vendredi 10 juillet 2015

CHEMIN DES CRETES




Amis suiveurs de ce "bloc" d'Agorreta, bonjour !


Encore une matinée parfaite d'été, si nous ne commencions pas à désespérer de la pluie...
Trois pleines semaines maintenant, sans une bonne averse digne de ce nom !





La petite ondée de mercredi matin, même si elle n'a pas fait de mal, n'a évidemment pas suffi à étancher les besoins en eau de toute cette végétation en période de pleine croissance.




A cette période de l'année, je ne devrais plus pouvoir vous montrer la baie de Fontarrabie depuis mon balcon.
Le maïs derrière la prairie devrait la masquer.
Au 14 juillet, en principe, ce maïs fleurit, et les panicules blanchissent à plus de deux mètres de hauteur.

Nous en sommes loin.
La plante attend, espère, en retenant l'émission de la fleur.
Si elle y est obligée, elle l'enverra, et nourrira de sa petite masse de feuilles la formation d'un épi minuscule.
C'est une année sèche, une année de misère, si les masses atmosphériques ne se décident pas à délivrer de l'eau.




Les citrouilles se forment.
Elles aussi devraient être beaucoup plus grosses.

















Les courges  allongées s'en tirent à peine mieux.

Les nervures blanches des larges feuilles limitent la transpiration par évaporation de l'humidité retenue.
Mais ce petit bouclier ne tiendra pas longtemps...









Les premiers signes de manque d'eau sont là.
Les feuilles de la base flétrissent.
Certaines fleurs sèchent sans former de fruits.

La plante préserve au maximum sa ressource pour tenter de mener à bien la formation des graines dans les fruits rescapés.

Un instinct de conservation et de survie, face à une adversité toujours envisagée.


Mes vaches mangeront moins de citrouilles et de betteraves, cette année, c'est maintenant joué.
Reste à voir ce que donnera le navet ! Vous savez, le fameux plan B...




Vous n'avez pas oublié le calendrier de Fauvette, j'en suis sûre...
Si par hasard, vous ne vous en souveniez pas, je ne vous en veux pas, allez !

Elle s'est montrée nerveuse mercredi soir.
Je n'ai pas pu déterminer avec certitude si c'étaient ses hormones à elle, qui la mettaient dans cet état, ou alors, si c'était la chaleur, bien manifeste celle-ci, de Pintta-Mona.

Comme je travaillais jeudi, mes observations n'ont pas pu aller au delà de la sortie matinale, ou là encore, les deux génisses s'agitaient un peu confusément.
Je ne sais donc pas si Fauvette a accepté l'insémination, ou pas !

Je ne peux quand même décemment pas demander à mon patron Jean-Michel, d'intégrer les humeurs de mes vaches dans l'organisation du travail de la jardinerie...
Et m'absenter de mon poste, pour pouvoir mieux suivre mes dames !

L'homme est compréhensif,  et m'autorise déjà des conditions tout à fait appréciables. Qu'il en soit remercié, et pas davantage sollicité !

Je verrai dans trois semaines comment se comporte ma prétendante à la maternité. En espérant que cette fois là, je serai à la ferme.

Bigoudi approche de ce fameux 21ème jour, elle aussi.  Autour de dimanche, à surveiller, donc !





Le maître d'Agorreta se promène, avec sa fidèle Bullette.

Il déplore, lui aussi, l'absence de pluie.

Nos cultures et nos vaches ne sont plus notre gagne-pain à la ferme.
Quelques grincheux vous diront même que ce sont nos danseuses...








Laissons dire, et promenons, gracieusement, comme on danse, justement.

Les médisants et les mauvais penseurs ne se décourageront pas.

Mais nous non, plus, pas encore.

Nous savons et connaissons les aléas et l'adversité.

Nous n'arrivons pas toujours à éviter les mauvais coups.

Mais nous reste l'envie de nous relever, et de continuer, avec plaisir et confiance.


Ces derniers jours à Agorreta, une énigme nous chiffonne.
Une étrangeté, une bizarrerie, une absurdité.

Nous nous interrogeons, bien-sûr, et nous désolons, là encore.
Mais sans plus d'éléments de compréhension, nous ne pouvons aller plus loin.

Je vous explique :

Nous cultivons sur le chemin des Crêtes, à Urrugne, un peu de maïs pour nos bêtes.
Celui-ci comme les autres,  il demande de la pluie. 
Et la paix. 
Qu'il n'a pas.

Ces derniers jours, à notre grande consternation, et plus grande encore incompréhension, un individu sillonne ce champ en voiture. En long, en large, et en travers.
Un champ de maïs, ce n'est pas un circuit automobile, n'est-ce pas ? Ce n'est pas, et ça n'a jamais été fait pour ça, non !

Evidemment, les pieds de maïs écrasés, saccagés, à terre, se relèvent difficilement.
Mais bon, des récoltes avortées, par la faute du temps, des éléments, nous en avons déjà connus. Et nous y avons survécu.
Même si ce champ de maïs est réduit à néant, nous trouverons un moyen de nourrir nos bêtes.
Nous aimons réussir, quand nous entreprenons, évidemment. Mais nous savons que tout ne dépend pas de nous. Et nous intégrons cette fatalité comme incontournable.

Ici, faute de mieux, nous ne pouvons qu'ajouter la bêtise humaine, à la liste de ces aléas impondérables.
Que ce soit un acte stupide et gratuit, ou alors un message retors d'une personnalité à la bravoure aussi aplatie que les pieds de maïs écrasés derrière lui, nous n'y pouvons pas grand chose...

Si message il y a, à priori, nous ne le comprenons pas. C'est dommage, de se donner du mal pour un si piètre résultat.

C'est intrigant, et nous sommes intrigués.

Sur ce chemin des Crêtes, l'histoire a déjà cristallisé les passions.
Du temps de la révolution, ce coin était une redoute, un repaire de résistants au régime. 
Sa situation élevée, face à la mer, en faisait un point d'observation privilégié.  Des combats y ont été menés, et certains cherchent encore les traces de cette histoire agitée entre les cailloux de ces terres pourtant paisibles, à l'aspect.

Plus près de nous, des conflits plus modernes mais tout aussi acharnés nous ont tenus en haleine, déjà.
C'était il y a plus de dix ans, maintenant.
Il y a prescription ! 
Tiens, à l'occasion, je pourrais raconter, ça aussi, nos échanges d'alors, avec les voisins, la mairie. Tout ce bouillonnement de passions, toutes ces histoires de pouvoir, ces ressentiments, ces craintes, et ces manœuvres.
Sur le coup, c'était terriblement prenant, et je vous prie de croire, que nous nous y prenions, tous, à fond !
Vu de maintenant, c'est amusant , encore.

Et ces événements des jours derniers,  nous ramènent à cette époque tourmentée.

Cet hiver, tiens, je vous retracerai cette mini saga du Chemin des Crêtes, dans mes nouvelles d'Agorreta.

En attendant, mettons cette piètre historiette de saccage rural dans le lot de ces choses dont on se passerait, mais qu'il faut, paraît-il, apprendre, dans une vie, à croiser.

La pluie qui ne veut pas tomber, la génisse qui ne veut pas se faire féconder, et l’imbécillité humaine, qu'il ne faut pas considérer pour plus que la tristesse qu'elle n'est.

Allez mes amis, ne nous laissons pas abattre. 
La pluie reviendra, un jour, et si Fauvette ne devient pas mère, elle nourrira quelques familles.

Faisons comme nos citrouilles, et économisons notre énergie pour ce qui en vaut la peine.

A bientôt, et gardez confiance, tout n'est pas mauvais, en ce bas monde !







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