vendredi 17 février 2017

VACHES ET PHILOSOPHADES




Bonjour !

Le temps est venu maintenant d'extraire une ligne de conduite de ces chroniques.
Ce "bloc" ne ressemble pas à grand chose. Pourtant, il dessine une courbe d'évolution : la mienne. 
Pardonnez mon narcissisme, c'est tout de même "mon bloc"!
Je l'ai déjà expliqué pour justifier ou excuser cet égocentrisme impardonnable : ce qui me fonde doit aussi fonder deux ou trois autres hominidés dans mon genre. Et mon nombrilisme rejoindre un ou autre nombrilisme équivalent.
Sans prétendre décortiquer notre nature humaine bien difficile à saisir parfois, j'ai juste la présomption de m'y intéresser.
Je le fais par intérêt personnel, d'accord, mais bon, ça peut aussi servir plus généralement, je le crois.
De moi aux autres, des autres à notre société, voire, si j'osais, à notre civilisation, il faut bien commencer par quelque chose. Le chantier est vaste, et il y a matière à travailler pour beaucoup de monde.

Ainsi, moi, petite paysanne, modeste travailleuse, personnalité ordinaire mais moi, vivante et existante, je peux aussi bien qu'un autre me pencher sur l'ouvrage.
Nul besoin d'être grand philosophe ou intellectuel honoré pour observer, et essayer de comprendre.
Loin des infiniment grands et infiniment petits, à mille lieues de l'histoire ancienne ou moderne, complètement obtuse aux grands esprits et à leurs recherches éclairées, je trace mon petit sillon dans l'univers étroit d'Agorreta.
Je rejoins ici ma fratrie de lépreux pouilleux réfugiés à Agorreta au Moyen-Age. Eux non plus n'étaient pas trop autorisés à vivre  parmi les autres, et pourtant, ils existaient !
Voyez, comme mine de rien, tout se rejoint, dans mon affaire...

L'une des particularités de ce vaste Veb, c'est sa démocratisation.
On trouve ici pèle-mêle de tout !  De l'éminent professeur agrégé spécialisé en pointe, jusqu'au quidam du coin de la rue, tout le monde peut dire, tout et n'importe quoi. 
Vous faites une recherche quelconque, et vous saute aux yeux la diversité des compétences, connaissances, éminemment avérées, ou alors totalement fantasmées.
C'est une véritable foire d'empoigne, ou vous tout comme moi avons liberté de dire. 
Alors, moi qui du fin fond de ma ferme me trouve spirituelle, vous pensez bien que je ne pouvais pas résister !
Allez allez, ne soyez pas méprisants, et considérez-moi avec bienveillance. Je ne suis pas bien dangereuse. Ennuyeuse, parfois, tout au plus. Alors...

Arrivée à cette étape intéressante du  demi-siècle dans la vie d'une femme, j'ai éprouvé ce besoin bien commun de faire un petit bilan. Pour ce faire, une mise à plat de l'existant, un état des lieux, même sommaire, m'a paru être un préalable nécessaire.
Ma visée était bien ciblée depuis le début : essayer de vivre au mieux ce qu'il me reste à vivre.
Rien de bien ambitieux ni grandiose, c'est sûr, mais tout de même...

Nous savons tous que nous sommes vivants pour un temps. Au mieux, nous mourrons au terme d'une jolie vie, comme une bougie s'éteint, gentiment. Au pire, nous souffrirons comme des damnés, pour arriver au même résultat. Si entre temps la maladie mauvaise ou un accident idiot ne nous emportent pas.
On peut pour se distraire de cette réalité un peu rude imaginer un sens, chercher une cause ou une justification. Beaucoup s'y essaient, là encore.
A mon humble avis, la mort  n'est pas plus une sanction, ni la maladie un avertissement, que la vie est une chance. La mort est comme la vie, elle survient, et voilà tout.
Voilà ma seule certitude.

Pour la suite et les après, ma foi, chacun s'en arrange comme il le peut, et moi avec.
J'aime imaginer une persistance spirituelle habitée sur plusieurs vies.  J'aime croire qu'il reste quelque chose de nous après nous, comme il nous est donné quelque chose, avec l'étincelle de vie, hors notre descendance et notre hérédité. Ça m'arrange assez : de descendance, je n'en ai pas !

En attendant, je suis moi, en conscience, et pas autre chose.
Je peux me désespérer de mon sort si tristement prévisible. Et aller me pendre tout de suite.
Me pendre, je n'en ai pas le courage. Et, surtout, désespérée, je ne le suis pas. Pas en continu, du moins, pas suffisamment pour ne pas sentir le plaisir vif à vivre, parfois.
Je me rends bien compte que notre destin humain, notre conscience surtout de ce destin, est une véritable source d'angoisse.
Cette angoisse, je la sens pointer son nez, comme un vilain museau de rat aperçu entre les vieilles pierres disjointes de la ferme.
Depuis que je m'observe, je la reconnais mieux, celle là que je me cachais jusque là.
Elle est bien légitime, dans notre configuration, et ses assauts inévitables.

Pourtant, je sens aussi des bouffées de bien-être. Celles-ci, je les côtoie depuis toujours, elles me sont mieux familières.
Mon idée est de maintenir au mieux un équilibre suffisant à me procurer plus de moments de bien-être que de percées d'angoisse.
Après tout, cette angoisse, elle a ses faiblesses, elle aussi.
Voyez ces déprimés chroniques : ils sont fatigués, n'ont plus envie de rien, et le plaisir à vivre les a abandonnés. 
Toute ma compassion à ces malheureux, et mes meilleurs vœux pour qu'ils arrivent à sortir de cette sale passe.
Et bien, du fond de cette déprime, subsistent quelques percées plus légères : une sensation de sentir l'étau qui se desserre, parfois, un petit soulagement intempestif, une sensation agréable.

J'ai pris le pari d'apprivoiser mon angoisse de mortelle.
Sans chercher les réponses métaphysiques, psychologiques, psychanalytiques et autres philosophiques, un peu hors de ma portée ordinaire, je me suis tournée vers mon univers familier.
Pourquoi pas ?

L'on m'a fait remarquer, avec raison, aux débuts de ce "bloc", que j'aimais à disserter sur le cul des vaches. C'est vrai. 
A la réflexion, je me demande maintenant si  l'observation de la conduite de mon mini élevage de vaches ne m'offrirait pas une grille de lecture accessible à mes questionnements.

Mon évolution sur ces dernières années se retrouve clairement dans mon étable.
De ce postulat de départ, aussi sensé qu'un autre, et si pratique à examiner, je vais retirer la substantifique moelle propre à alimenter les meilleures orientations de mes années à venir, s'il m'en est données.

Ne vous moquez pas. On cherche ses réponses là où on a meilleure chance de les trouver.
Et, à Agorreta, ce qui parle le mieux, c'est encore la vache ! 
Je vais creuser un peu par là. Une autre fois.

Je vous laisse maintenant pour aller faire le plein de ce magnifique soleil si bienfaisant.
A plus tard !

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