mercredi 27 mai 2015

BULLOU SUR UN TOIT BRULANT



Bonjour à tous !







Enfin, le voilà, le beau lever du soleil radieux de mai !
Ca fait du bien, n'est-ce pas ?
Je ne sais pas pour vous, mais moi, ça me redonne la lumière.  Je me sentais toute éteinte par cette grisaille froide. Et, à croiser les clients de la jardinerie, je n'étais pas la seule...

Enfin, laissons tout cela derrière, et  happons ce soleil comme une gourmandise longtemps convoitée.






La Rhune est loin à droite du soleil levant, maintenant.

Regardez les rayons obliques sur le petit cabanon.















La baie, elle, s'offre de tout son long.

Là, c'est du beau paysage à regarder, l'eau, la roche, le ciel.

Un régal pour les yeux, un bienfait pour l'humeur.









A Agorreta, ce matin, les hirondelles tournoyaient en un ballet étourdissant.
Il y en a plusieurs nids dans l'étable, je vous les ai montrés.






Je ne suis pas sûre de les avoir saisis au bon moment, ces petits oisillons aux crânes tout ronds, et aux becs oranges triangulaires largement ouverts en appel.
Ils sont sortis de l’œuf cette semaine.

Ils avancent le col par dessus le bord du nid quand les parents viennent les nourrir.
Les sifflements aigus des uns et les chuintements mieux modulés des autres malmènent le calme de la vieille étable vidée de ses vaches rendues au pré.


Evidemment, j'aurais du prendre le cliché au moment de la becquée. Je le sais bien. Mais là, avec toute ma bonne volonté, elles vont trop vite, les lestes hirondelles.
Elles fendent l'air, se posent une seconde, distribuent la pitance, et s'en retournent en chercher encore.

Entre deux tournées, elles se posent, jamais bien longtemps. J'ai essayé de les surprendre. Pas facile...
Tout leur est perchoir. Elles ont investi la ferme totalement.


Ici, sur une pointe, près du rouleau de fil galvanisé accroché à la panne, contre le mur.

En haut, sur la branche de houx desséchée, remède miracle contre les verrues bovines !

Près d' une poutre du grenier,
sur le séchoir à saucisses.

En haut de porte de la cuisine.








Ces effrontées demoiselles sont à Agorreta comme chez elles. 
Regardez ici où l'une a choisi de faire son nid :






Regardez bien, sur le projecteur fixé au mur, ce tas de foin amassé, c'est un nid.
Et la petite tête ronde au dessus, la mère hirondelle couvant ses petits éclos hier.


Vous me direz, un nid, sur un projecteur électrique, dans cet environnement vétuste ?
Si près de ces pannes vénérables et mitées ?
Avec toutes ces toiles d'araignées poussiéreuses ?
Est-ce bien raisonnable, et prudent ?

Non, vous avez raison, ça ne l'est pas !
Comme nous avons la foi, mais tout de même, ne voulons pas trop tenter le sort, j'ai pris des mesures de sécurité, draconiennes.


Ce couple d'hirondelles, dans le grenier, sont de vieux amis à moi.

Le mâle vient tous les soirs dormir sur la lame de cette faux.
Avant de fermer la porte basculante, au moment de me coucher, je vérifie que  monsieur est bien rentré.
la femelle est au nid, j'aperçois sa queue bifide et sa petite tête arrondie.
Lui, il flâne, parfois.
Et moi, j'attends qu'il rentre, pour fermer derrière lui.
Quand les petits voletteront hors du nid, ça va être coton, de s'assurer que tout le monde est bien à la maison.
Comme la saison estivale approche, je laisse souvent ma grande porte ouverte, à cette jeunesse indisciplinée.
En bas, à l'étable, je bloque le volet de la porte en bois en position ouverte, dès que la première hirondelle se montre. Ainsi, tout ce petit monde ailé va et vient à sa guise.

Pour en revenir à mes mesures de sécurité, il n'était évidemment pas question à Agorreta de démonter un nid d'hirondelle en construction.
Un peu hasardeux de combiner ce nid avec le projecteur électrique en marche. La petite chaleur sous les pailles sèches, pas trop prudent, ça, alors, non, non, non !

Pour le coup, j'ai débranché ce dispositif d'éclairage automatique, pourtant si nécessaire et tellement pratique dans le grenier sombre.
Quand je dois traverser cet espace, de nuit ou à la petite aube, je laisse ma porte ouverte, pour bénéficier de l'éclairage intérieur, le temps de traverser le plancher dangereusement ajouré, jusqu'à l'interrupteur de l'ampoule de l'escalier, tout à fait à l'autre bout. Je reviens ensuite éteindre chez moi, et refermer la porte.
Des aller-retours dans une pénombre dangereuse par cet environnement approximatif, par respect de la faune ornithologique locale. 

Les quelques occasionnels visiteurs de la ferme s'aventurent peu dans ce grenier. Ils connaissent le risque de passer au travers du plancher. Aussi, mes manœuvres susceptibles d'être qualifiées de ridicules sont elles ignorées de tous.
Que tout cela reste entre nous...

Mes hirondelles referont une seconde couvée après celle-ci. Et ne repartiront que quand ces derniers petits seront capables de voler suffisamment bien. Nous serons rendus à la fin du mois d'Août.

Les jeunes oisillons sont vulnérables quand ils se lancent hors du nid. Leur vol est maladroit, et leurs atterrissages pas toujours maîtrisés.
Le plus grand danger à Agorreta pour ces jeunes hirondelles, c'est Bullou, la terrible !
Vous savez, ma petite chienne blanche et chocolat.

Je vous ai parlé plus haut de son goût pour la chasse aux oiseaux. Elle passe ces journées à guetter, à traquer, à espérer.



Souvenez-vous, cet hiver, dans l'étable. J'avais peur qu'elle ne se jette entre les vaches pour essayer d’attraper les moineaux perchés sur le râtelier à foin.

Cette petite chienne est intrépide et aventurière. Un petit bulldozer, d'où son nom, Bullou.
Dans sa jeunesse, sa fougue l'a menée sous les roues d'une voiture. Elle en est ressortie un peu fracassée du bassin.
Sa démarche a perdu en fluidité, depuis, mais son goût pour les opérations casse-cou n'en a pas été altéré.

Ces jours derniers, elle a trouvé une nouveauté.
Dans l'espoir de s'approcher de ce ciel où elle voit les oiseaux voler, elle recherche sans cesse l'élévation.
Son idéal la mène au dessus du sol, elle bondit et prend son élan en claquant des dents, mais retombe, déçue.
Elle regarde souvent vers le haut, ma spirituelle Bullette.

Et là, elle a trouvé un moyen d'assouvir ses élans :





Ma Bullou sur le toit pas encore brûlant !
Elle passe par ma terrasse, en bout de la ferme, et se promène sur les tuiles, reniflant là-dessous les oiseaux cachés.
Si l'un de ces satanés moineaux se lance devant elle, elle est capable de se jeter dans le vide à sa poursuite...
Je prie le Seigneur, mais rien ne saurait détourner cette petite chienne de la grande affaire de sa vie.

Pour mes hirondelles, j'essaie de lui enseigner qu'elles sont sacrées. Devant moi, elle les laisse plus ou moins en paix.
Mais je ne suis pas sûre de l'avoir convaincue au delà de ma présence...

Ces trois dernières années,  elle n'en a tué qu'une, devant moi. Quand pour les moineaux, son acharnement lui en fait attraper beaucoup !

Et pourquoi les moineaux, tu ne les préserves pas, eux aussi ? me demanderez-vous. Ou pas.

C'est comme ça. Les moineaux, il y en beaucoup, tout le temps. Un prélèvement par ci par là ne mettra pas l'espèce en danger.
Les hirondelles d'Agorreta, je veux les conserver.
C'est de l'arbitraire pur et dur, sans doute, mais je suis humaine et j'y ai droit, là !





Ce n'est pas Txief en figure de proue sur la murette qui dira le contraire. Lui, ce poste, il l'adore. Mais pas pour chasser les oiseaux. Lui, de là haut, il surveille, le bas !

A chacun son combat, en ce bas monde...

A bientôt les amis, et regardez vous aussi vers le ciel; il est bien joli aujourd'hui !

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