mercredi 10 février 2016

CHEMIN DES CRÊTES : EPILOGUE




Suiveurs des aventures du Chemin des Crêtes, bonjour !

Le temps est bien "chaffouin", ce matin. Pluie persistante et entêtante. un joli temps pour écrire, lire... et peindre ! Et oui, je n'ai pas tout à fait terminé mon chantier intérieur. Je vous montre le résultat, bientôt.







Revenons à cet été 2004.

Au plein mois de juillet, aiguillonnés par un innocent courrier de la mairie d'Urrugne, nous reprîmes le flambeau conquérant des lutteurs acharnés.


Mon courrier de réponse était l'amorce d'une dernière ligne droite en accélération. La sortie du dernier virage de la course.






Je mettais tout le monde dans la partie.

Bien décidée à impulser le dernier sprint, je convoquais l'ensemble des participants de notre épopée rurale.

Le temps des masques était tombé.
J'écrivais en mon nom propre, et m'adressai à ce rival de qualité, en la personne du Directeur des Services Techniques.

Il n'était plus temps de nous cacher respectivement derrière mes frères, derrière le maire. 
Je m'apprêtais à un affrontement direct, tels les duellistes convoqués au pré à la petite aube.

Je n'eus jamais cette satisfaction. Le grand Boyé ne daigna pas me l'accorder, du haut de ses centimètres et de sa prestigieuse fonction. Bah ! Je pris le parti de me passer de la scène qui m'était refusée.


Les voisins étaient cités pour le plaisir du spectacle. Leurs interventions,  nos discussions, nos accords, tous ces simulacres retournaient dans les limbes d'où nous ne les avions sortis que pour la parade.

Je regrette cette désinvolture à peine voilée d'alors. Ces gens méritaient plus de respect et de considération. J'étais aveuglée par mes peurs, mes ressentiments. Incapable de leur accorder l'attention qui semblait m'être refusée, à moi. Quand j'aurais pu mériter cette attention, en m'en montrant dispensatrice moi la première. 

Il est difficile de s'extraire d'une spirale vicieuse de ce genre. On y entre bien plus facilement qu'on n'en sort...


La réaction de la mairie fut très révélatrice.
L'agacement de notre grand Jean-Bruno Boyé lui faisait perdre son latin... et ses mots.
Nous reçûmes par courrier une lettre plus ou moins définitive, et le brouillon qui l'avait précédée. 
Je notai la date anniversaire de notre fameuse réunion en plein air, dans le grandiose amphithéâtre du Chemin des Crêtes, nimbé de soleil couchant.








Tiens, mon si emblématique biais !

Vous y êtes-vous faits ?

Moi, oui...

Tenez, celui-ci est irréprochable :
























Je m'amusai de voir ce désordre, de sentir ce mouvement d'humeur. 
Ça me consolait des miens ! Piètre nature humaine, satisfaite de constater les faiblesses d'autrui, au lieu de combattre les siennes...

La mise en demeure grasse et solennelle ne m'impressionnait évidemment pas. Nous étions bien au-delà de ces intimidations pathétiques !

Ma réponse fut dans la lignée de toute l'affaire : impertinente et joueuse, sur un fond d'authentique rébellion :











































Je me régalais. Je sentais la partie gagnée. Mes arguments bien défendus se tenaient. J'avais rôdé leur déroulement et maîtrisais parfaitement les enchaînements de l'un à l'autre. Ces voltiges là me plaisaient.

J'avais fait l'année précédente, à l'occasion de nos multiples visites au commissariat de police, suite aux coupables agissements du terrible Oronos, connaissance d'une ou autre figure marquante de l'équipe en place.
Deux majors, particulièrement, ont gravé leur souvenir dans ma mémoire. Deux styles tout à fait opposés : l'un, petit homme doux et discret, au pâle regard rêveur, le major Huet. Le second, se dénommant lui-même "l'ours des Pyrénées (!)", beaucoup plus interventionniste et rubicond, le major Groundt (là encore, pas de certitude orthographique).
Deux hommes attachants, chacun à sa manière, que notre histoire ne laissait pas indifférents.
Deux figures, rattachées à cet épisode, y inscrivant une marque sympathique et optimiste.

Notre parcelle du Chemin des Crêtes fût ensemencée dans sa totalité, comme prévu, durant l'année 2005.
Nous y fîmes nos premières récoltes en 2006.

Aujourd'hui, elle s'étale, large et paisible, face à la mer, tour à tour calme ou démontée, comme ces jours-ci, ou plane et diffusément noyée dans le ciel, comme le matin où j'ai pris ces clichés.





















Au delà de cette réussite, j'en retiens notre cohésion familiale d'alors, notre union dans la défense d'un projet commun.
J'en retiens un éclairage judicieux des différentes personnalités rencontrées, cette chance d'avoir recueilli une connaissance condensée de la nature humaine, de ces richesses et de ces écueils.

Je suis contente d'avoir vécu ces deux années. Contente de  cette petite bataille et de son issue.
Ces souvenirs rassemblés ici m'ont ramené des images pleines de lumière, et d'autres, moins claires, de ces jours où le découragement nous faisait ployer les épaules.

Aucune partie n'est gagnée d'avance. Je le sais. Mais aucune ne se gagne en partant vaincu. Ça aussi, je le sais... et je le retiens.

J'espère que notre petit conte rural vous a divertis. Et je renouvelle mon sentiment amical à tous ses participants. A ceux qui m'ont aidée en m'aidant, et à ceux qui m'ont aidée en ne m'aidant pas, aussi !


Je terminerai cet épisode des Nouvelles d'Agorreta, en revenant à Agorreta, justement, où notre goût pour les grands travaux nous a fait recommencer un autre grand projet, à notre échelle :







A la prochaine fois !






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