vendredi 26 mai 2017

AGORRETA LE REFUGE



Bonjour !

Par ces journées si chaudes, le foin coupé sèche vite.
A mon retour de la jardinerie hier soir, j'ai senti le parfum du bon foin remisé dans le vieux hangar.
Antton finissait d'empiler les balles, ça embaumait dans toute la cour.
Comme le chante Cabrel : les mots qu'on reçoit sont comme des parfums qu'on respire.
Et je répondrais : les parfums qu'on respire font autant de bien que les mots bienveillants...

Je continue mon parcours.
Le bien-être retrouvé m'accompagne comme une vieille amie revenue enfin d'un pays lointain.
Je le savoure, je le veille, attentive maintenant à chaque signal, culte ou occulte.
J'en suis à me surveiller, presque trop, redoutant la rechute.
Je dois là encore mesurer mes meilleures intentions, vivre librement mon tempérament fougueux sans trop le brider, comme on apprivoise un pur-sang en lui laissant assez d'espace.
On peut rire sans hystérie, et pleurer sans se laisser reprendre par la bête mauvaise.
Encore et toujours, l'équilibre, la juste mesure, pas la raideur, la tolérance et la confiance.
Toutes ces choses paraissent couler de source, et pourtant, elles achoppent bien  trop souvent sur des aspérités agressives qui en brisent le flot paisible en cascades brutales.

Cette brutalité, cette rudesse, si répandues dans le milieu paysan, ce mien milieu où je me suis fondée.
Je veux en retenir la ténacité et la persévérance, le mérite du labeur juste, la sobriété et le sens des essentiels.
Je veux en écarter les excès, chercher derrière les masques impassibles l'émotion qui se tait, l'humain apeuré par l'humain.
Je ne veux pas devenir une machine sans cœur, un robot sans sentiments.
Ces richesses là sont trop précieuses. Les enfouir les ternit et elles peuvent même en devenir dangereuses, comme la bête paisible blessée peut attaquer la main qui la soigne.
J'en ai fait l'expérience : j'étais la main et la bête rageuse en même temps !

Il faut du temps, justement, pour faire cet apprentissage. Un déclic et un cheminement lent, comme pour entrer dans un cercle d'initiés.
Il y faut les circonstances.
Nous naissons de ceux qui nous font. Nous grandissons là et comme on nous éduque.
Puis, nous apprenons, patiemment et parfois douloureusement, à réagir à ces incontournables à notre manière.

Notre liberté est celle-là : faire de ce qui nous est donné, quelque chose d'autre, si possible, de mieux !

Je ne ferai jamais un mètre quatre-vingt. Je peux joliment déployer mes un mètre soixante, avec grâce, sans orgueil mais fièrement.
Ce tempérament fougueux de cheval un peu trop sauvage parfois, je peux en faire une alliée précieuse, quand il glisserait vite en mon meilleur ennemi...

Je ne suis pas au bout, loin de là.

J'ai cette chance immense d'habiter Agorreta. De vivre encore auprès d'une nature amie et de bêtes instinctives. D'y puiser des leçons et du bienfait.

Agorreta ancien refuge de lépreux rejetés.
Agorreta asile des cathares pourchassés, peut-être.

Agorreta, son histoire et son destin dépassent le mien.
Je veux pourtant, modestement, avec humilité, mais aussi constance et élévation, (rien que ça !), continuer de faire vivre entre ces vieux murs épais ce fluide intemporel d'une humanité bienveillante.

J'ai eu besoin d'un asile où me reposer. Je l'ai trouvé à Rivière.
Agorreta a aussi été refuge, pour les Olaciregui en fuite, au plus près de moi, et plus loin dans le temps, bien plus loin, pour d'autres.

J'ai entendu cet appel. Je ne suis ni illuminée ni mystique. Instinctive et intuitive, oui.
Le premier à poser une pierre de cathédrale sait qu'il ne la verra jamais. Et pourtant, la joie le porte dans son travail, quand il se représente l'œuvre à laquelle il participe.
Notre imagination nous porte au delà de nous-mêmes. Toutes les sciences scientifiques n'expliqueront jamais tous les mystères.  Ce mystère et cette continuité, ces intuitions et ces aspirations, nous lient, nous, humains conscients et sensitifs, en une unité intemporelle et grandiose.
Hou là là, je m'emporte, là ! Hooo, hooo, tout doux, làààà...

Mon projet sera peut-être lui aussi long à "mâturer".
Le chantier est vaste, c'est pourquoi il faut commencer sans tarder... mais sans presse !

A bientôt !





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