mercredi 17 juin 2015

MA BETTERAVE AU LONG COURS



Bonjour !





Ce sont les derniers nuages avant plusieurs jours, profitons-en !

Les pluies continues de la matinée d'hier ne nous les feront pas regretter dans l'immédiat.

Ces pluies sont pourtant bienfaisantes pour les cultures, gardons-le en tête, quand l'humidité s'insinue sous le ciré du travailleur en extérieur...







Ce matin, Zaldi est escortée du troupeau de vaches.

Elle aime bien la compagnie, cette jument.

Et particulièrement la compagnie de ces vaches, si dolentes et apaisantes.

Voyez-là, allongée sur l'herbe de tout son long.
En deuxième position, en partant du haut.






Elle relève à peine la tête à mon approche.

Ca n'est pas sa posture habituelle. Un cheval reste peu couché.

Zaldi sent comme moi. Les vaches la pacifient et la détendent...








Je faisais ce matin, comme tous les matins en cette saison, ma tournée d'inspection des cultures :























En cascade, les trois tranches de semis de mes betteraves.
La première, début avril,  puis, début mai, je crois, c'est noté quelque part plus haut dans mes articles précédents,  et enfin, début juin, dernière chance.



Ca donne des lignes bien irrégulières !

Bah, ça divertira ma tâche, entre premier éclaircissage des derniers levés,   désherbage assidu des puînés, et  dernier buttage des rares rescapés du premier semis.

C'est un vrai parcours du combattant, cette culture de betterave, n'est-ce pas ? Un véritable voyage au long, très long cours...

La betterave demande patience et ténacité. 
La betterave se fait désirer, espérer.
Entre le semis et la récolte, il se passe environ huit mois, presque le temps d'une gestation humaine (ou bovine, vous connaissez maintenant mes références favorites).

La betterave est une culture de longue haleine, quoi !

Ma foi, ce genre de défis, à moi, ça ne me déplaît pas. Et une belle betterave bien lourde, bien ferme et bien sucrée, mes vaches adorent, en hiver. Ca craque gaiement  dans les mangeoires, ça leur réussit parfaitement au teint. 
Alors, vous le savez, pour le plaisir et le bien-être de mes belles, je suis capable de me donner beaucoup de peine.






Nous sommes bien loin du but, encore.

D'ailleurs, nous avons failli renoncer, à l'atteindre jamais, cette année.

Je me désespérais du peu de succès de ma planche de betteraves.








J'ai failli envoyer Ttiki-Haundi et Rotavator lui régler son compte.




Toujours prêts à intervenir, ces deux là !

Je me disais : je vais me rabattre sur le plan B.
Puisque cette sale betterave renâcle à germer, je vais broyer tout ça, et préparer l'endroit pour le choux fourrager, à semer en Juillet.

Je ne sais pas si c'est le froid de la lame passée si près ou quoi, mais, pour le coup, mon dernier semis s'est jeté hors de terre comme un perdu.

Plus sûrement, la bonne combinaison humidité chaleur. C'est une capricieuse, cette demoiselle betterave,  il lui faut toutes les conditions optimales réunies, pour daigner apparaître.

Toujours est-il que là, ça y est, elle y est. 






Elle y est même en surnombre !

Je me souviens bien de mon état d'esprit, quand, pour la dernière fois, je décidai de semer encore mes graines.

"Ces graines doivent être trop vieilles", me disais-je. "Elles ont perdu leur capacité à germer".










Vous le savez, nous sommes à Agorreta.
Et, à Agorreta, nous n'aimons pas "gâcher".

Ma boîte de graines de betteraves n'est pas de cette année. Elle n'est pas non plus de l'année dernière...

Je capitalise énormément sur les facultés germinatives des graines. Conservées à l'abri de l'humidité, du froid et des rongeurs, elles doivent garder en elle leur vitalité endormie.

D'ailleurs, cette graine de betterave, ressemble à s'y méprendre à celle du rumex, cette adventice quasi indestructible.



Je vous l'ai dit une autre fois, la graine de ce rumex peut rester en capacité de germer sur plus d'un siècle.

Alors, celle de la betterave, pourquoi pas quelques années ?

Sur ces bonnes extrapolations, je conserve mes vieilles boîtes de semences dans le placard de la cuisine.
Et je les ressors, tant qu'il en reste, histoire de faire l'économie de la demi-douzaine d'euros que vaut ladite boîte, chez le grainetier.

Evidemment, les années passant, un petit suspense croissant s'installe, entre le jour du semis, et celui, espéré, de la levée.

La betterave, je vous le répète, n'est pas une culture fougueuse. Elle y va, oui, mais gentiment, en prenant bien son temps.

Il lui faut, pour se montrer, au mieux, une quinzaine de jours, et, en moyenne, trois petites semaines.
La levée, vous l'avez constaté avec moi, est souvent irrégulière. Sporadique, fantaisiste, déconcertante.
Deux trois graines agglomérées ici, sur plusieurs mètres, rien, puis là, une, très vigoureuse.

D'accord, le semis peut-être mis en cause, et, par conséquent,  le semeur, en l’occurrence, ici, la semeuse. Oui, oui, oui. Je fais volontiers acte de contrition.

Pourtant, je n'en suis pas à mon premier semis, les amis. Loin de là...
Et, sans vouloir me vanter, j'ai la pincée assez habile. 
Pour la betterave, cette graine grossière, facile à saisir entre les doigts, commode à faire rouler avec ses facettes inégales,  aucune difficulté particulière. 
Avec un peu de patience, vous la déposez pratiquement une à une, chacune à sa place. Enfin, avec beaucoup de patience, tout de même.

Les navets et autres crucifères protéagineuses,  (j'adore ce terme, je le place à chaque fois que je le peux, ne m'en veuillez pas), là, pardon ! c'est toute autre chose...
Les minuscules grains ronds et parfaitement lisses fuient, roulent et glissent. Impossible de les séparer. Il faut compter sur le seul mouvement de jetée pour les éparpiller. Avec pour résultat des levées très inégales, un amas ici, rien là.
Mon choux fourrager en est une, de crucifère... protéagineuse ! ( C'est joli, à l'oreille, non ?)
Et celui-là, je prévois toujours plusieurs heures d'éclaircissage pour rattraper ce semis aléatoire.
Nous verrons cela en son temps, le mois prochain.

Revenons à ce début juin, où, pour la troisième fois, je me mis en tête de tenter la betterave.

Mettant les échecs précédents sur le compte, d'abord, d'une météo défavorable, trop froide, ou trop sèche, puis, sur des graines moribondes, je remis pour la troisième fois sur le métier mon ouvrage.
Puisque mes graines semblaient trop vieilles, pour les sacrifier, je les mis toutes en terre. Lèveraient celles qui le pourraient...

Conservant dans les rangs les plants démarrés, j'intercalai des séquences de semis. 
Je tenais à ma vision de ces beaux rangs de betteraves, ces larges feuilles tendres, craquantes, d'un vert innocent. Je me figurais déjà la pile joliment rangée, tous ces bulbes empilés dans le fond de grange.
Je ne pouvais pas me résoudre à renoncer. Non, non, non et non ! Encore et encore, je lutterais, contre ce sort calamiteux et contraire !

C'est ainsi que ce matin, j'ai eu ma récompense, en voyant toutes ces petites plantules de betteraves sorties de terre.







Quelle joie !

Regardez-me les, ces petites. Elles s'appuient sur les premières feuilles et lancent un œil circonspect sur le monde.
On dirait une nuée de garnements hissés sur l'arête d'un vieux mur pour regarder si le jardin du voisin n'est pas une meilleure terre d'aventures. 
Le voisinage de ce pourpier rougeâtre doit d'ailleurs les effrayer. Pas commode, celui-là !

Je suis là, je veille, et je lui trancherai sa grosse tête, avant qu'il ne rampe par dessus mes protégées en les étouffant sous son poids.

Le seul hic, dans tout ça, je vous le disais plus haut, c'est la quantité de plantules levées.
Voyez-vous, la betterave, avec le temps, c'est sensé devenir une belle plante, largement déployée sur sa racine poussée hors de terre.
Elle a besoin de place pour s'épanouir. Si la chance me suit, je vous montrerai, au fur et à mesure.
Il faut lui prévoir une distance d'une quarantaine de centimètres entre chaque tête. Là, en quarante centimètres, il doit y avoir, quarante plants...

Ca nous annonce quelques heures de travail tout en finesse, avec mon "antxur" fidèle :




Isoler les plantules, éliminer les surnuméraires, en sélectionnant si possible les plus prometteuses.

Là encore, un peu de patience !

Les altises perforeuses, les vers gris voraces, quelques piétinements de mes assistants à quatre pattes, contribueront à une sélection naturelle ou accidentelle, à défaut d'être pertinente.

Et, pour le reste, à moi de jouer !


Ma planche de betteraves sera forcément bancale, entre des plants à différents stades de pousse.
J'espère tout de même en tirer quelque chose.

Je réussis rarement mes cultures à la perfection. La perfection n'est pas de ce monde, dit-on.






Pas bien loin de mes betteraves, mes courges sont elles aussi issues de plusieurs semis décalés.

Et ces petites dernières, je les ai tout juste repiquées la semaine passée, à la faveur des pluies drues.

Elles nous viennent des coteaux de Zugarramurdi. 
L'air de la côte leur réussira-t-il ? Il faut l'espérer, et attendre de voir.


Comme dit si souvent mon père, "zerbait etorriko dun, bai, eginen bortxan..."





Quelque chose viendra, oui, à force de persévérer...


Ainsi soit-il !


Nous suivrons ensemble ces évolutions, et vérifierons la justesse de cet adage maison.

A une prochaine fois, et, vous non plus, ne baissez pas les bras !

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