mercredi 13 mai 2020

13 mai




Mercredi 13 mai 2020 19h40

Je réorganise mes journées autour d'un grand vide.
J'ai réorganisé la chambre paternelle, ici, en bureau.
J'y suis bien pour écrire. J'ai accroché aux murs de jolis cadres, colorés et naïfs. Recyclé un rangement en banc, descendu le cabriolet de l'étage où Bullou vient se lover.
J'ai remis des couleurs douces et apaisantes, rafraîchi les points d'usure où les traces d'un vieil homme malade parlaient mal de mon père.

La seule chose que je veux garder de lui, c'est ce grand rire à partager, avec sa sœur, et avec beaucoup d'autres.
Béatrice nous a fait ce cadeau immense d'un moment si plein de bonnes émotions.

Les quelques bouillons âcres soulevés ici ou là se sont maintenant refroidis.
Mes tentatives pour comprendre, mes questionnements, sont restés sans réponse. Il s'en ira sûrement là comme souvent : il adviendra ce que pourra, quand on ne le cherchera plus.
Je finirai bien par m'y résigner. Un jour.

Une walkyrie brune s'invite dans mes investigations hasardeuses.
Je harponne en aveugle, et ramène des proies bien surprenantes !
Une inquisitrice dressée poitrail en avant, telle la Sabine des barricades, s'érige en justicière et me somme de comparaître en coupable.
 Oooohh ! 
Pour avoir moi-même le goût du théâtre et l'emphase facile, je reconnais là une pairesse.

Baah, faute de mieux, et pour passer le temps, ça peut faire, un moment.
Du temps, j'en ai, maintenant, à consacrer à ces futilités. Je peux m'y distraire, tant que je m'y amuserai.
Quand j'en aurai assez, j'enverrai ma walkyrie guerroyer hors de mes contrées. Ce blog est le mien, nom d'un chien, et charbonnier est maître chez soi.
Le jour où la CIA investiguera sur mes crimes et châtiments, on ira exhumer de leurs cendres ses commentaires sacrés.
En attendant, si elle veut trouver tribune, il lui faudra se passer de la mienne.

Je trouvais un peu monotone de soliloquer.
Mes essais pathétiques d'accrocher une attention toujours refusée me laissaient désarmée, vacante.
Là, ce n'est pas l'interlocuteur que j'attendais. Mais... pourquoi pas ?
Nos rendez-vous semi galants m'amusent déjà.
On se laisse facilement accrocher, sur Ternet. 
Je comprends bien les addictions aux FaceBook et autres réseaux. Les foires d'empoigne font bonne audience. 
Rien n'intéresse davantage que les crêpages de chignon.
Les paysages bucoliques, les petits contes gentillets, c'est une gourmandise vite fade.
Quand ça balance et que ça revient en revers, là, oui, c'est plus gouleyant !
Je ne suis pas la dernière, à ces petits jeux là.
J'aiguillonne perfidement, et traque vicieusement les points de faille.
Je m'y pique moi-même plus souvent qu'à mon tour, d'ailleurs...

Et bien, pour ce que j'en vois, je ne suis pas la seule.
Ca ne m'exonère pas, ça me console.

Tout ça me distrait efficacement de ma peine.
Tant que je ferraille,  elle s'éloigne et se laisse oublier.

On me parle d'une clé : c'est bien joli, une clé, mais encore faut-il savoir quels boulons resserrer ! 
J'ai ma manière de raconter, ma manière de penser.
J'image et passe au large. Je visite beaucoup de contrées et m'éloigne souvent de mon centre.
Je fais comme je le sens. 
On peut aimer ou pas.
Je peux, moi, choisir mon terrain de jeu et mes partenaires.
Je peux risquer de me perdre toute seule là où je perds mon monde.
Me trouver bien dans cette ouate confuse aux boursouflures plus moelleuses.
Transposer quand je n'ai pas envie d'affronter.
Ou affronter, quand je l'ai décidé.

Et là, non, ça ne me dit pas.


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