Bonjour !
Le premier matin givré de l'hiver blanchit les bas fonds :
C'est pur et vif, sain et transparent comme du cristal brut.
Après ces journées de pluie, de poisse, un regain de vitalité.
A condition d'attendre le grand soleil :
Elle est un peu sombre, ma vue ? Oui, c'est vrai !
Mon père, les chiens dans le fauteuil, attendent paisiblement au coin du feu le réchauffement promis.
Il fait bon dans la vieille ferme. Il suffit d'attendre, le bon moment, pour aller prendre l'air.
Ces belles journées nous mettent tout de suite des impatiences en tête. Le grand soleil parle de printemps, appelle en extérieur.
A Agorreta, nous sommes prêts à épandre les engrais de fond et la chaux. Le fumier enterré cet automne a fait son travail. Il a nourri le sillon et favorisé la capacité de la terre à nourrir son monde.
On ne pratique plus guère le labour, maintenant. Pour la bonne raison qu'il y a de moins en moins de bon fumier à enterrer. Pour fabriquer du fumier de qualité, il faut des bêtes bien nourries, et couchées sur un paillage propre à se décomposer. Pas des grilles métalliques et des fosses à purins rincées à grande eau. Le lisier retiré de ces fosses est un engrais naturel, lui aussi, mais de bien moins bonne ressource que notre traditionnel fumier, riche et organique à souhait. Les déjections animales mêlées à la matière végétale de la fougère utilisée en litière, stockées au grand air, produisent un matériau vivant et fumant d'énergie. De l'or noir pour la terre.
A Agorreta, notre vilain tas de fumier promet une terre bien nourrie et saine.
Chaque jour, avec mon Karrarro le redoutable, j'apporte ma contribution à ces espérances.
Et le fumier de mes vaches enfoui dans la terre d'Agorreta aidera à produire la nourriture de ces mêmes vaches. Encore et toujours, la boucle, le recommencement, têtu et constant.
La préparation de ce printemps ressemble à la préparation du printemps dernier :
J'entame ma pile de betteraves ce matin.
Les piles de foin s'amenuisent au fond du hangar. Les balles de chaux et de scories attendent le ressuyage du terrain pour être épandues.
J'ai en tête un petit aménagement, pour cette année. Un petit changement, dans la conduite de mon élevage :
Le fond de l'étable, où la dernière citrouille se termine, va me servir d'aire de stabulation libre.
Voyez cette grande porte ? ou devinez-la, plutôt ! Elle s'ouvre sur le pré où mes vaches paissent à la belle saison.
Jusqu'ici, quand je sortais les vaches, je la refermais derrière elles. Les vaches étaient au pré, et l'étable vide.
Les jours où le temps était incertain, où une sale averse brutale douchait mes princesses, quand je travaillais à la jardinerie, je souffrais de les savoir malmenées, mes belles !
Travaillant à Bayonne, je peux difficilement me précipiter pour mettre mes bêtes à l'abri, quittant mon poste pendant près d'une paire d'heures, pour une urgence jugée sans doute toute relative par mon pourtant si compréhensif patron...
Je n'aimais pas arriver le soir, et trouver mes vaches et leurs petits tout piteux d'être restés sous la pluie, eux si délicats !
Cette année, pour le coup, j'ai décidé d'arranger ça.
Mon fond d'étable va être promu abri d'herbage. Par les journées pluvieuses, par les trop fortes chaleurs estivales, mes vaches pourront rentrer, et se mettre au sec, et au frais.
Je laisserai la grande porte ouverte. Les râteliers remplis de foin. Et les abreuvoirs disponibles en cas de besoin. Une résidence tout confort pour mes beautés !
Evidemment, je ne peux pas laisser mes vaches aller et venir dans toute l'étable. Elles auraient vite fait de venir visiter la cuisine, ou de sortir, curieuses, dans la cour. Non, Agorreta ne peut pas devenir une ferme anarchique où les vaches sont reines ! Encore que...
J'ai donc investi dans un petit équipement basique, de façon à contenir les bêtes dans l'aire que je leur prévois :
Ces deux jolis portails galvanisés seront ma seule concession à la modernité dans la conduite de mon élevage.
Ils contiendront les élans aventuriers de mes intrépides, et préserveront la tranquillité des résidents bipèdes d'Agorreta, permanents ou occasionnels.
Je suis très contente de mon idée, comme souvent. Je mets tout ça en oeuvre cette fin de semaine, avec mon grand et ingénieux mari.
Dimanche sera le jour de la préparation de ma future stabulation libre.
Deux trois pièces maîtresses à déménager :
Avec Ttiki-Haundi, démarrant comme un avion, même par ce petit froid vif, j'ai déjà extirpé le concasseur à maïs. Il ira faire carrière pas trop loin d'ici. Il est encore en état de marche. Il a à peine trente ans...
Je vous fais un reportage en images dimanche, si je ne suis pas trop prise par les manœuvres.
Bon soleil à vous !
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