vendredi 22 mai 2020

22 mai



Vendredi 22 mai 2020 15h42


Le soleil et les nuages se disputent le ciel.
Un petit air frisquet fait chercher les coins abrités.
Une petite baisse de forme me tient à la ferme, entre deux jours d'une activité soutenue à la jardinerie.
J'essaie de préserver une quiétude bienfaisante.
J'essaie.

Les petites péripéties émaillent mes journées sinon trop quiètes, peut-être ?
Il faudrait me laisser le loisir d'une période tranquille, pour que je puisse me rendre compte de leur manque éventuel.
Là, je n'en ai pas trop l'occasion.

En ces temps où les arrière-petites-filles de la capsule Apollo 13 nous géolocalisent un colis de 500 grammes à un mètre-carré près, nous continuons, à Agorreta, de nous perdre entre fuseaux horaires, méridiens de Greenwich, et autres longitudes ou latitudes.
C'est extraordinaire, vraiment !

Je parlais d'une réalité fuyante. 
J'avais en tête des concepts, un peu abstraits, où, effectivement, on peut louvoyer, feinter et se dérober.
On pourrait penser que le temps minuté, le parcours chronométré et suivi, laisseraient peu d'espace aux approximations si confortables par ailleurs.
Et bien non, toujours pas, toujours pas !

Agorreta est juchée sur un petit mamelon un peu à l'écart de l'urbanité quadrillée.
Mal desservie par un mauvais chemin qui n'en est pas un, pas mieux servie par une ruralité détournée, elle se cherche, mais ne se trouve pas toujours facilement.
Pour autant, Agorreta existe. Qui le veut y arrive. Qui y a déjà été sait comment y retourner.

Je veux bien, nous sommes dans un coin un peu perdu, hors des circuits larges et droits.
Pour arriver jusqu'à nous, il faut être bien chaussé, pour le moins. Equipé comme pour une sortie de chasse en marais. Le terrain est vaseux, vite, ici.

Aaahhh, difficile aux bonnes volontés de se frayer un chemin lumineux dans ces contrées bourbeuses. Et très facile aux mauvaises d'y noyer le quidam.

Je ne vais pas me laisser entraîner encore dans des querelles intestines et inutiles. Il n'en sort rien de bon. Une chatte n'y retrouverait pas ses petits. Et j'y perdrais juste les derniers nerfs à peu près en état qu'il me reste.

Je déplore, résignée et impuissante, cette tournure d'esprit caractérisée, où l'on se fait menteur et voleur, pour si peu de chose, deux fois rien, trois capsules de café, tiens...

Qu'ils le boivent à ma santé, ceux là qui n'ont pas pu s'empêcher de me le détourner, ce café !
Je lèverai de mon côté ma tasse de tisane à la leur.

Nous avons en basque un verbe bien précis : "ukatu". Contraire de "aïtortu" avouer.
Pour nier. Ce "nier", en français, est un peu approximatif.

On peut "nier", légitimement, en ayant raison de le faire.
On peut encore nier, de bonne foi, en se trompant, mais intimement persuadé d'avoir raison. On peut enfin nier en mensonge, sciemment. Savoir que l'on ment, effrontément.
On peut, en plus, circonstance aggravante, savoir que celui à qui l'on ment sait pertinemment  qu'on lui ment, et continuer pour autant de mentir, avec aplomb.
Ce dernier exercice demande quelques prédispositions liminaires. Tout le monde ne s'y prête pas. Cela s'acquiert, peut-être à la longue ? Pas facile d'égaler certaines virtuoses !

Ceci pour une autre démonstration des pauvretés de la langue française, parfois.
On ne démêle pas par ce seul verbe "nier" l'intègre, l'ignorant, et le fourbe effronté.
Quand il serait quand même intéressant de ne pas les mettre tous les trois dans le même panier.

En basque, "ukatzen duena" celui (ou celle !) qui nie, le fait en toute mauvaise conscience, et avec toute les apparences de la meilleure.
"Ukatzen duena" peut ainsi être ignorant, oui, de beaucoup de choses, mais sûrement pas de sa fourberie. D'intègre, il (ou elle) n'a rien. La vilaine.... Ooouuhhh

Les chemins de la compréhension sont souvent bien difficiles.

Le chemin de la rédemption est tout aussi ardu que celui qui mène à la ferme.
Allez, allez, ne nous décourageons pas, cheminons notre pas : la lumière est au bout, si elle est quelque part...




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