vendredi 24 mai 2019

20 au 24 mai




Lundi 20 mai 14h46






L'aube enchanteresse de jeudi dernier annonçait le changement de temps.
Et, en effet, depuis jeudi soir, le temps a changé !
Averses drues et trombes d'eau roulant de rigoles en ornières, grondements de tonnerre et coups de vents, grand frais carrément froid pour la période, tout nous ramenait à un mars agité.

L'occasion de vérifier mes différents aménagements hydrauliques, en situation.
Le remplissage des cuves à eau, une réussite complète.
La prolongation de la descente d'eau près de l'ancienne porcherie, expulsée de son logement comme la tétine d'un bébé boudeur. Olivier a rattrapé le coup en usinant un embout conique improvisé. L'efficience a pu en être vérifié immédiatement, à la faveur des averses dominicales. Tout reste en place. Bien.

Ma frise au coin de la hotte de cheminée dans cette vieille cuisine colorée, parfaitement sèche.
Ma fuite de la terrasse, là aussi artisanalement et aléatoirement étanchée à l'automne dernier, je crois, bien atténuée, en voie de progrès, avec en visée l'extinction, comme celle du côté opposé, à la faveur des poussières, mousses, et autres alliés naturels.
Une autre, en voie d'extinction, ma voix, à la défaveur d'une trachéite tenace. Bols de miel aigris au citron, et tout ça s'apaise gentiment.

Le bourrelet de béton coulé en lave froide derrière la ferme et devant l'étable ne renie pas ses promesses. Finies les flaques, la nappe perfide glissée sous la grande porte métallique, finies les roues boueuses de Karrarro au retour du vidage de la bennette à fumier. Un net et appréciable progrès.

J'ai observé les mouvements de l'eau, suivi la course des rus tumultueux losangés sur les cailloux, repéré les méandres dans les boues ramollies et les herbes hautes.
J'ai accompagné les flux et creusé les petites rigoles propres à désengorger quelques deltas ralentis ici ou là.
J'ai regardé le résultat de mes petits travaux. Une averse suivait l'autre d'assez près pour amener un verdict instantané.

J'ai toujours aimé ces réalisations légères et faciles, où le petit effort produit les meilleurs effets. Un coup de binette dans la terre grasse, et le ruisselet s'engouffre là où on l'attend, sans faire d'histoire. La flaquette indécise s'élance et se déverse dans cette échappatoire, l'eau coule, s'évacue, libère et entraîne.
Meeeerveilleux !!

Il est ainsi des satisfactions toutes simples et benêttes.
Comme celle de triturer les mots et d'en inventer, à la guise d'alliages improvisés.

Je ne suis ni spécialiste hydraulique ni académicienne de langue. Je m'autorise toutes les entorses et les dérives.
On me contiendra bien, s'il le faut, comme je contiens l'eau.
Que l'on me laisse juste assez de latitude, comme je le fais pour elle.
A cette condition, elle se montre bonne fille et ne s'emporte pas en débordements colériques.
Comme je le fais moi-même...



Vendredi 19 avril 2019 17h50


Un petit saut dans le temps, pour amener la suite.
Les moments se chevauchent dans ce "bloc", comme les ruisselets d'eau pressés dans les rigoles.

Une promenade dans les bois, des châtaigniers,  mes châtaigniers à suivre, 











des fougères en crosses déroulées, des fleurettes, myosotis pâles et lithodoras au bleu profond, 












Mes fougères millénaires, les tourillons des bugles dardés entre les fraises des bois.  





des œnothères dans les creux humides,


le lotier des sols pauvres,








Les graminées aux épis lourds, déjà,











La timide véronique rasante et les grappes opulentes des acacias en fleurs,





Des arbres, des herbes, des fleurs, mon monde et ma joie.



Mercredi 22 mai 2019 17h
Vendredi 24 mai 2019 15h40

Ma promenade dans le soleil, avec mes chiens, à faire le tour de mes six châtaigniers témoins.
J'ai découvert une nouvelle piste de promenade. Plus dans les recoins, dans les sous-bois, les parages sauvages. Des endroits un peu  à l'écart, tout près pourtant, avec un petit air d'aventure et de découverte.
Quelques mètres à peine, et je me sens toute dépaysée, comme Alice au Pays des merveilles franchissant la porte magique.

Les essentiels, le chemin creux le long du petit bois, le chemin aux noisettes, l'horizon de Mère-Rhune en isocèle, restent incontournables. C'est autour de ces piliers, mes fondements, que j'erre et vagabonde, en terrain connu mais pas encore exploré.

Mes six châtaigniers de référence, très commodément, jalonnent ce nouveau parcours.
Au tout début, chez l' "anglais" maintenant espagnol, le bois rafraîchi montre les beaux fûts de quelques arbres vénérables. Une tentative avortée de replantation de la haie en abélias et troènes fait profiter le chaland de cette ambiance forestière, où la lumière filtrée par les frondaisons dans la canopée exubérante en ce moment cueille doucement les bois gris et blonds.






Mes deux premiers châtaigniers sont là, penchés au dessus de la clôture branlante.
Leur tronc oblique supporte les grosses branches, en un effort de reins tendus sûrement pénible.
Le premier n'est pas encore en fleurs, quand le second s'ourle déjà partout de longues grappes pâles.
Les feuilles sont aussi différentes, avec de larges lobes ovalisés  pour le premier, et des sections plus étroites et parallèles chez l'autre, terminant en pointes longues.
Deux marqueurs d'un génotype différencié, garant pour moi de la biodiversité du monde de la châtaigne.
Je tiens là deux membres cousins de la même famille, avec leurs particularités bien tranchées. Un sujet d'étude de qualité !







Bullou profite de mes explorations, pour se rafraîchir les coussinets dans un bain de boue improvisé.





Ce hêtre majestueux perdu jusque là pour le promeneur au milieu d'un fatras broussailleux,
nous dit le temps long, les épreuves de ses troncs divisés, et la gloire de sa ramure généreuse évasée vers la lumière. Il redistribue toute cette sagesse avec grandeur et bienveillance, en patriarche bienfaisant.






Mère-Rhune placide m'accueille au bout du chemin ombré, bleue dans le ciel  pâle. 













Avec Lola,  nous passons sous les branches basses et étalées de deux autres sujets d'étude, en bordure au bout du bois.  Une ambiance fantasmagorique et un peu mystérieuse, où l'on se sent en sécurité, protégés dans une antre sans danger. La caverne des premiers hommes, où se mettre à l'abri et se préserver.
Ici aussi, deux châtaigniers aux feuilles différentes, et à la floraison décalée. Leurs branches basses se présentent obligeamment à l'examen. Il n'est que de se pencher et de regarder de près !








Mon cinquième châtaignier est à peine plus loin, sur la gauche du chemin.
Il m'a semblé l'automne dernier, que quelqu'un avait débroussaillé son pied. Il est apparu ainsi, tout droit et fier, de son long fût sombre.
Celui-ci serait de type japonais plus marqué, dans une silhouette élevée.
Ou alors, sa jeunesse au milieu d'une végétation haute l'a-t-elle tiré vers la lumière en un mouvement vertical ?
Entre type et environnement, difficile de démêler les influences croisées.
Floraison et feuilles le rapprochent des deux autres, à la même allure, mais au port différent.
Affaires de circonstances, peut-être, alors…





En avançant toujours vers l'est, sur le chemin baigné de soleil, j'oblique à gauche.
Bullou adore cette fuite là; le chemin trop à découvert lui semble moins tentant.

Nous traversons un autre porche ombragé, et débouchons dans la fougeraie pentue.
Le chemin en bas m'est bien familier : j'y venais chercher les vaches au pacage dans "le champ du pylône", "Zikiñeta". Pourquoi Zikiñeta, de la racine Zikiña, sale ? Peut-être en mémoire d'une ancienne décharge, comme derrière Agorreta ? 
Je ne sais pas, j'imagine. Les ancêtres devaient être fantaisie, d'accord, mais leurs appellations devaient sûrement s'accrocher à quelque restant de raison…





Ici aussi, l'observation se fait très à l'aise. Les branches se couchent sous la main, mêlées aux frondes maintenant déployées des fougères longues.
Celui-ci exhibe des dents obliques sur le bord des feuilles, plus aplaties me semble-t-il que les autres. Un quatrième type ?


Je continuerai mes observations minutieuses, regarderai comment évoluent les inflorescences, noterai le moment de la formation des bogues, leurs formes, leurs implantations, et suivrai tout le développement, jusqu'à la fructification, et la récolte.
La forme et la couleur des châtaignes, leur saveur et leur odeur, complèteront mes planches d'étude.
Et guideront ma future culture.
Tout le long de cet été à venir, tout le long de l'automne et des saisons prochaines, je suivrai mes châtaignes.
Une idée comme une autre, un projet joli et inoffensif. Un projet peut-être bien utile au contraire, à mon enthousiasme, déjà, du moins !

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