lundi 29 février 2016

LE VIEUX POMMIER A CHU



Bonjour à tous !

Après ce samedi agité, le dimanche, même morose, paraissait un bienfait...

Dans les parages, un ancien a succombé à la tempête :





Ce ne semble pas être un événement, et pourtant...




Le vieux pommier l'hiver dernier,
















Le même au printemps,




A l'été, offrant son ombrage aux petites vêles tournées vers l'est,


















A l'automne, rempli de belles pommes rouges et luisantes,











Fondantes et parfumées.














Le vieux pommier est tombé.
Ses racines mises à nu par les piétinements des vaches à son pied ont cédé sous les assauts du vent rageur de samedi.

Le vieux pommier s'est couché. Sa silhouette familière n'ombrera plus la fenêtre de la cuisine.

Ainsi vont les choses petites et grandes de nos vies d'homme. Elles nous accompagnent et disparaissent de notre paysage quotidien. N'existant jamais autant que par le vide qu'elles ont laissé, comme le dit si justement la chanson.

Le vieux pommier couché laisse maintenant entrer davantage de lumière dans la cuisine sombre. Nous avons la perspective de la plus haute tour du Château d'Abbadie au mitan de la longue ligne d'horizon étirée sur la mer.
Un gain pour une perte...

Nos vies à tous sont ponctuées de ces petites fêlures, de ces égratignures discrètes et pourtant un peu douloureuses. De blessures, superficielles ou plus profondes, de cassures irrémédiables et de deuils que l'on croit insupportables. Qui le sont, jusqu'au jour où l'on s'aperçoit que le vide creusé par l'absence s'est rempli d'autre chose, que notre regard s'est tourné vers un horizon différent, où la peine finit par se diluer.

Nous gardons tous les cicatrices de nos blessures, nous taisons tous les hurlements de nos douleurs vives, quand nous comprenons que nos cris ne les font pas disparaître.
Nos vies d'homme sont un apprentissage de ces écorchures, de ces griffures sur la toile voulue parfaite d'un idéal illusoire.

J'ai été jeune, moi aussi, et, moi aussi, j'ai cru en un avenir parfait. Il m'a fallu cette illusion, pour me donner l'impulsion d'avancer. 
J'ai été moins jeune, et mon beau tableau s'est ombré de vilaines tâches. J'ai appris à les intégrer dans mon angle de vision, puisque je ne pouvais pas les supprimer ou les ignorer.
Ces accrocs font partie de ma vie. Ces accrocs m'ont enseigné la sagesse et la force de les surmonter. 
Ma vision de l'avenir n'est plus l'illusion d'un horizon limpide. Elle est la croyance de ma capacité à trouver une lumière derrière les ombres. Ma certitude que cette lumière s'affaiblit et se perd parfois, mais reste là, en potentialité, pour qui sait la préserver.

Je vois bien que je n'écris que des mots rebattus, que je n'invente rien et que mes idées sont usées.
Et alors ? Une vérité perd-elle son essence d'avoir été dite et répétée ? N'est-ce pas justement là le signe évident de son universalité ?

Ne vaut-il pas mieux reprendre à son compte des basiques avérés, les intégrer et les mettre en application, au mieux, que de rechercher une illusoire issue nouvelle, là où il n'y en a pas ?

Je ne suis pas novatrice. Je recherche un enseignement dans ce qu'il m'est donné de vivre. Pour m'aider à vivre au mieux le temps qu'il me reste.
C'est une ambition modeste. C'est pour moi un fondement essentiel.

Le vieux pommier a chu. Il ne sera plus dans mon paysage. Sa marque me restera.

Et imprégnera dans ma mémoire de jolies images pour éclairer le souvenir du temps où il se dressait là.

Je vous laisse ici pour aujourd'hui. Le vent souffle encore. Indifférent et dédaigneux du vieux pommier à terre.


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