vendredi 8 mai 2015

LA SAISON DES FOINS A COMMENCE



Bonjour à vous tous, en ce magnifique vendredi 8 mai !

Nous fêtons l'armistice, à notre manière.
En faisant tomber le foin !







Le temps se prête à la manœuvre. L'anticyclone est annoncé pour les prochains jours.
Ce vendredi devait être moins sûr, puis, finalement, il paraît tout à fait bien. Au pire, une petite averse sur le foin fraîchement coupé n'altère pas la qualité du fourrage à sécher.

C'est l'averse en cours, ou pire, fin de séchage qui est une catastrophe. Quand les tiges et épis suffisamment essorés, presque craquants, sont douchés. 
Là, malheur... ils virent à une couleur grisâtre, ramollissent, sentent le moisi. La récolte est fichue ! Les foins sont conditionnés sous plastique, en panique. Histoire de ne pas les perdre... Mais le bétail ne s'y trompe pas. Ce foin de second choix, elles le boudent. Et n'y viennent que faute de trouver mieux à se mettre sous la dent.

La mise sous plastique de l'herbe en vert se pratique aussi. C'est l'ensilage. Une méthode de conservation par la fermentation sans air. Couramment pratiquée pour le maïs, à l'automne.
Mais la chose est délicate. Il faut "enrubanner", c'est-à-dire envelopper les boules d'herbe dans du plastique, au bon taux d'humidité. Trop vert, le fourrage pourrit sous sa bâche, et, quand on ouvre le colis, c'est une infection, une odeur acide et agressive exhalée d'une masse brunâtre et collante. Une vraie cochonnerie, juste bonne à jeter, loin.
Trop sec, la fermentation ne se fait pas correctement, et l'herbe vire à une paille âcre et dure.
Non, vraiment, cet enrubannage, est à réserver au sauvetage de dernière chance d'un foin raté.

A Agorreta, faute de maîtriser la technique, nous préférons déclasser le foin mal séché en litière. Tant qu'il en reste assez pour le fourrage...





Ce foin coupé début mai est le meilleur.
L'herbe a eu le temps de pousser, elle est haute.
Les épis se sont formés en bout des tiges, mais les grains n'ont pas encore tiré à eux toute la substance.
Si l'on attend, la tige va se creuser, se dessécher, pour nourrir cette graine justement.
Le foin va devenir paille, la graine tomber à terre.
Il ne restera rien de bon à manger.


Ici, début mai, nous sommes au meilleur. Ce "Mayatz belarra", l'herbe de mai, est la plus riche, la plus goûteuse, aussi.
Quand le temps ne se campe pas en ennemie, tout va bien. Et, cette année, les augures sont tout à fait amicales.
Le maïs a pu être semé au bon moment, et la semaine est propice à un séchage optimal du foin.

Dans les alentours, comme dans vos campagnes sûrement, on fonce !



Cousinou a fait tomber son foin hier.
A la grande chaleur, embaumant les parages de cette odeur si agréable.
Ce matin, il entame les actions de séchage.
A grands coups de large pirouette, il secoue énergiquement les gerbes couchées sur le sol.
L'herbe happée par les dents rotatives de la machine est envoyée en l'air, chaque tige fouettée vigoureusement. 
Les andains alignés de la coupe sont éparpillés, retombent au sol en une couche mieux étalée.
Le grand soleil va pouvoir faire son travail, ressuyer cette couche végétale régulière sur toute sa masse.
L'homme et la machine interviendront encore, autant de fois qu'il le faudra pour faire sécher toute l'herbe coupée. L'herbe verte deviendra en deux ou trois jours, suivant la force du soleil et l'humidité des nuits, bon foin parfumé, craquant et léger. Prêt à être enroulé en boules, et engrangé.
Un fourrage de prédilection pour le bétail, en hiver.



Le maître d'Agorreta suit toutes ces opérations, au jour le jour.

Là, il revient d'une première tournée d'inspection.

"Bah, dit-il, maintenant, avec ces grosses machines, le foin, ce n'est rien ! Dans le temps, oui..."

Evidemment, évidemment.


La mini-meute ne commente pas, elle suit.







C'est sûr, dans le temps, à la faucheuse, à la fourche, en vrac, c'était une autre histoire...
Les foins, ça vous durait plusieurs semaines !
Il y fallait du temps, oui, mais aussi des bras.

L'occasion de travaux au plein air, de repas partagés comme à la fête.

Dans le temps...

Je ne suis pas nostalgique de ce temps là.
J'aimais ces journées, j'aimais ces assemblées. La chaleur, la sueur, les rires.

Mais j'aime tout autant le confort du travail fait par la machine. Le foin bouclé en quatre jours.
Et je ne suis pas sûre de trouver aujourd'hui autant de volontaires pour ce genre de travaux.

Dans le temps, c'était avant, et nous n'y sommes plus !

La modernité me séduit dans cette facilité du travail fait par la machine. Le foin rentré dans quelques jours sera tout aussi bon que celui entassé sur cette charrette d'il y a cinquante ans.
Dans ces conditions, la modernité est bénéfique. 
Il reste suffisamment de choses, qu'on ne peut pas confier aux machines, avec le même résultat, pour ne pas regretter d'être allégés de ces autres, non ?
C'est mon point de vue, en tout cas.




Tiens, regardez ma petite famille. Tout ce petit monde s’intéresse aux travaux alentours, aussi.

"Après tout, ce foin, c'est bien pour nous, non ?" semblent-elles dire.







Voyez la jolie Rubita roussette.
Un peu timorée, cette bête.
Trop couvée par sa mère, peut-être ?













Quand Galzerdi s'avère beaucoup plus intrépide.

Ces petits caractères se définiront mieux durant les prochaines semaines.
Ces deux là sont si jeunes, encore...










Ce sera tout  pour ce vendredi.
A bientôt les amis, et profitez bien de ce jour d'armistice dans l'esprit de réconciliation des peuples.
Que l'enseignement de la nécessaire fraternité nous reste sans avoir à souffrir six années exténuantes et meurtrières, dans la grande folie des hommes...

Amen.

3 commentaires:

  1. Je suis tombé par hasard sur ton blog et je suis très heureux que tu te sois remis
    à l'écriture pour nous conter l'histoire d 'Agoretta. Qui pouvait mieux que toi ,avec ton humour et ta repartie ,nous faire vivre l'histoire basque de cette haute terre qui contemple l'écrin hendayais .
    Agoretta a été pendant plusieurs années mon repaire de vacances ,parties de pelotes ,pêche au poulpe ,apéros où les voix tumultueuses s'entrechoquent pour affirmer une vérité ou blaguer l'estivant ! Moi le basque exilé en région parisienne je faisais le plein de ce pays basque pour tenir une année loin du pays .Quand j"étais parmi vous j'étais de votre famille ,nous allions aux fêtes ensemble ,mangions sur la table familiale après les foins ou les fèves les bons produits d' Agoretta .Vous resterez à jamais gravés dans ma mémoire toi et toute ta famille .
    Je serai de nouveau parmi vous a partir de la fête basque pour une quinzaine de jours pour voir mon fils qui lui est rentré au pays depuis un an et compte vivre définitivement à Hendaye . J espère que pendant mon séjour nous pourrons passer vous voir Agoretta .
    Amicalement
    Beñat & sa famille

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    1. contente que mes petites histoires te divertissent. A cet été, alors !

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    2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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