vendredi 3 juillet 2015

OSWITX EST MAL EN POINT




En ce vendredi saharien, bonjour à tous !





Tout d'abord, je vous présente la première fleur de mon ipomée, venue renforcer la vigne vierge maintenant défaillante sur le vieil hangar à foin.













Je vous disais la dernière fois, combien j'avais foi en elle, pour mener à bien cette tâche tout de même ambitieuse.


Légitimement flattée de cette confiance, la petite a ouvert ce matin, en signe de connivence, une belle fleur bleu-profond.

N'est-elle pas jolie et touchante, cette brave petite liane minuscule mais si courageuse ?

Je l'abreuve bien en ces chaleurs torrides. Elle mérite d'être aidée, cette mignonne petite.


Une autre qui a besoin d'aide aujourd'hui, c'est mon Oswitx, la brunette laitière de mon étable :






Ici, cette fin d'hiver, à droite de Pintta-Mona, la belle mouchetée.

Vous vous souvenez, ou pas, la "pote" de Madonna...

(Voir plus haut).








Ces derniers jours, je la trouvais fatiguée, moins allante, un peu dépressive, presque. Elle mangeait de bon appétit, suivait le parcours des autres de loin, à son habitude.
Mais sa démarche, ordinairement leste et agile, devenait lente et molle. 
Elle est de jambes longues et de silhouette fine. Quand elle bouge, elle a la grâce et l'élégance d'une danseuse légère. Son mouvement est délié et fluide. 
Ces jours derniers, elle marche doucement, précautionneusement, la tête basse et l’œil terne. 

Oswitx a, de part ses fréquentations antérieures, l'usage du grand monde. Elle en est restée un brin hautaine. Elle condescend à se mêler au troupeau, mais garde ses distances.
Là, elle s'isole, piteuse.

J'ai d'abord mis ça sur le compte de la chaleur ambiante.

Toute cette dernière semaine, je laisse mes vaches dehors jours et nuits pour qu'elles se rafraîchissent. Près de la ferme, leur pré est à l'ombre, avec des arbres en bordure. Un léger courant d'air rend le coin très agréable.
Je les fais rentrer à l'étable, matin et soir, pour leur distribuer leurs rations à leurs places habituelles.  Chacune mange ainsi sa part, sans être chassée par les plus anciennes.
Ce petit mécanisme mis en place, mes vaches  s'y plient, toutes contentes de ressortir dans le soir.

Seule, Oswitx semble ne pas y trouver son compte. Elle traîne des pattes et manifeste une tristesse poignante.
Ce matin, j'ai décidé de la surveiller de près. Je suis mes vaches comme le lait sur le feu, et le moindre signe inhabituel m'alerte.
Là, il y avait alarme !

Un jour comme aujourd'hui, ou mardi dernier, dans le pré sous la ferme, comme ailleurs, même si on est au plus frais, on a quand même chaud !
Dans l'étable, isolée par les épais murs de larges pierres, il fait bien meilleur.

A des fins d'observation de ma souffrante, d'abord, et pour le confort thermique de tout le monde, ensuite, j'ai rentré toutes les vaches à l'étable dès neuf heures du matin.
Elles avaient brouté l'herbette, s'étaient dégourdi les jambes. Elles seraient mieux dedans, à l'ombre et au presque frais, préservées des hordes de mouches affolées de chaleur.

Elles ne se sont pas faites prier !
Au son du glissement de la porte métallique sur son rail, elles étaient toutes là...






Hum ! L'étable est sombre, n'est-ce pas ?

Là, vous avez la sainte famille, Pollita, Bigoudi et leurs deux petites, Galzerdi au front blanc, et Rubita la roussette.

Un petit en cas pour la bienvenue, et elles se sont couchées dans la litière propre.













A la suite, les génisses ne demandaient pas mieux, elles non plus.














Ici, vous voyez Oswitx, en détresse.
Les oreilles ramassées en arrière, l’œil penaud.

L'attitude de la bête mal à son aise.

Je l'avais en garde, j'allais regarder ça de plus près.




Les premières constatations me guidaient vers la viscère digestive. Ce genre de vache, c'est, essentiellement, une panse et un pis.
Mon Oswitx est une jeune génisse. Elle ne produit pas de lait. Le pis, écarté, donc.
Reste : la panse.
Plusieurs symptômes inquiétants : la vache mange doucement, du bout des lèvres, sans grande envie. Quand elle arrête de manger, elle ne se met pas à ruminer, mais reste pensive, tête basse.
Elle ne boit pas non plus, ce qu'elle fait toujours après avoir pris du foin.

Suivent quelques éléments plus prosaïques, mais essentiels pour poser un bon diagnostic.
Le transit de la vache semble bloqué, elle défèque très peu. Elle urine irrégulièrement, en arquant exagérément le dos et en écartant trop les pattes.
Aïe, il y a rififi dans les entrailles !
Oswitx marche doucement, mais sans caractériser une fourbure digestive. Cette fourbure due à une absorption trop importante de nourriture riche. Comme pour Bigoudi, il y a peu, souvenez-vous.
Elle tourne souvent la tête vers son ventre, comme si  elle ressentait un point de gêne là dedans.
Je prends sa température. 38.5. Pour une vache, c'est normal. Pas d'infection, alors.

C'est déjà un point positif. Il arrive qu'une vache avale accidentellement un morceau de plastique ou de ferraille, même si ces matériaux n'ont rien à faire dans un pâturage.
Ce corps étranger s’enkyste en abcès, quand il ne perfore pas l'un des organes digestifs. 
Ensuite, si on a de la chance, la bête arrive à l'isoler et l'évacuer. Sinon, l'infection gagne, l'abcès grossit, éclate et se propage.
Ca peut aller jusqu'à une issue fatale, je l'ai connue aussi, à Agorreta.

Vous me direz, dis-donc, dis-donc, tu ne pourrais pas faire venir un vétérinaire, au lieu de jouer comme ça à l'apprentie-sorcière ?
C'est vrai, je pourrais. Mais, un vétérinaire, ça se paie, assez cher. Son intervention est pourtant parfois nécessaire, et, s'il le faut, j'y ai recours. Je salue ici notre petite Bégonia locale, si pimpante et gracieuse.

L'observation des premiers signes de souffrance de la bête incombe à l'éleveur seul. Il est le mieux placé pour détecter les défaillances et les anomalies.
Pour la suite, depuis toutes ces années, j'ai, grâce aux vétérinaires, justement, acquis certaines connaissances basiques. Et je les utilise.

Ce matin, mon Oswitx paraissait nécessiter des soins. L'hypothèse la plus critique était celle de l'absorption d'un corps étranger. La moins alarmante, celle d'un blocage temporaire du système digestif.
Dans ce dernier cas, j'ai ma batterie d'intervention de premiers secours.
Diète au foin sec et à l'eau. Repos. Évitement de toute situation stressante. Administration de bicarbonate de soude et d'aspirine. Incitation à boire.
Cette panoplie doit permettre de remettre cette petite usine en marche, gentiment. un mouvement de grève d'une équipe stoppe toute la chaîne. 
Il faut négocier la reprise en douceur, disperser les éléments perturbateurs, et drainer l'ensemble d'un bon fluide.

Ainsi soit-il, et ainsi a-t-il été, à Agorreta, pour ma brunette Oswitx, en ce chaud vendredi de début juillet.

Je lui ai rempli le râtelier de bon foin frais et appétant.  J'ai rincé à grande eau son abreuvoir. Sur une banane coupée en deux, (les vaches adorent les bananes !), j'ai étalé une bonne cuillère d'aspirine en cristaux. Elle l'a avalé, en fermant les yeux de reconnaissance, ma sensée brunette.
Une pomme farcie de bicarbonate de soude a suivi. Là aussi, "machouillages" consciencieux, puis, déglutition. parfait !
Pour l'inciter à boire abondamment, j'ai proposé un demi-bol de gros sel à Oswitx. 
Comprenant que je prenais soin d'elle, elle a encore une fois obtempéré.

En l'absence d'infection galopante ou d'hémorragie fatale, ma vache devait se sentir mieux dans les heures suivantes.
Je surveillais particulièrement une éventuelle reprise de rumination, signe de succès de mes interventions préliminaires.

Tranquille dans l'étable calme et fraîche, sentant les autres autour d'elle, Oswitx s'est couchée.

A l'heure où j'écris, le soleil cogne fort dehors.
Je remonte ici.

Mon Oswitx a mangé du foin, elle a bu. Et, grand soulagement pour moi, elle rumine !
Sans être encore redevenue la facétieuse génisse qu'elle est de nature, elle paraît moins abattue.
Elle a même retrouvé un peu de son caractère de cochon, pour aller bousculer sa voisine Pintta.

Bon signe, ça, quand un malade trop gentil redevient ronchon !

Mon père fait pareil. Aux plus mauvais moments, il est doux comme un agneau. Quand les forces lui reviennent, il retrouve le goût d'être désagréable !

Paix sur la terre, Oswitx semble tirée d'affaire. Je vais la surveiller encore, pour vérifier que la machine fonctionne correctement, dans ce gros ventre délicat.





En attendant, tout le monde au frais !

Une pensée toute amicale me vient pour tous ceux-là, dont je suis parfois, travailleurs en extérieur. Bon courage à eux, et prenez-bien soin de vous, si personne ne le fait à votre place.

Un signe aussi à une jeune maman toute bouleversée d'avoir donné la vie pour la deuxième fois.
Bienvenue à la petite Inaya.
A Dax, il fait encore plus chaud qu'ici. Prenez-bien soin de vous, et laissez-vous dorloter comme vous le méritez, toutes les deux.


A bientôt, amis du "bloc", et restez à l'ombre, si vous le pouvez !

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