lundi 18 mars 2019

18 mars 2019



Lundi 18 mars 2019 9h55


La "châtaigne de Germain Lafitte" monopolise mon temps d'écriture.
Je me sais vite emballée, et la traduction en basque de cet ouvrage m'emballera davantage encore, si je ne prends pas les mesures pour ralentir la course de ces petits chevaux fougueux qui trottent dans ma tête.
Je vais condenser mes pensées, si j'en suis capable, condenser mon récit, et affûter mes phrases, sans me laisser aller à digresser à tout va. Si j'en suis capable… au moins, momentanément !

A la ferme, la saison suit son cours.
J'ai retenu pour date de sortie d'étable de mes belles la fin de semaine prochaine. Je ferai très certainement un reportage images. Elles méritent d'être vues, mes jolies, à mes yeux enamourés.

En petite brève du quotidien d'Agorreta, une capture d'une grosse rate par ma Bullou des bois.
En allant donner le grain aux poules, le matin, j'avais déjà croisé cette bête grise. Grosse, rapide, maline.
Bullou l'avait aussi repérée, et elle me filait entre les jambes, quand j'ouvrais la porte du poulailler, pour tenter de la débusquer au petit matin.





Bullou, c'est la blanche et noisette, en fond.

Samedi, j'entendis des couinements caractéristiques d'un rat pris dans l'étau de la gueule du chien. Strident, colérique, affolé.
Ma Bullou était seule, les deux autres n'avaient pas suivi. En  mini meute, les trois chiens viennent à bout de rats, même gros. Bullou, intrépide et brave, s'était attaquée seule à un bien gros morceau.
Elle l'avait eu, pourtant, et revenait dans la lumière du poulailler, sa proie encore bien agitée dans lutte pour la survie coincée dans sa gueule. La chienne l'avait bien attrapée académiquement par l'échine. Un peu trop bas malheureusement, loin de la nuque. La proie insuffisamment immobilisée put tourner sa tête vive, et mordre à son tour Bullou à la paupière.
Ca, c'est ce que je constatai un peu plus tard. Dans le feu de l'action, je ne pouvais pas répertorier toutes ces informations.
Bullou couinait de douleur à son tour, et le rat, dents pointues plantées dans la chair de la chienne, se taisait, par force.
Dans l'urgence, j'envoyais un grand coup de pied, espérant décrocher le rat, en épargnant la chienne. C'était risqué, évidemment. Par chance, le coup atteignit bien le rat, l'envoyant valdinguer contre la porte, sonné. La chienne, douloureuse, prit la poudre d'escampette. Ce n'était pas très glorieux, sûrement, mais qui n'eût fait de même à sa place ?
Le rat s'agitait encore mais ne pouvait pas fuir, lui. Bullou lui avait brisé les reins. 
Je repartis vérifier la blessure de la chienne, et la désinfecter.
Les poules se chargeraient d'achever le sale rongeur blessé !
La chienne n'avait pas grand mal. Je nettoyais la griffure sur sa joue, essuyais la paupière égratignée.
Rassurée pour ma petite beauté, mon humeur cruelle et vengeresse s'adoucit.
Je n'allais pas laisser ce pauvre rongeur picoré à mort, lentement, dans des souffrances atroces. 
Je pris ma fourche d'étable, et retournai finir le travail de Bullette. J'étais moyennement sûre de moi. On n'abat pas sans une petite crispation le tranchant d'une fourche sur la tête d'un animal à terre, même sur celle d'un rat qui a mordu votre chienne. Du moins, moi, je ne le fais pas.
Revenue au poulailler, je m'approchai. Le rat, c'était une ratte, ne bougeait plus. Ses yeux étaient déjà vitreux. Couchée sur le flanc, sa longue queue écailleuse étirée derrière elle, elle présentait son ventre aux nombreuses mamelles alignées en deux rangs parallèles.
Toujours soumise à ma sensiblerie, je constatai avec soulagement que les tétines étaient plates. La ratte n'allaitait pas de petits. Sinon, j'aurais été capable de me mettre à la recherche des pauvres petits orphelins, pour les nourrir au biberon ! Non, là, quand même, je n'aurais pas poussé le bouchon aussi loin…
Je passai les dents de ma fourche sous le corps mou, et déposai la bête longue et grise sur le tas de fumier. Elle composterait en apport organique.
Bullou vint flairer avec circonspection son attaquante attaquée. Elle releva la tête vers moi, une lueur victorieuse allumée dans ses prunelles noisette.
Elle avait vaincu !
Je la flattai, flattai les deux autres au passage.
Je terminai de soigner les vaches.
Arrivée à la jardinerie, je me libérai de mon histoire intense auprès de mes collègues assez polis pour m'écouter.
Puis entrepris ma journée, l'esprit plus léger.



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