lundi 11 avril 2016

RETOUR AU CALME



Bonjour à tous !






Comme le soleil est bienfaisant en ce moment !
Les souffles de vent, on s'en passerait, mais bon, ne soyons pas trop exigeants, non plus !

Ce mois d'avril est souvent perturbateur, entre belle saison et restants de frimas.
Il faut en passer par là...

A Agorreta, les choses semblent revenir au calme.
La vieille étable retrouve une ambiance paisible, enfin !




Petit Breton est là depuis une bonne semaine maintenant. 
Samedi soir pour la première fois depuis son arrivée, il a pu boire tout son saoul, sans être durement renvoyé dans ses quartiers par Fauvette.

Les mamelles congestionnées de ma belle fauve, crevassées de gerçures, rendaient la tétée douloureuse.
Quand en plus, le petit au pis n'est pas bienvenu, on imagine aisément le désagrément !

A grands coups de baume apaisant et de traite précautionneuse, ce pis malmené s'est assoupli.
Petit breton de son côté a vite pris de la graine de son expérience en accéléré. S'il veut manger, il faut qu'il apprivoise sa mère adoptive. Qu'il la séduise...
Les coups de tête, les succions trop pressantes, sont prohibés. L'apprentissage est simplissime : un coup de tête amène instantanément un coup de sabot. Une mauvaise prise de la mamelle, itou !  
Petit Breton se plie aux exigences requises. Attentif et concentré, pattes écartées, bien positionné sous le flanc de Fauvette, il tète voluptueusement, en grande douceur. 
Quand Fauvette manifeste son impatience en se reculant ou en se déportant, il s'écarte, et attend sagement qu'elle se remette en position favorable.
Très discipliné et rapide à intégrer l'enseignement, ce petit !
Résultat de toute ces bonnes volontés conjuguées, Petit Breton se prélasse dans sa litière, la panse confortablement rebondie, après son repas profitable et presque serein.
Nous n'y sommes pas encore tout à fait, non, non... Mais nous avançons, jour après jour.

Je vais je l'espère, pouvoir vous montrer Petit breton au pis de Fauvette très vite. Là, encore, je dois assister le petit et la grande, préservant l'un et apaisant l'autre.  Une occupation trop prenante pour pouvoir s'en distraire !

Le restant de mon petit troupeau a également manifesté les signes de ces perturbations. Troubles des comportements,  agitation et nervosité, désordres digestifs, (je ne vous fais pas un dessin !), inégalités des humeurs.
Ces vaches sont terriblement sensitives, sous des dehors bovins !

Le prochain vêlage de Bigoudi va clôturer l'épisode critique pour cette année. Ensuite, mères et petits devraient retrouver dans une routine installée le chemin de cette sérénité pour le moment sinistrée.
Patience !



Mes hirondelles ont repris le nid commencé en fin de saison l'année dernière.
Je ne saurais pas vous dire si ce sont les mêmes qui ont réinvesti cet ouvrage.
Rien de plus semblable à une hirondelle, qu'une autre hirondelle...

















Le travail commencé sans visée immédiate avait donc un sens...

De ce sens difficile à percevoir parfois, quand les choses s'assemblent dans un ordre qui nous surprend, pauvres mortels soumis à une logique primaire que nous sommes !


Je trouve dans ces dénouements décalés une manière de réconfort.

Dans la conduite de ma vie, certaines choses me semblent d'une lecture embrouillée. Le fil du temps s'emmêle dans des circonvolutions floues. On se perdrait vite en conjectures inconfortables, à vouloir comprendre ce qui se déchiffre mal.
La lumière vient parfois longtemps après, en son temps, sans doute. Et ce délai est sûrement juste. Je me le dis en manière de philosophie. Pour me persuader de ce qui me semble manquer de fluidité, sur le moment.
Comme en ces jours où mes vaches manifestent leur désagrément à la perturbation !





En ces situations troubles, j'ai ma méthode.
Elle vaut ce qu'elle vaut, mais, jusqu'ici, elle a fait ses preuves.
Je me concentre sur un noyau resserré de valeurs sûres.
Sans perdre de vue les causes de désordre, quand je suis sûre d'avoir œuvré de mon mieux au rétablissement d'un équilibre raisonnable, je me distrais de ce tracas en me tournant vers une saine activité.

Justement, la période va être à la reprise de la culture.
La terre, abondamment fumée en automne,  académiquement chaulée au printemps se prépare. Battue par les pluies, croûtée en surface des premiers ensoleillements de printemps, les mottes vont être bientôt prêtes à être utilement travaillées.
Ttiki-Haunndi est au garde-à-vous, avec Rotavator en seconde ligne.

L'an dernier,  toute à ma fougue, je m'étais lancée un peu tôt, souvenez-vous.
J'avais semé ma betterave début avril.  Un peu de froid, un peu de sec, résultat des courses : bernique, rien, nada !



La désolation de rangs obstinément muets.
J'avais du refaire mon semis de betterave à plusieurs reprises.

Seul, le semis de début juin avait daigné lever correctement.
Mon impatience était restée lettre morte !

Aguerrie de cette déconfiture, je m'étais promis pour cette année d'attendre le réchauffement suffisant, avant de confier mes graines à la terre.
Début mai semble légitime.



Je dois faire violence à ma nature. J'ai du mal à ajourner mes projets, à atermoyer. La chose à faire me paraît urgente. Le projet en visée ne se tient pas tranquille dans un coin de mon périmètre mental. Non, il s'agite, trépigne et vibrionne comme la mouche agaçante sur le carreau. Il ne se laisse pas oublier, le bougre ! 
Attendre m'est un petit tourment.
Et pourtant, attendre est sage, souvent.

Mes vaches me l'imposent,  qui ne s'en laissent pas compter de mes fébrilités.
Les hirondelles me l'enseignent,  débutant une année un ouvrage qu'elles termineront l'année d'après.

Le temps à attendre, l'impatience à dompter, comme on apprivoise une bête.





Les années assagissent nos velléités de rébellion. 
Le maître d'Agorreta ne s'impatiente pas. Il observe, attentif, sans s'émouvoir inutilement.

Allez, je vais tâcher de suivre cette voie. 
Attendre le bon moment, accompagner cette attente au mieux, et ne pas y perdre le plaisir de vivre ce temps juste et incontournable.

A une prochaine fois, vous qui êtes peut-être plus sages que moi !

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