dimanche 15 novembre 2020

4 au 15 novembre

 

Mercredi 4 Novembre 2019 2020  17h30


La soirée est calme. Un petit air froid soulève les dernières feuilles accrochées au liquidambar hérissé de ses fruits hirsutes.

Juste derrière, les ramilles dénudées aux fûts élancés des chênes américains pointent une trouée bleue dans le ciel gris pâle.

Nous sommes reconfinés.

Evidemment, ce nouveau confinement ramène au précédent.

Ce confinement de printemps, où mon père, doucement, a tiré sa révérence. Où, doucement, je lui ai tenu la main jusqu'au bout. Le virus est une calamité pour le monde. Il a été une chance pour nous deux. Je le dis encore, plus scandaleusement encore qu'alors, sans doute. Sincèrement, pourtant.

Cette deuxième vague a remonté les scories de la première.

Beaucoup de choses se sont révélées, alors, décantées, modelées, surgies d'une glaise du quotidien frénétique où nous nous perdons facilement de vue.

Il y a eu moult bousculades et dérapages, moult lâchers de rampe et de corde.

J'ai été secouée, à retardement, puisque pendant la période, j'étais dans le cocon ouaté où il n'y avait de place que pour mon père.

Il a fallu tout un été pour que je retrouve une bulle à peu près stable. Aussi stable qu'elle peut l'être, chez moi, du moins ! C'est-à-dire encore secouée comme dans une tornade tropicale...

J'arrive à ce moment de l'année où je me relâche volontiers, laissant les jours courts assagir mes tourments. Je sens les tensions relâcher ma nuque, les pressions tomber de mes épaules, comme les feuilles sèches se décrochent des arbres.

Après quelques tergiversations, miasmes de ressassements acides, je suis venue me confiner à Rivière, auprès de mon grand mari.

Notre périmètre de kilomètre me laisse aller jusqu'au bord de la forêt, au long de cette sente bordée de très vieux chênes, le long du Douy immobile. Je peux encore poser mes paumes en corolle sur l'écorce du grand vénérable en bord de plaine, marqué de son triangle magique.

Ce très vieux chêne, large et haut, au tronc en côtes généreuses, aux racines moussues tendues en assises accueillantes, est celui de nos serments, de nos sermons.

Je viens à lui comme à un très vieil ami.

J'y suis allée cette après-midi, avec mes chiens expatriés ici.

Ils ont fureté partout, creusé entre les racines, flairé les ronciers et humé les senteurs de sous-bois. Je les ai retrouvés enjoués et tranquilles, comme je ne les avais plus trop vus depuis un moment. 

Autour de la ferme, il y a maintenant beaucoup de promeneurs, beaucoup de chiens. Les miens sont peureux, et trottinent la queue basse, à l'affût d'un danger qu'ils voient partout. 

Lola, plus sereine que les deux petits, est vieille, maintenant, et elle a du mal à marcher. Les deux autres, déjà inquiets, s'inquiètent encore davantage de la voir fatiguée, trottinent autour de mes jambes, sans s'éloigner, queue basse.

La promenade en perd toutes ses vertus, et son agrément. Je surveille ma troupe en débandade. Je ne peux pas déambuler, détachée, méditant mollement comme on dérive sur un lac tranquille.

Aujourd'hui, dans le bois de Rivière, Lola, en forme, a retrouvé assez d'allant pour les entraîner de nouveau. Je me suis régalée de voir mes chiens insouciants et curieux, dans cet endroit où je me sens moi-même si bien. 

Assise au pied du chêne, les chiens affairés alentour, j'ai laissé mon regard errer sur la large plaine, j'ai accueilli le silence par dessus mes acouphènes assagis en harpe alentie.

J'étais bien. Tout simplement, bien.

Nous sommes revenus très contents de notre balade.

Maintenant, moins d'une heure après notre retour, ma Lola paye déjà cette heure légère : je lui ai fait avaler un peu de paracétamol, pour décrisper ses articulations endolories. Elle se repose, museau entre les pattes, levant les yeux et soupirant à mon passage. Il lui faudra une paire de jours pour s'acquitter du tribut de cette heure bienheureuse. Nous retournerons au bois, après ça.

Je me suis étonnée de cette sensation de familiarité, de cette impression d'avoir toujours promené mes chiens, là, d'avoir, depuis longtemps, le vénérable dans mon paysage et son écorce sous ma main.

Je suis ici en exil, et pourtant, je ne m'y sens pas étrangère.

Je m'étonne de ce transfert si facile. Je me pensais accrochée à Agorreta comme une moule à son rocher. Bien-sûr, je sais que j'y retournerai. Je ne l'ai pas quittée tout à fait. Les arrangements que je prends pour l'avenir laissent la place à cet exil-villégiature, pour le moment. Antton prend soin des génisses, et je ne m'inquiète de rien. 

Je ne devrais m'inquiéter de rien, si dans ma nature il y avait un espace quiétude...

J'ai fait encore, jusqu'à il y a peu, ces rêves, ces cauchemars, où je me voyais rentrer à la ferme, après une absence, assez longue sûrement. J'y retrouvais ma mère abandonnée sur une couche de souillure, dans la chambre du fond. Je la prenais dans mes bras, je la lavais, je la serrais. Je me sentais si coupable d'avoir failli, de l'avoir laissée. Il me fallait un moment, après un réveil en mauvais sursaut, pour remettre mes idées en place. Me représenter ma mère morte et ma veille levée.

Maintenant, j'ai encore dans le demi-sommeil ce réflexe de penser à mon père resté à la ferme, seul. L'élan d' y retourner, pour m'occuper de lui.

Là aussi, il me faut quelques secondes pour rétablir la réalité, et me dire qu'il n'y a personne à la ferme qui ait besoin de moi.

D'ailleurs, n'est-ce pas plutôt moi, qui ait terriblement besoin, que l'on ait besoin de moi ?

Le chien qui se mord la queue...

Les jours à venir vont peut-être me détacher de ce joug, que l'on m'a, ou que je me suis, le résultat étant le même, posé sur les épaules. Le résultat étant le même, oui, ou sensiblement, du moins, mais l'opération s'aggravant de la bêtise à se bâter soi-même, sans nécessité.

La transition s'annonce, elle s'installe.

Je l'ai vue venir, inquiète, d'abord, tracassée, aussi.

Je l'ai voulue, cette organisation de l'avenir. Je la prépare. Je ne suis pas de ceux qui vivent sans penser au lendemain. Moi, j'y pense même tellement que j'en oublie l'aujourd'hui ! Pas bien meilleur, au final...

Je laisse venir l'apaisement de ce novembre tourmenté par le virus et les montées de violence. 

Je me mets en retrait. 

Comme si l'on pouvait se préserver. Peut-être ? Qui sait !

Au moins, se libérer de ces chaînes que l'on ne serre jamais aussi fort qu'autour de soi-même.


Lundi 9 Novembre 2020 18h30


Une étude appliquée des prospectus publicitaires nous a plongés dans la foire au cochon.

Vote à mains levées à distance, entre Hendaye et Rivière, pour déterminer avec précision la commande à passer.

- le rôti, c'est pas un peu sec ?

- Non, dans l'échine, c'est bon

- Ah, bon, alors bon.

- Des saucisses, j'en fais une quinzaine de kilos ?

- C'est beaucoup ! 

- l'an dernier, on les a mangées en un mois et demi...

- Ah, bon, alors, bon.

Quelques échanges purement logistiques, de part et d'autre de la ligne de confinement.

Tout va bien sur les deux bords.

Nous allons charcutailler à Rivière, dimanche prochain.

Je rentrerai le mardi suivant, au soir, bardée de mes caisses de viande.

Il y a transferts dans les deux sens, de part et d'autre de cette ligne Maginot moderne.

Jeudi dernier, en route pour Hendaye, après la jardinerie, je transportais une marmite de sauté de veau, et des magrets, de la foire...au gras, ce coup là.

Samedi soir, je ramenais le hache-viande et des caisses de transport.

Les flux se croisent. Je m'y perds. J'ai la sensation désagréable d'être partout et nulle part à la fois.

Je me disperse déjà assez facilement. Si je me dilue trop, je vais m'égarer.

Je limite civiquement mes déplacements au domicile-travail autorisé. La particularité pour moi étant un domicile conjugal à Rivière, et un domicile élevage à Hendaye.

L'avenir se dessine pour le moment encore entre les deux.

D'ici, je m'attache jour après jour aux paysages, à cette ambiance de village au clocher sombre perché au dessus des carolins gris en rideaux légers.

Nous avons été dans l'après-midi dorée déambuler dans le sous-bois tacheté d'un soleil généreux.

Les troncs aux écorces rugueuses tiédies de lumière, les cimes irradiées, les horizons lointains sous les ciels rosés de novembre, des chevaux libres aux galops toniques, les cigognes aux vols obliques, tout paraissait idéal et parfait.

Les chiens m'ont encore agréablement étonnée, joyeux et insouciants entre les ronciers.

Un récent débardage aplatit la végétation entre les fûts épais. De gros engins ont tiré les billons couchés, pour les aligner à l'orée.

Les nappes d'eau dormante se couvrent d'une étrange pellicule, grise et épaisse. On dirait du ciment liquide étalé en flaque.

L'après-midi a été douce.

Nous sommes rentrés dans le soir couchant. Avons refermé cette chambre en chantier que nous rafraîchissons ensemble. Nous travaillons vite, avec Olivier, pas toujours très finement. Le rendu est quand-même plus académique que dans les pièces de la ferme où j'ai sévi. Nous avons contemplé la conjugaison de tons entre le parquet et la peinture des menuiseries. Un peu hasardeuse, mais pas inintéressante...  C'est-à-dire que nous utilisons des restants de fourniture. Et ne pouvons en attendre une conjonction mieux aboutie. Compte tenu de l'investissement mineur, ça fera parfaitement notre affaire.

Les chiens sont fatigués d'avoir couru dans les fourrés.

Je surveille Lola, sa hanche et son épaule. Un affaissement dans la démarche, un délié fuyant, pas de douleur manifeste. Cette reprise d'exercice lui dérouille peut-être la machinerie, à ma petite vieillotte.

Ah ça, le dimanche de Toussaint, quand Bullou a failli croquer Raymond le pigeon, elle se sentait tout à fait en jambes, la Lolita !

Elle bondissait, oreilles dressées et œil alerte.

Nous avions eu une idée bien idiote, aussi, il faut dire : Olivier me racontait comment Bullou sautait en claquant des mâchoires, quand elle rentrait dans la volière. Elle faisait la même chose dans l'étable, à la ferme, quand les hirondelles la narguaient de leur leste vol.

Voulant me montrer, il entre dans la grande cage, où Raymond prend paisiblement le soleil, perché sur une patte, sur la barre du milieu. Bullou le suit, gueule déjà entrouverte, et moignon de queue frétillant. J'observe, assise moi aussi au soleil, contre le mur du garage.

Pas un instant, nous ne pensons Raymond en péril.

Il regarde Bullou sous lui, bondissant en effet, en entrechoquant ses dents. Il baisse la tête, écarte les ailes, en position de combat, sûr par sa position élevée d'avoir le dessus. Bullou s'énerve de plus belle. Et nous, inconscients, nous regardons, amusés, sadiques, un peu. 

Je n'aime pas d'ordinaire exciter mes chiens ainsi. Là, je ne sais pas, alanguie d'un bon repas, ramollie au soleil chaud contre le mur, je n'ai pas réagi.

Quand Bullou, d'un bond plus haut que les autres, à refermé sa gueule sous la gorge du pigeon, assez près pour lui en arracher quelques plumes duveteuses, nous avons compris notre bêtise.

Raymond, affolé, s'est envolé, est sorti de la cage. Bullou assoiffée du sang chaud senti si proche, l'a coursé. Txief et Lola s'en sont mêlés, bondissant eux aussi. Le pigeon maladroit s'est cogné à la gouttière, est retombé. Txief lui a attrapé l'aile. Le malheureux Raymond chuintait sa détresse, l'œil exorbité et le bec ouvert.

Olivier a hurlé, j'ai crié. Txief a relâché Raymond, qui s'est envolé.

Des plumes chaudes voletaient encore autour de la scène, retombant gracieusement en chute légère et planante.

Le pigeon s'est perché sur le faitage de la maison. Nous avons enfermé les chiens.

Attendu, coupables et penauds, que le pauvre oiseau revienne dans sa volière.

Ce qu'il a fini par faire. Avec une large brèche dans l'éventail de sa queue.

Ainsi vont les accidents, quand circonstances et distractions s'agglomèrent.


Mercredi 11 Novembre 2020  18h06


Une tiède et radieuse journée d'armistice.

Je me suis souvent demandée pourquoi et à quel moment on décide d'une chose pareille. Des années de guerre, du sang versé, l'horreur et l'épuisement, l'enjeu perdu, la justification émoussée. Des tractations, des négociations, des pourparlers. Un horizon nouveau où la guerre n'a plus de place. Les accords, enfin, arrachés de haute lutte, sans doute. 

Et la paix. La paix ? Non, l'armistice. Une convention. On convient, sans être convaincu. On se soumet à la convenance, sans conviction profonde, parce-que c'est le mieux à faire, puisqu'on n'a pas pu faire ce que l'on voulait au départ. Un à défaut de victoire. Une guerre ni gagnée ni perdue, une guerre suspendue... jusqu'à la prochaine, qui n'a pas manqué.

On ne peut peut-être pas espérer mieux. La paix véritable reste inaccessible. On se tend la main en serrant les dents, en ravalant sa hargne et son ressentiment.

Dès qu'il y a eu conflit, s'il n'y a pas pardon, absolution, il reste un bon lit de culture pour le suivant. Et pardon, absolution, ce serait capacité d'oubli et régénération d'une confiance malmenée. Pour ce que j'en sais, pas facile...

Il faudrait oublier l'histoire mauvaise, la figer et la tenir pour lettre morte. Ce qu'elle n'est pas. 

Alors, on convient, on s'arrange, on fait de l'avenir sans ce passé là. Et, tôt ou tard, on s'y prend les pieds.

Les leçons de l'histoire devraient nous aider à construire des lendemains plus clairs.

Quand la seule leçon serait peut-être qu'il faut la laisser derrière. Là encore, et toujours pour ce que j'en sais, pas facile non plus...

La bonne issue à l'imbroglio serait une contingence supérieure, une trouée où s'aspirent les rancœurs et les mémoires chagrines.

On fait la paix, pas parce-qu'on ne se souvient plus de pourquoi on a fait la guerre, mais parce-qu'on ne peut pas faire autrement, si l'on veut continuer, rester debout, et avancer.

Ca me paraît plus atteignable, comme objectif, plus pragmatique.

Pour ce que j'en vois, cette fois encore, pas facile non plus, ça...


J'ai souvent par le passé décidé les choses comme on saute dans le vide. Parce-que je ne supportais pas les doutes et les incertitudes des moments de réflexions, où l'on pèse le pour et le contre. Je préférais décider, bien ou mal, mais ne pas avoir à soupeser, me demander, hésiter.

Trancher. Abréger la petite ou grande souffrance du temps d'attente sur le quai. Et me lancer dans la voie retenue, sans un regard en arrière.

Je ne m'en suis jusque là pas mal portée.

Je ne me suis jamais trop abîmée dans les regrets. 

Jamais longtemps demandée ce que ça aurait fait, si.....j'avais fait autrement.

Là aussi, je me sens maintenant émoussée.

L'énergie me manque, et le nerf se distend.

Mon histoire, contemplée en boîte à outils ne me dépanne pas trop.

Confier les rennes au destin serait soulagement, m'exonèrerait du risque de me tromper.

Mais le destin me rit au nez, et me renvoie les courroies : va, me dit-il, ton attelage ne m'intéresse pas !

Je suis là, les lanières molles dans les mains ouvertes.


J'ai marché avec Olivier et les chiens sous les chênes.

Tout ce petit monde semble satisfait des jours quotidiens.

Je suis le mouvement, et espère m'en porter bien.







Les deux petites sont en quête, aussi. Elles grattent et cherchent, s'y amusent et s'y fatiguent.





Au bord d'une onde immobile, elles s'agitent et remplissent de mouvement futile leurs heures creuses.

Je laisse là mes questions et nous nous en retournons.



Dimanche 15 Novembre 2020 19h


Nous avons eu un bien agréable dimanche.

Ce matin, tel que prévu, nous avons enfilé une quinzaine de kilos de saucisses. Conditionné des côtelettes épaisses dans l'échine, entrelardées, bien charpentées sur ces os si succulents à sucer.

Travailler ainsi à l'approvisionnement des jours d'hiver me donne toujours ce sentiment sécurisant : quand les garde-mangers sont remplis, on est hors de misère.

La prochaine promotion nous fera lancer la campagne charcutaille cuite : boudins et hure.

Entre deux, une nouvelle série saucisses, et pâtés.

Nous sommes très efficaces sur ce coup là, avec Olivier. Je chausse le casque anti-bruit pour préserver mes oreilles du houin houin du hachoir. Par force, nous parlons peu, et coordonnons une gestuelle à la chorégraphie éprouvée.

J'ai particulièrement apprécié la qualité des boyaux salés, dénommés "menus" sur l'emballage. J'ignorais le terme. Pré-découpés à la bonne longueur, faciles à rincer dans l'eau tiède, résistants à l'emboitement sur l'entonnoir, non, vraiment, c'en était un vrai plaisir. 

Rien de plus énervant qu'un magma torsadé en nœuds serrés, qu'il faut tourner et retourner avant de repérer un bout à tirer. Rien de plus crispant qu'un boyau mollet qui fuite le petit ballon d'eau poussé là dedans pour écarter les parois séchées dans le sel. Percé, à jeter. Pas terrible non plus, la membrane qui craque quand on l'emboîte sur le fût de l'entonnoir de remplissage, ou qui s'éventre en hernie vilaine au passage de la viande hachée, ruinant le chapelet en formation.

Les "menus" de ce matin se prêtaient à la manœuvre comme les meilleurs ouvriers. Ils avaient en plus l'heur de quadriller joliment la saucisse par un tramage en losanges réguliers.

Pour midi, nous étions tout de même à table, campés fourchette au poing devant le plat fumant de saucisses rôties.

Nous ne prenons plus grand risque maintenant, dans cette affaire : nous pesons académiquement la viande, pour l'assaisonner. Quand le mélange gras-maigre paraît bien équilibré, (là, c'est une affaire au coup d'œil), nous pesons. Ca fait l'occasion de vérifier son propre poids, à vide d'abord, et puis, total en charge ensuite, lesté de la bassine remplie. Les kilogrammes certifiés, il n'y a pas à se tromper : 14 gr de sel, 3 gr de poivre gris, 2gr de piment, par kilo.

Histoire de neutraliser un éventuel ténia, et aussi, plus gastronomiquement, pour amuser la papille, un petit saupoudrage d'ail frais laisse la place au suspense excitant. Pas de mathématique froide et sans surprise, là. Non, là, on fait au jugé. Le risque est suffisant pour se sentir investi d'une haute mission. Une saucisse trop aillée, et ce sont les relents désagréables tout l'après-midi. Aucun arôme, c'est juste de la viande assaisonnée, sans plus.

A la louche, je dirais qu'un apport d'une grosse cuillerée à soupe d'ail moulu pour 15 kgs de viande garantit une bonne mesure. Encore faut-il pondérer par la variété d'ail : plus fort en goût pour le violet, avec une pointe acide pour le rose, et plat mais plus digeste pour le blanc.

Ah ça, il faut la jouer fine, s'ébattre dans une latitude somme toute assez étroite, sans aller à la marge, ni se contenter d'un périmètre de sécurité trop confortable.

Toute une stratégie et une tactique pointue, sans qu'il n'y paraisse.

Enfin, nous nous sommes chaudement congratulés, autour de nos saucisses.

La jolie Virginie au téléphone nous a cueillis la joue rosie et la panse rebondie.

C'était son anniversaire, aujourd'hui. Longue et belle vie à elle.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire