lundi 18 février 2019

TAS DE FUMIER



Tas de fumier


18 février 2019



Lundi 18 février 2019 11h



Je ne résiste pas longtemps à l'appel du clavier.
Pour cette nouvelle chronique, elle sera le relais des petites anecdotes d'Agorreta, quand elles sont amusantes, surtout. Et quand elles le sont moins, aussi…
Quelques images du moment :

L'environnement,



















Les actualités du jour, ce modeste tas de terre prêt à être mélangé au fumier tout proche, pour le composter en terreau authentique et naturel. Tous les paysans connaissent le procédé, les bons jardiniers aussi...







L'étable et les Neskak veillées par la blanche Bigoudi,











Mon parc potager,







Mon père, toujours content de savourer des jours tranquilles.







Je n'avais pas spécialement l'intention de la redémarrer si vite, ma chronique de longue haleine en plusieurs volets, mais l'actualité locale m'y pousse. Je n'ai pas besoin d'être beaucoup poussée pour me lancer dans ces eaux là, il est vrai !

Depuis toujours, je me suis servie de mes "blocs" pour tout et n'importe quoi, y compris les règlements de comptes privés. Ce sont d'ailleurs ces articles là qui intéressent le plus ma sphère sociale. Autant  donner l'occasion de se distraire.
La communication par "bloc" interposé en vaut une autre, après tout : elle permet un léger décalage impossible dans les échanges directs et spontanés, où les arguments, bons ou mauvais, fusent en désordre et se perdent dans le chahut. Ici, à une seule voix, et, tant qu'à faire, la mienne, je développe, sans interruption. Je suis ensuite totalement disponible à l'écoute des arguments adverses, si l'on veut bien me les présenter ! 

Pour en venir aux faits du jour, le beau temps s'est installé depuis une bonne semaine, un vent du sud surprenant asséchant subitement la croûte terreuse.
L'envie enfle chez tous les humanoïdes de sortir, de prendre l'air et le soleil, de travailler dehors son jardin ou sa terre, chacun à son  échelle.

Nous, les paysans d'ici, mes ancêtres, la terre d'Agorreta, nous la travaillons depuis près de 90 ans, l'âge de mon père.
Nous la connaissons, cette terre. Nous l'avons défrichée, travaillée, respectueusement, amendée, nourrie.
Nous l'avons ensemencée, elle nous a nourris en retour.
Notre relation à cette terre est ancienne, elle est profonde et pleine de gratitude.
Cette terre, nous la travaillons. 
Paysan, c'est un métier d'art, mieux que d'artisan. La terre, quand on vit avec, on ne la possède pas, on l'accompagne.
Paysan, on sait les vertus du bon fumier incorporé en profondeur, du compostage où la terre entassée travaille plus vite encore. 
Paysan, on partage à la terre la nature et ses bienfaits, la nature et ses calamités, aussi.
Paysan, on n'en est pas pour autant  préservés des calamités de la nature humaine. Et non…

On déplore souvent les lenteurs administratives. J'en ai moultes fois fait la triste expérience. Et continue d'y perdre parfois patience.
Ce matin pourtant, la réactivité de nos services municipaux fût fulgurante.
Mon frère au travail sur les terres, à la préparation de ce fameux compostage organique et naturel, matière précieuse à la bonne levée des semis, eût l'heur de se voir visiter en son ouvrage : on s'inquiétait paraît-il en haut lieu de ce que nous faisions de la terre d'Agorreta. Il serait temps : cette terre, nous la travaillons depuis 90 ans ! Oui, je sais, je l'ai dit, déjà.

L'ouvrage n'était pas compris. Il paraissait suspect, à ceux sans doute premiers coupables  des forfaitures qu'ils attribuaient aux autres. C'est un mécanisme assez commun.
La terre ne se possède ni ne se vole. La terre nous nourrit et nous ensevelira tous, chair, os ou cendres. 

Quand on la fouaille, qu'on l'éventre, quand on la prend pour de la marchandise convoitée, là, évidemment, c'est une toute autre vision, et une toute autre perspective. Elle nourrit aussi, sans doute, autrement. On n'en vit pas de la même manière, on la voit différemment. 
Mais elle ensevelira tout pareillement.
Chacun sa vision, chacun son métier, et les vaches seront bien gardées…

Je ne fais que redire ce que j'ai dit si souvent déjà, ce que je me souviens bien avoir dit à une occasion où, justement, la terre se traitait comme une convoitise que l'on vole.
Il m'en reste une image précise en tête. Que je retrouverai, à l'occasion. Mes "blocs" ont au moins cet avantage de garder les traces de ces moments anodins, et bien signifiants, pourtant.


Tiens, justement, la voilà...



Et voilà dans la foulée les mots d'alors, fidèlement retranscrits depuis ce beau mercredi 21 juin 2017 :


Sous le regard impassible et bienveillant de Mère-Rhune, nos vieux démons paysans de convoitise d'une terre à posséder sommeillent.

La terre d'Agorreta est dure et pierreuse.

Elle nous a nourris, pourtant, hommes et bêtes. Et continue encore.


Jusqu'au jour où elle nous couvera, celle-ci ou une autre, quand nous pourrirons dessous et la nourrirons en retour.

Nous serons alors rassasiés d'elle, tous, et nos démons s'assagiront peut-être.
Qui sait ?

Moi, je ne sais pas. je vois seulement avec désolation les ravages des tristes dépits mal lavés...




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