré devient hirsute de ces vilaines gerbes pailleuses.
Pour redonner une pousse homogène à l'ensemble, il faut égaliser tout ça, comme chez le coiffeur.
Mon frère intervient avec son engin, une ou deux fois par an. Les vaches ne s'inquiètent pas de cette compagnie. Elles vont même brouter l'herbe broyée derrière le rouleau, comme une gourmandise. Sans s'émouvoir du fracas assourdissant de l'ensemble.

Ainsi, le champ redeviendra avenant à ces dames difficiles et trop gâtées.





 Mon frère s'en donne à cœur-joie,  avec son Zétor !

Il nettoie nos abords, donnant à Agorreta un petit air de parc, n'est-ce pas ?
Chacun sa partie. Chacun son outil.

Et mes quelques vaches seront bien gardées...

Bon dimanche à vous ! A une autre fois, pour les chroniques d'Agorreta !









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