vendredi 1 mars 2019

OK CORALL A AGORRETA SUITE



Vendredi 1er mars 9h20


Je poursuis, et terminerai dans ma prochaine chronique, la saga paysanne d'Agorreta d'aujourd'hui. 
Mon élan combattant et hostile n'aura pas duré bien longtemps. Je m'imaginais il y a encore bien peu, livrant des détails gouleyants. J'y aurai laissé libre cours à une férocité de louve enragée.



Que je ne suis pas. Ou plus.
Il faut une bonne dose de méchanceté et de ténacité, pour entretenir la hargne vive et la rancune tenace. Il y faut sans doute une blessure encore purulente.

L'histoire, pas très ancienne, de ma famille, l'exil de mes grands-parents maternels, même à quelques kilomètres de distance, boutés hors de leur terre par la férocité, justement, d'une guerre civile fratricide, si elle m'a imprégnée, ne m'a pas quand même totalement polluée.
Je garde l'âme innocente et naïve de croire en la bonté des hommes, encore.
Je garde la certitude que celui qui cherche à blesser à été blessé lui-même.
Je garde la conviction qu'il est certes très facile d'attiser une hostilité couvée sous des cendres tièdes. Que cela peut même consoler de sa propre hargne mauvaise, et se la faire oublier un peu.
Je l'ai écrit déjà, je ne sais plus où, (dans ce foutoir des Nouvelles, une chatte n'y retrouverait pas ses petits !), la rancune empoisonne en chancre bien plus sûrement celui qui la nourrit que celui qu'elle attaque.
Ou alors, je me suis ramollie avec les années, et n'ai plus l'énergie de maintenir cette sale flamme vive. Mon énergie, je préfère la garder pour de plus jolies choses, de celles qui m'apaisent, moi, et pourraient aussi apaiser les autres, si seulement ils savaient écouter la caresse du vent, plus que le rugissement des machines.

Je suis devenue vieille, et, qui sait ?, peut-être un peu plus sage.


J'ai appris les contraintes et les avantages d'une domestication consentie…

Je n'ai pas oublié. Je n'ai pas tout pardonné. Les 15 grains de blé soufflés par le chapon à  la poule glousse ont failli étouffer la vieille volaille sur ses œufs.


Elle a bien manqué y laisser toutes ses plumes !

Dieu merci, elle s'est ressaisie depuis, et, des grains de blé, elle en a trouvé bien d'autres !

La poule glousse aimait bien son chapon.
Les amitiés et fortes fraternités ne se disloquent pas si facilement.

Il en reste quelque chose…

Telle la moule accrochée à son rocher, je ne me suis pas décollée facilement.
Il l'a bien fallu. 



A Agorreta, une faille dans la fratrie s'est creusée.

Notre amour paysan  d'une terre à conquérir, notre peur de manquer, inscrits dans nos gènes, depuis ces générations marquées dans leur chair et dans leur sang par une histoire qui n'est plus la nôtre, ont piétiné l'esprit de fraternité.

Quand les passions mauvaises enflamment nos capacités de raisonner au point d'en brûler les circuits, on  ne peut plus grand chose.
Ma fameuse métacognition, (pourquoi méta ? comme dans métaphysique, au dessus du plus simple physique ? La langue française a des préciosités qui la rendent ardue, parfois) a bien du mal à se faire un creuset dans ce bouillonnement.
Qu'importe la difficulté ! Je persiste et m'accroche.

A Agorreta, la terre et sa possession restent toujours un bon prétexte pour remettre le feu aux poudres. 



Ca me rappelle notre bon vieux Mr B, du Chemin des Crêtes, sautillant comme un reporter de guerre sur les pierres plates du remblai d'alors. Un gros appareil photo suspendu à son cou maigre, il était persuadé de tenir un scoop en pensant avoir repéré du "fer à béton de 13". Du fer à béton de 13, ça n'existe pas. Hors d'un imaginaire fouetté par une exaltation toxique…

Je me rends compte de la nébulosité de mes histoires. Je me comprends. Et les miens la comprennent aussi, j'en suis bien sûre.

Comme dit le proverbe basque :

"Bi zakur joka ari direlarik, ez heien erdian sartu makil autxi batekin"

Traduction :

Quand deux chiens se battent, il vaut mieux ne pas s'interposer avec un bâton cassé.

Les tentatives de conciliation dans une configuration pareille sont bien aventureuses. Ceux qui s'y risquent ne devront pas s'étonner de récolter un bon coup de canine encore acérée.

Je vais terminer ce volet de OK Corral à Agorreta par la reprise de quelques épisodes amusants de cette histoire de faille.
Pour les autres, les plus navrants et ordinaires, je préfère les oublier. 
Si je le peux…





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