vendredi 15 mai 2015

UN VENT D ASCENSION




Bonjour à tous !

L'Ascension sera ventée cette année !
Quelle chose désagréable que cette ambiance froide en ce plein mitan du joli mois de mai !





On s'attendrait à de longues et splendides journées, dans les 25 degrés, des cieux bleus parsemés de moutons, peut-être.
On vaquerait en tenue légère, caressés par le soleil, baignés de lumière.
Et on grelotte en rentrant la tête dans les épaules, tête baissée face aux assauts pinçant d'un petit vent de noroît totalement à contre-saison !

Quelle chose étrange que ces sauts de température déstabilisants ! On ne sait plus à quoi s'attendre, tant d'un jour à l'autre et sans préavis, l'atmosphère vire du tout au tout.
Allez allez, nous n'y ferons rien, il faudra bien nous en accommoder...




Dans sa grande sagesse, mon père attend les jours meilleurs en capturant les rais du soleil là et où ils se présentent.

Le banc de pierre devant la maison restitue la chaleur captée fugitivement, et on est tout surpris de le trouver tiède quand on s'y assoit, à la faveur d'une éclaircie.
Le gilet de laine est quand même de mise, ce matin.










Les toutes jeunes feuilles des peupliers carolins se font secouer.
Les plus vulnérables sont arrachées sans pitié.
Elles luttent à l'horizontale, cul par dessus tête, offrant au regard leur face cachée en un bruissement de protestation.
Depuis leur éclosion, c'est leur première épreuve.
Et pas la dernière...






Ma seconde couvée de betterave voit le jour.
Les plantules sont minuscules encore.
Leur petitesse les préserve des coups de vent.
Elles s'abritent de leur insignifiance. 
Inaperçues, elles ne seront pas tourmentées par les secousses venteuses.







Les plants de citrouille évoluent à peine.
A ce matin, ils déploient tout juste une troisième feuille timide.
Le froid, le vent, ils n'aiment pas ça, mais alors là, pas du tout !

Quand, par journées chaudes et humides, ils se projettent largement en déployant vite et loin leur végétation, là, ils atermoient, autant qu'ils le peuvent.





C'était il y a neuf jours.
Dans ce délai, quand les conditions sont favorables, ils commencent déjà à ramper aventureusement, et leur feuilles couvrent  la paume de la main.

Ils sont capables d'attendre encore, mais pas trop longtemps quand-même..
La réserve de la graine n'est pas inépuisable. 
Si le "retour sur investissement" ne se fait pas bientôt, si les feuilles émancipées ne captent pas assez de lumière et de chaleur pour nourrir à leur tour l'émission des racines sous terre, la plantule mal démarrée va s'étioler, et fondre.
Adieux alors ma belle récolte de citrouilles multicolores !

Ne soyons pas trop alarmistes. Quelques degrés supplémentaires feront vite l'affaire de mes petites courges en herbe. Et le plant, aguerri suffisamment de ce départ controversé, se jettera vers l'avenir avec des forces décuplées.
En dernière extrémité, je pourrai encore ressemer, jusqu'à la fin du mois.




Un autre, mieux aguerri déjà, c'est mon maïs.
Un peu pâle, évidemment, lui aussi réclame la belle chaleur.
Mais il déploie ses feuilles, les une après les autres.
Son collet brunit, manifestation de "durcissement".
Ce terme technique horticole traduit l'acclimatation à des conditions plus difficiles.
Le pied du plant "durci" change de couleur, fonce, et sa texture se rigidifie.
Là encore, si cette étape est brève, la plante en tirera bénéfice pour l'avenir.
Mieux armée, elle résistera plus facilement à d'autres aléas.
Le temps de cette éducation est déterminant, cependant. Seule, la graine ne peut pas tout compenser.
Il lui faut le prompt renfort des éléments.

Nous, pauvres et impuissants humains, ne pouvons qu'attendre. Et nous résigner à cette fatalité.

Je rejoins par ce biais mon précédent article.
Cette propension à s'incliner devant le sort tout-puissant, cette absence de velléité de lutte contre l'inéluctable, ne devrait pas se propager insidieusement à tous les domaines.
La prise de conscience d'une fatalité évidente et incontournable, ne doit pas exonérer une passivité coupable.

Je suis en exploration de ce chapitre-ci, dernièrement.
Et je recherche les illustrations du phénomène dans mon petit domaine limité mais riche  en enseignements, autour d'Agorreta.

La conduite d'un élevage et de quelques cultures est une bonne école de la vie.
La simplicité des leçons à en tirer offre un éclairage direct et limpide.

Je peux agir sur certains leviers, des possibilités d'actions me sont réservées.
Par mon travail,  par les décisions prises, je participe activement à la marche naturelle.
Je juge de l'opportunité d'entreprendre, je préfère attendre, je repars à zéro quand le résultat ne me satisfait pas. 
Je suis de mon mieux, avec vigilance, et j'observe de façon à intervenir au bon moment et correctement.
Tout ceci est dans mes cordes, de mon ressort et de ma responsabilité.

Je maîtrise ces éléments là. 

Pour d'autres, je ne suis pas décisionnaire. Je dois subir, et agir uniquement en conséquence, et pour parer à ces aléas arbitraires.
M'agiter à contre-temps, pester contre une météorologie adverse, ne m'avanceront à rien. Sinon à me fatiguer inutilement, et à m'aigrir le tempérament.
J'essaie de bien faire attention à m'économiser, comme la plantule veille à ne pas dilapider les ressources de la graine en jetant toutes les réserves dans une pousse trop contrariée. Souvenez-vous de navet-follet...

La dérive vers la paresse et la passivité pointe le bout de son nez. N'est-ce pas ? 
Vous entendez comme moi d'aucuns se lamenter : "à quoi bon lutter ?"
Et prendre pour justification cette soi-disant fatalité pour se laisser aller, complètement et sans plus de ressort.
Le ressort est comme la ressource, il faut le gérer, au mieux, pour ne pas le détendre par des sollicitations trop fréquentes et sans objet valable.
Sinon, comme on finit lessivé, on se retrouve sans force.

Ce n'est pas la visée d'une réussite assurée qui doit mobiliser l'énergie de se lancer dans une quelconque entreprise, aussi modeste soit-elle.
Parce-qu'assurée, la réussite ne le sera jamais ! Et non... 
C'est la perspective de mettre tout son élan dans la réalisation, la volonté d'y mettre toutes les chances et toutes ses forces.
La satisfaction d'avoir essayé de son mieux, mais vraiment, de son mieux, pas du bout des lèvres, est aussi gratifiante pour moi que la réussite.
Je reste dans mon périmètre, quand je m'attache à bien faire. Si mon action est couronnée de succès, tant-mieux ! Si elle ne l'est pas, je dois en accepter l'augure, et intégrer cet aléas dès le départ.

Ceci est, non pas, ma chair et mon sang, comme disait l'autre, mais bien mon idée de la sagesse, comme chemin vers cette maîtresse vénérée, la sérénité.

Je ne me juge pas paresseuse, ou passive. Je m'arrange des choses, j'essaie de ne pas consumer mon énergie en un combat et une lutte perdus d'avance.

Et comment peux-tu être sûre qu'il sera perdu, ce combat, si tu ne t'y engages même pas ?
Ma foi, cela est... 
Quand-même, j'ai la prétention en plus d'un demi-siècle, d'avoir repéré deux trois choses contre lesquelles je ne veux pas me fatiguer à lutter.

Ces lois naturelles et souveraines disent leur nom.

Dans la société des hommes, les lois ne sont pas toujours aussi claires et faciles à comprendre. Les passions, les tourments et les peurs faussent insidieusement les lignes. On a parfois du mal à s'y retrouver.

Les mauvaises fois, les orgueils blessés et les paresses déguisées se présentent plus masqués encore. Les miens, les nôtres, et les autres, les vôtres et les leurs...

On s'arrange des choses, et on les arrange, aussi, à notre convenance, pour les tendre aux regards.
La réalité nue et sans habillage serait indécente, inconvenante. 
Les compromissions, les faux-fuyants et les faux-semblants brouillent les cartes. On se sent vulnérable, à nu. Et on a si bien pris l'usage de se couvrir, que l'on ne sait plus voir ce qu'il y a sous les oripeaux.

On se perd à retrouver un fil dans cette masse grouillante et emmêlée.
Le travail de démêlage est intriguant et intéressant. 
Mais un peu fatigant, aussi, d'après moi.

Alors, oui, je pourrais peut-être essayer davantage, avant de déclarer forfait, parfois, dans mes maigres relations sociales.

J'en retirerais sans doute grande satisfaction.

Et  pourtant... 
Mon ordinaire, mon quotidien entre bêtes et nature, cette simplicité dans le cours des choses,  ne m'ont pas aguerrie à la complexité des relations humaines.
Je trouve le contact de mes semblables formateur, mais cet enseignement est troublé par une complication déconcertante. 
J'ai l'impression de comprendre, y compris de me comprendre, moi, et puis non, je me rends compte que je n'y suis pas. Tiens, et pourquoi ? Où ai-je perdu la trame ? Je ne sais pas.
Et l'envie de recommencer à chercher ne me tenaillant pas, je laisse tomber.

Mon cercle de connaissance restreint suffit à assouvir ma curiosité. J'ai renoncé à fouiller au delà du nécessaire,  quand des réactions me surprennent. Y compris les miennes, je me mets dans le lot, sans réserve.
La nature humaine est ainsi faite qu'on n'en fait jamais le tour, sans doute.
Et cette part d'impondérable doit s'accepter comme j'accepte les lois de la nature. Sans révolte, et sans soumission pour autant.
En défendant son périmètre, en s'y appuyant pour se nourrir des forces nécessaires, et rayonner dans une juste mesure, sans aller au delà au risque d'y épuiser en vain sa ressource.

Je ne suis pas une conquérante, une combattante. Ma place en ce monde et mon rôle dans la société suffiront à mon parcours.
Je ne "ferai pas bouger les choses". Non, je m'en arrangerai.

Des va-t-en guerre, dans une civilisation en marche, il en faut, je l'admets. Et il y en a, je crois.
Je n'en suis pas. Pardonnez-moi.

Je laisse aux visionnaires entreprenants la charge lourde et enivrante de faire évoluer notre société. Je me plie à leur maîtrise sans trop commenter, à partir du moment où je me suis délestée de cette charge.
Ce n'est pas tâche aisée, pour ce que j'en constate dans les effets...
Comme je n'ai pas idée meilleure à proposer, je me garde d'ironiser, ou si je le fais, je ne m'en félicite pas. Sans trop m'en fustiger quand même...



A une prochaine fois, amis suiveurs de ce "bloc".
Nous verrons comment mes bêtes et mes graines se sortent de ce mauvais pas de Mai...







Rubita ma roussette s'en sort très bien, elle, et vous salue  cordialement.

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