mercredi 20 février 2019

OK CORRAL A AGORRETA



Mercredi 20 février 2019 10h13






Une de ces magnifiques journées de fin d'hiver nous arrive encore.
L'envie titille d'extérieur, de soleil et de grand air. Je ne vais pas m'en priver !








Ce dont je ne vais pas me priver non plus, c'est du plaisir un peu pervers de ferrailler. 
Je manie depuis toujours, c'est, je le pense, un trait de famille, facilement l'ironie et les allusions vicieuses. Je ne m'en vante pas, j'essayais même ces derniers temps de ne pas me laisser prendre à ce jeu où méchanceté et amertume donnent leur libre cours. 
Je continue d'essayer, en me persuadant qu'il y a aussi une bonne part d'humour dans ces exercices en limite, et surtout une grande part aussi d'exutoire : quand on est titillé, quand on vient vous gratter la croûte sous lesquelles des braises encore tièdes ne demandent pas mieux que de s'enflammer, ça fait du bien de se purger la bile en en déchargeant le fiel. Les habitués des problèmes vésiculaires le savent bien.
Les anciens aussi.

Pas plus tard que cette nuit, mon vieux père est encore passé près d'un petit blocage dans une ou autre viscère maîtresse. Puis, au tout petit matin, la situation s'est désengorgée. Je le confirme, et il le fait avec moi de tout cœur, ça fait du bien de laisser sortir de soi la sanie.
Il faut vivre près des anciens, au plus près, pour profiter de leur sagesse durement acquise. Par chez nous, tout le monde ne goûte pas cette cohabitation là. Evidemment, il n'y a pas que de la sagesse à en retirer, il y a aussi beaucoup de veille fatigante et autres difficultés à l'avenant.
On a beau être fils aîné, aimé et choyé, on peut oublier tout cet amour donné, et se détourner, par peur peut-être de vivre par anticipation sa propre déchéance ? Ou parce-qu'on est un ingrat patenté. 
Ou alors, les deux : couard et veule à la fois !
D'autres viennent pallier, heureusement, proches de cœur et pas toujours de sang. 

J'ai essayé jusque là dans ma chronique de rester vague, quand la facilité d'assener des mots durs me tentait trop.
Il y a toujours eu plusieurs lectures possibles de tout écrit. Celle de ceux qui connaissent leur auteur, et les autres. Celle de ceux qui par les circonstances saisissent sous la surface lisse l'épaisseur, une profondeur pas toujours claire pour les détachés. L'interprétation est aussi affaire de distance.
J'espère que cette seconde façon de me lire est la plus répandue. Je sais pourtant que je suis attentive tout autant à la première. On ne se refait pas…

Je voulais laisser les choses décanter pacifiquement, fatiguée de luttes inutiles.
Agorreta reste Agorreta, une ferme où bêtes et gens devraient cohabiter en paix.
Agorreta reste pourtant aussi une ferme où une fratrie s'est déchirée, classiquement, au moment où chacun doit la quitter pour prendre sa propre route, ce fameux moment des partages de famille, partages, ruptures ou déchirements, où remontent les biles acides d'une histoire partagée, entre joie fraternelle et jalousie courante. Nous avons mis du temps ici à nous démembrer, si tant est que nous le soyons tout à fait un jour...
Ce temps de la discorde a été l'occasion de faire un tri entre ceux du même sang, mais pas faits du même bois. Dans mes frères, un seul, l'aîné, s'est révélé à ce moment sous un jour bien décevant. Avec les autres, nous avons resserré un noyau étréci, mais plus solide d'autant, peut-être.



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Là au moins, je deviens tout à fait claire.
J'ai admis maintenant, avec du temps et de la peine, l'idée de cette fracture. Je la crois maintenant définitive, et ne m'entête plus à essayer d'en recoller les morceaux. Le divorce est consommé.
Je pensais laisser la cicatrice se lisser.
La plaie doit être encore vive : à la première stimulation un peu piquante, j'ai réagi spontanément, reprenant ce flambeau de guerrière où je m'emballe parfois.
Les anciens alliés sont devenus ennemis. Là où on combattait si bien sur le même front, la ligne de partage a creusé une faille.
Puisque la paix n'est pas possible, puisque le temps de la fraternité entière est terminé, alors, que l'on ferraille, et qu'on y trouve au moins l'élan d'un mouvement tonique, et l'amusement d'une gymnastique cérébrale vivifiante.

Je sais mon aisance avec les mots, le plaisir de les utiliser comme des pointes de petites flèches malicieuses. Je sais aussi que leur piqûre peut-être mordante. J'en ai moi-même été victime.
Pour en avoir discuté avec des personnes au jugement éclairé, je ne suis pas sûre d'une telle différence entre le mot écrit, et le mot partagé en conversation, dans un cercle social intime...ou pas !
L'écrit reste et les paroles s'envoleraient : j'en connais, pourtant, de ces paroles, gravées dans le marbre dur de la mémoire vive, ces paroles qu'on piétine sitôt les avoir données.
Je ne pratique pas beaucoup les réunions. mes oreilles s'y usent trop, et je n'ai pas suffisamment de voix pour faire entendre la mienne par dessus celle d'autres, aux cordes vocales plus aguerries que les miennes. Il n'en manque pas dans notre cercle familial, déjà.
Sur notre histoire familiale contemporaine, je ne me suis pas trop étendue, dans ce "bloc". Ni ailleurs. Moi. D'autres ont pris tellement d'avance…
Je considère toujours Gueguel comme conservatoire de mes moments et images. Je me demande si je ne vais pas le transformer en lavoir pour le linge sale des familles. M'en servir, encore une fois, comme exutoire. J'ai envie de donner de l'histoire ma version, ma vision.

Sans vouloir pratiquer systématiquement la Loi du Talion, œil pour œil, dent pour dent, je ne suis pas non plus une pacifiste absolue. Je ne tends pas l'autre joue, quand on me gifle. J'aurais plutôt tendance à envoyer le poing, à la garçonne !

Je vois ça comme un petit feuilleton, à peine en décalé, trois années tout de même. Comme le dit la formule dans les mariages anglo-saxons : que celui qui s'oppose à cette union, parle maintenant, ou alors, se taise à jamais.
Maintenant, j'ai laissé passer, pour me donner l'illusion d'une retenue plus présentable. 
A jamais, le sait-on, ça peut me faire trop loin. Ma spontanéité et mes logorrhées éruptives ne s'en remettraient pas.
Alors, en un moyen terme raisonnable, je vais m'y mettre, après une triennale de fermentation.
J'espère avoir suffisamment pris de recul pour ne pas étouffer ce germe d'humour sans quoi vivre est trop terne. Nous verrons bien.

J'utilise déloyalement une arme moins accessible à mon adversaire.
Et bien, chacun ses atouts et son équipement.




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Agorreta n'est pas hors du monde, et la justice et l'équité y sont aussi bafoués qu'ailleurs.

La vie est injuste, autant le savoir au plus tôt !

Certains naissent beaux et d'autres laids, certains culminent à 1m80 quand d'autres sont terrassés de leur petitesse, certains vivent tranquilles et d'autres tourmentés.

Ca a toujours été, et, sans prétendre être grande prophète, je pense que ce sera toujours.

Les nouvelles d'Agorreta ne deviendront peut-être pas tout à fait Règlements de comptes à Ok Corral, mais elles se pimenteront d'une pointe d'acidité plus amusante sûrement que les images bucoliques plates et souvent ratées, d'ailleurs.
Tout le monde n'est pas bon reporter images. Moi, c'est plus le poids des mots que le choc des photos. Chacun son truc…

Cette humeur combative me passera peut-être. Sûrement. Si on ne vient pas  la réveiller trop souvent.
Mon état a ceci d'intéressant qu'il est imprévisible. Je peux passer de la larve amorphe à la louve enragée d'un jour à l'autre. C'est ainsi. On ne peut parier sur rien, ni sur ma faiblesse, ni sur ma force. Ca laisse large latitude à des tentatives d'assauts d'adversaires couards. A leurs risques et périls. Et aux miens… 

Je ne veux pas y laisser plus d'énergie que de plaisir. J'y prendrai garde, si je le peux !

Notre anecdote du tas de fumier m'a remis en selle mieux que le meilleur aiguillon.
Il n'en fallait pas beaucoup. 
Il est toujours plus facile d'attiser les hostilités que de maintenir la paix.
Je n'y travaille pas, là, je le sais.
C'est que mon tempérament est plus fougueux que ma morale…
Que l'on me pardonne, comme je n'ai pas pardonné à d'autres !


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