mercredi 15 février 2017

QUAND CA VOUS DÉMANGE...




Bonjour !







Vous l'avez remarqué tout aussi bien que moi, un petit printemps nous est avancé depuis dimanche.
Evidemment, tout le monde vous dira que l'hiver n'est pas terminé. C'est vrai, sûrement. 
Mais bon en attendant, c'est bien agréable.
Ça donne des envies d'air, ça vous fait ouvrir grand portes et fenêtres.
J'ai même laissé mon Karrarro dehors un moment, histoire de lui faire voir le joli temps :








Dédié à l'étable, il voit peu le grand jour.
Et là, ce grand jour, lumineux et pur, il valait vraiment la peine d'être vu.

Oui, vous l'avez remarqué aussi, l'étable est vide.

A tous les clients de la jardinerie avides de gratter la terre, j'ai conseillé d'attendre. Cette embellie ne devait pas leur tourner la tête.
Bien-sûr, j'ai cédé la première à la tentation déraisonnable !
J'ai hésité, un peu.
Vous savez, comme on hésite, parfois, en se demandant, j'y vais, j'y vais pas...
Sans trop savoir pourquoi l'on opte pour j'y vais plutôt que pour j'y vais pas, on se lance !
Bah ! l'enjeu n'est pas bien capital : mettre mes belles au pré, ou pas.
Attendre mars, comme les autres années. Ne pas se fier à ces quelques si belles journées.
Pourtant, mes vaches sont comme vous et moi : elles apprécient le beau temps.
Rien ne m'oblige ensuite à les sortir, si les petits matins redeviennent chagrins.
C'est seulement le poids de toutes ces années passées, où, quand on commençait à "sortir" les vaches, et bien, ma foi, on continuait. 
C'est vrai, elles sont routinières, et n'aiment pas être bousculées dans leurs petites habitudes, les vaches. Si elles sont sorties un jour, le lendemain, elles s'attendent à sortir aussi. 
Je me demande tout de même si nous ne sommes pas, nous, plus soumis qu'elles à ces rituels rassurants, certes, mais tout aussi exigeants. Et pas trop justifiés...
 Je me dis que si je peux changer mes habitudes, elles doivent le pouvoir aussi.

Je vous ai entretenus dernièrement des précautions à prendre avant la mise à l'herbage. 
Ce passage entre une alimentation sèche, à base de foin et de betterave, à l'herbe verte constitue un petit traumatisme pour ces systèmes digestifs sophistiqués.
Ma petite cure de magnésie a été courte.
J'en tiens quand même pour le bienfait d'une mise au pré précoce, quand les conditions météorologiques sont si bonnes.
Tout d'abord, l'herbe est courte encore, pas trop poussante ni gorgée de sève. Sa digestion ne sollicitera pas trop fort les panses assoupies de l'hivernage.
Ensuite, mes vaches profiteront de la douceur ambiante et d'un cheminement confortable dans le pré sec. 
La transition d'un mode de vie à l'autre s'accompagnera de cette douceur et de ce confort.

Toutes ces données pesées, j'ai décidé de lâcher mes vaches au pré, dès ce milieu de février.
J'adapterai pour la suite au jour le jour.






Cette année, pas de tracas du côté des clôtures ! Inutile d'aller regarder régulièrement vers le fond du pré pour voir si personne n'a traversé ! Pas de vêlages à surveiller, ni de tétée à superviser.
Cette année, mon petit élevage ne me donnera pas ces tourments des années passées.
Je vais savourer les fruits de mes résolutions. 
Il m'en a un peu coûté de tourner le dos à notre tradition paysanne où une bête doit rapporter, un travail être récompensé, cette tradition où on ne conçoit pas la vache comme animal de compagnie, mais bien comme bête à profit.
Cette tradition où le loisir, le plaisir, sont vite suspects et pernicieux.
J'ai du mal encore à ne pas me sentir pincée par les regards de ces vieux éleveurs qui hochent la tête quand ils entrent dans mon étable. Je les entends penser : quel dommage, quel gâchis ! On pourrait en tirer tellement mieux...

Comme on a du mal à se défaire du joug d'une tradition bien ancrée.

Pourtant, je sens le bienfait de ce relâchement.
Je sens cette tournure nouvelle mieux me correspondre.

Alors, je tiens mon cap, attentive à garder ma visée en ligne de mire, sans m'en laisser distraire.
Je comprends le point de vue de ceux-là qui hochent la tête. Je ne le partage plus.

Je vous laisse savourer les bienfaits de ce soleil généreux.
M'en vais faire de même.

A une prochaine !


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