mercredi 22 juillet 2020

15 au 22 juillet



Mercredi 15 juillet 2020 16h

L'après-midi maussade et tranquille m'invite à retourner dans mes paysages.
En bout du petit bois de l'anglais-espagnol, le grand pin est tombé. Il était en mauvais état, hirsute de ses bois morts aux moignons déchirés.
Il gît maintenant, affaissé sur lui-même. Son voisin n'est pas reluisant lui non plus. Une des prochaines tempêtes aura sans doute raison de lui aussi.
Plus bas, sous le chêne ancestral, le jeune châtaignier a, cette année encore, perdu sa course vers la lumière. La canopée de son aîné reste entre lui et le grand ciel ouvert au dessus. Ces deux-là n'ont pas fini de lutter.

Les graciles ombelles des acacias du sous-bois balancent légèrement dans la brise câline.
Sur le chemin à flanc de côteau, les berces élevées étalent à la grisaille immobile leurs napperons délicats.
Des papillons mordorés chahutent, vifs et gais de leur vol saccadé.

Je descends la pente raide. Deux hautes murailles de fougères charnues me caressent les joues un peu rudement. Je les écarte, évite autant que je le peux les griffures des ronces sournoises.

Ca faisait un moment que je n'avais pas ainsi déambulé dans mes alentours.
Ca m'a fait du bien.

Jeudi 16 juillet 2020 21H

Je vais faire un tour dans le soir.
Un magnifique arc-en-ciel enjambe le paysage de part et d'autre de Mère-Rhune.
Les bosquets plaqués sur le ciel gris métal irradient  la lumière du soleil couchant.
Deux ailes volantes planent vers la mer. Deux mouettes immaculées et scintillantes les escortent.
Le grand silence enveloppe mon horizon. 
Je ressens cette liberté de voler haut, ce calme, cette volupté. Le luxe, je n'en ai pas besoin.
Mes acouphènes en sont presque éteints.
Un jour peut-être retrouverai-je le repos du silence ?
J'ai le sentiment exaltant d'une perfection toute proche.

Dimanche 19 juillet 7H







Le soleil franc nous est revenu après des journées grises.

18H






Au soir d'un dimanche tout de paix, revenant avec Olivier du cimetière où nous avons abreuvé les fleurs, nous nous accoudons à la barrière sous l'arcade.
Je m'aperçois alors d'un vide en milieu du bosquet, à l'est, de ma pinède fantasmée.
L'arrondi jusque là bien garni se mite comme une bouche édentée.
Quelques coupes ont du passer par là, à moins qu'un coup de vent ait ici aussi sévi.
Ces vieux arbres s'effondrent parfois sans grand préavis, cachant leur misère de vieillesse entre les jeunes fûts vigoureux. Mon bosquet redeviendra dru, si l'entreprise n'est pas humaine.



Mercredi 22 juillet 2020  7H




L'orage gronde.
Des éclairs sont venus zébrer ma fin de nuit.
La moiteur pèse dans l'air.
Entre les vieux murs de la ferme, il fait frais, il fait bon.


20h20


Après des journées de veille un peu tardive pour moi, je suis bientôt prête au coucher.
Je vais lire, en levant parfois le regard sur la tombée de la nuit derrière la fenêtre aux volets grand ouverts.
Je suis en ce moment sur une histoire de psychopathe géant, meurtrier de ses grand-parents, inaccessible à toute morale sociétale. Ca s'intitule "Avenue des géants" écrit par Marc Dugain.
Ca me tient. Comme un bon livre vous mène.

Quelques remous perturberaient ma sérénité presque conquise.
Toujours ces affaires familiales où les nerfs se mettent facilement en pelote. Ces affaires de partage, où, si classiquement, chacun y va de sa vérité, et toutes divergent. Ce moment critique, où les fratries se déchirent et se lacèrent.
J'ai donné, suffisamment, en 2016.
Je n'irai pas plus loin. Je vais juste arrêter les dégâts, là.
J'ai décidé de dépolluer mes chroniques. De me débarrasser en ces pages de tous ces miasmes putrides. Remuer la vase ne fait rien remonter de bon. J'essaie de laisser tout ça derrière moi, maintenant. 

Pour autant, fidèle à moi-même, je garde une mémoire scrupuleuse de ces péripéties de basse-cour.
Je couche tout ça dans un brouillon d'archives. Au fur et à mesure.
Un jour, peut-être, si ça me prend, je ramènerai l'historique au jour.
Je ne sais pas encore.
Le seul fait d'en faire un article factuel m'en débarrasse, pour le moment.

Je me souviens de ce livre de Delphine de Vigan. Elle y déballait son histoire familiale; Une histoire un peu lourde, certes. 
La plupart, de ces histoires, le sont plus ou moins : une famille, une fratrie, c'est beaucoup de passions, alors, forcément, ça égratigne vite. 
La nôtre, histoire,  n'est ni plus ni moins glauque que beaucoup d'autres.  
Delphine, en vive souffrance,  s'y écorchait, s'y dépeçait, faisait voler en éclats toute pudeur et retenue.
Elle livrait les hontes, les vilenies, s'en délivrait, sans doute.
Au prix d'un scandale où elle a laissé des plumes autant qu'elle en a arraché aux siens.
Je ne suis pas sûre de vouloir en arriver là.
Je ne suis pas sûre non plus de pouvoir m'en préserver, d'en préserver les miens.
Je vais essayer, là encore.

Le besoin de faire savoir, le besoin de faire porter par tous une histoire banale, pathétique et ridicule, ne me tenaille pour le moment pas.
J'ai retrouvé une forme de paix.
Mes priorités du moment vont à des intentions bien plus constructives.
L'écoute des autres, la légèreté d'échanges anodins et pourtant essentiels, suffisent à me réaliser dans ce rôle que je veux maintenant plus léger.
La tension de toutes ces années de veille autour de mes parents s'est enfin relâchée.
Je veux maintenant savourer une liberté retrouvée, me laisser aller à être dolente et paresseuse.
Mes crampes cervicales se relâchent. Mes vertiges s'atténuent.
Je suis sur la bonne voie.
Bien décidée à ne pas m'en laisser détourner.


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