dimanche 13 octobre 2019

octobre


Samedi 21 septembre 7h50


Les hirondelles de la vieille étable sont impeccablement protocolaires : arrivées St Joseph 19 mars, parties 21 septembre St Mathieu.
Le silence au petit matin cueille le jour déjà bien retardé.
Mes petits elfes voguent vers d'autres cieux.
Les nids désertés s'empoussièreront, en attendant le retour des petits ailés.



Vendredi 27 septembre 2019 8h


Le jour flemmarde :




L'aube rosée s'alanguit. Les cadences ralentissent.



18h

Je reviens de promenade. J'ai arpenté les espaces dégagés,  dans les fougeraies rasées. Pas encore de colchiques; elles retiennent encore sous terre leurs lances bien décidées à percer.
Ces horizons en fuites et perspectives, ces paysages en mouvements ondulés, aux pans inclinés, offerts à une lumière joueuse, sont très différents du monde plan des Landes.
Le regard s'attend à plus de surprises ici, s'accroche plus facilement aux reliefs et plonge dans les combes profondes. 
C'est autre chose, autrement. J'apprécie les deux alternatives, et compte bien ne me priver d'aucune.


Mes journées sont de peinturlurages. En 2015 je jetais sur mes murs des couleurs vives, violentes, presque, aux profondeurs sombres et percutantes. J'étalais sur les pierres une colère pleine d'un mouvement rageur.

Maintenant, c'est bien différent, là encore : je préfère le blanc pur, doux et lumineux, attendri d'ivoire chaleureux, ou d'un "gris pearl de Boston". Pourquoi "Pearl de Boston" ? 
Je n'en sais rien, ne voyant pas pourquoi Boston serait plus grise que Chicago ou New-York. Ils doivent bien avoir l'éclairage, aussi à Boston, non ? Les experts en marketing ont de ces finesses...
J'apprécie maintenant la lumière, pas trop vive, les espaces dégagés, mais pas trop vides.
Ma récente période nettoyage et vide-grenier a bien déblayé les coins. Je garde quand-même un  ou autre bibelot, un cadre bucolique, un miroir au tain imparfait.
Là encore, pourquoi celui-là, et pas tel autre ?
Parce-que c'est comme ça : l'arbitraire est partout, les lois de notre univers intime, aussi injustes et incompréhensibles que les autres.
J'ai mis trois mois à faire le tour des pièces, quand il y a quatre ans, j'avais compressé tout ça en trois semaines. J'étais fébrile et acharnée. Le serais-je moins, enfin ? Ou alors, ces quatre années ont-elles marqué la courbe prochaine des suivantes, où l'efficacité et la performance s'effacent derrière les langueurs de l'âge qui avance...
Sans doute un peu des deux.

Une équipe en pleine puissance, elle, me prête main forte. Les profilés laqués, luisants, lisses sous la main, m'épargnent les fastidieuses peintures des menuiseries. De là aussi me vient ce goût pour le blanc, quand les débordements glissent et dérapent sans laisser de traces.
On calcule mieux, l'épargne de la peine, quand on s'y fatigue plus vite !

20h

Pour terminer ces journées bien plaisantes, j'aime à faire avec les chiens le tour de notre remblai d'Agorreta, ce chantier de plus d'une décennie.

Dans le soir calme, le couchant s'effiloche de nacres diaprés. Les silhouettes en ombres chinoises des grands acacias boursouflés s'élancent avec élégance. La fraîcheur se coule dans les creux. 
Il faut regarder un peu loin et un peu haut, quand on se promène dans ce coin.
J'y ai fait ma récolte de mosaïques fossiles, témoins pour la postérité des destructions massives de nos pièces à vivre démodées.
Témoins amoncelés et désarticulés de nos désamours coupables, quand nous fracassons brutalement ce que nous avons soigneusement assemblé, avant.

Ici, c'est la terre brûlée d'Agorreta. Tout comme  sous le pied d'Attila, rien ne poussera !
De ces tas de décombres, de gravats disloqués, de morceaux de vie amoncelés culs par dessus têtes, il n'y a pas grand chose à espérer. 
Des vasques, des plans de porcelaine, des carreaux où s'égarent des motifs naïfs, se chevauchent et s'enchevêtrent en un désordre poignant.






















Des vies se jettent ici, emportées dans les bennes comme les souvenirs des ambiances perdues.

Ici , un pourtant fils de paysan a terrassé une terre fertile. Il en a fait un désert de cendres et de pierres mortes. 
Il aurait fallu respecter le sens de la terre, l'ordre des couches et sous-couches : pierre au fond, glaise, puis terre nourricière. Non, ici, la terre a été volée, la glaise enterrée, et les monceaux de pierres mortes et tranchantes vont affleurer sous la trop mince couverture. Rien n'y viendra, rien n'y fera racines. 

Mon joli projet 2122 n'en fera surtout pas, là.

Je planterai mes arbres à peine plus haut, dans la pleine terre, là où le terrasseur n'a pas fouaillé la terre de son groin vorace.






Le totem rouillé en figure de proue aura beau veiller les terres d'Agorreta, il sera tombé en poussière de fer avant de voir ici un arbre plus haut que lui.
Un jour, le temps fera qu'elle reviendra, cette vie là. Elle se fraiera son chemin entre les pierres et dans les cailloux, reverdira ces flancs.
Dans un temps bien au delà du mien, sûrement.



Dimanche 29 septembre 2019 20h10

Au soir d'un dimanche parfait.

Les frères et Olivier sont allés amener la rambarde à Rivière.
Ils ont fait le tour des barthes,  en voiture, et goûté la paix, le calme, et la volupté de ces paysages tranquilles où le silence se pose comme une flanelle.


Mercredi 9 Octobre 2019 6 H

Je retranscris tout chaud mon rêve de cette nuit.
Un chat écorché, déjà empesté d'un pus épais, est extirpé de notre caisse à grain.
Il faut le tuer, mettre fin à ses souffrances atroces.
Olivier se propose pour le faire. Je lui tends le pauvre animal pestilentiel à bout de bras.
Le chat tourne sa tête meurtrie, il me regarde, plonge dans les miens ses yeux envoûtants.
Non, dis-je, il faut le soigner, il peut s'en sortir.
Très dubitatif, mais toujours dévoué, Olivier m'accompagne chez Champion, notre vétérinaire.
Le pronostic n'est pas bien encourageant. Quand même, il va essayer de sauver la pauvre bête.
Un moment plus tard, nous revenons avec Olivier récupérer le blessé, ou le cadavre...
Champion nous ouvre la porte d'un réduit : le chat, emmailloté dans un pansement confortable, me regarde, s'étire, et se met sur le dos, me tendant la patte pour jouer.
Je me perds de nouveau dans son regard mystérieux. Une onde tiède me traverse.

Au réveil, je pense à cette période bien grise, entre 2016 et 2017, où j'ai failli me perdre, entre les abîmes de la bipolarité, et les crises successives et violentes de Ménière.
Je sais maintenant, d'expérience, que la bipolarité, on la canalise, et Ménière, on en vient à bout.
Je n'arrêterai évidemment pas la marche inéluctable vers la vieillesse, la déchéance, sans doute, et la mort, implacable.
Je peux quand même m'y avancer, et profiter du paysage.
Refuser d'aller dans le mur comme on court, et promener dans ma vie.

Ces Nouvelles d'Agorreta, décousues, sporadiques et désordonnées, ponctuent des instants en relief sur une trame mieux bâtie.
Cette trame plus cohérente, mieux contenue, je la dessine dans les "Brèves".
J'aime à cultiver les paradoxes, et celui-ci n'est pas le plus criant.
Le plus bienveillant à moi-même, peut-être, quand-même.


Jeudi 10 octobre 2019 10h

Un ancien
officier des renseignements généraux est venu aujourd'hui à la jardinerie. Il a du faire un bonne partie de sa carrière en Nouvelle Calédonie. Il en est revenu complètement ébloui, persuadé d'avoir trouvé là-bas la Terre Promise, l'Eden sur terre.

D'abord traité par Jean-Marc, il m'a été refilé. J'ai eu l'avantage de subir le flot énergique et intarissable d'une propagande ébouriffante.
Une seule  chose à retenir m'a-t-il dit  : le bulletin municipal Bidart Novembre 2015 ? ou alors 2014, je ne sais plus, tant il m'a abrutie sous les dates, les lieux, les hauts faits historiques ou politiques.
Une érudition véritable, et impressionnante, surtout pour moi, bien incapable de situer ne serait-ce qu'un dixième des îles dont il me parlait.
J'ai juste retenu ces "terres rares" prononcées " terrres rrrares".
Ce seraient, si j'ai bien compris, les fonds des mers autour de ces îles exotiques. Ces territoires noyés seraient la propriété de ces îles minuscules : voyez la Nouvelle-Calédonie, c'est un cigare entre Hendaye et la Rochelle. Autour, des "mmmilliers" d'hectares de mer. Et là, "sssous" l'eau, … du minerai !!, en abondance, de la matière première pour nos hautes technologies, du lithium, du silicium et je ne sais trop quel autre "ium".

Saisissant ! 
J'ai eu la démonstration par A plus B de notre avenir géopolitique.
Je n'en ai pas saisi, honte à moi, le déroulement, ni la finalité, obtuse que je suis.
Cet homme tombé du ciel, à travers les hautes mers arrivé jusqu'à moi, me délivrant sa science précieuse, et moi, incapable d'en comprendre la portée...
L'homme, sachant bien que le quidam ne lui ferait pas un interlocuteur à sa mesure, s'est adressé plus haut. Il a écrit, m'a-t-il dit, aux hautes instances politiques : Macron, Cour Européenne des droits de l'homme, Pape, même !
Je suis bien certaine qu'il a rédigé une épître pour le Bon Dieu, et qu'il ne lui manque plus qu'une adresse exacte pour l'envoyer, "en rrrecommandé !", doigt levé.

Un sacré personnage, ce client d'un jeudi matin tranquille à Lafitte.


Lundi 7 octobre 2019

Ikéa, ou quand l'homme devient vache.
Un parcours impeccable, canalisé par une flèche lumineuse au sol, deux rubans légers, prennent le client et le mènent.
L'ordre et l'efficacité. La discipline des hommes décidés à porter le joug, sans renâcler, pour la bonne cause : consommer !


Dimanche 13 octobre 2019 10h

Je fais quelques hoquets dans les chronologies. Et pourquoi pas, après tout ? Laissons comme c'est venu.

Le vent du sud secoue en volées les feuilles craquantes roulées dans la cour.
Il fait chaud. Il fait beau.
L'automne classique du Pays Basque.

Nous avions hier à la jardinerie une animation "permaculture".
Un de ces retours de mode du bon sens ancestral.
Je m'occupe souvent des traductions en basque de ces "évènements"à la jardinerie.
Loin des sophistications un peu grotesques du basque unifié, j'ai intitulé mon cours : permakultura.



PERMAKULTURA


ZER OTE DA :
JAUN BASAREN KULTURA !

Ez da bakarrik landareak eta baratzeko kultura egiteko manera.
Naturaleziarekin bizitzeko modu bat, jendetasun bat, filosofi gisa bat.
Naturaleziarekin bizitzeko parada. Haren ikasmenak baliatu, errespetatuz lurra, kristaba, eta partitzia.
Ahal bezin bat ingurumena baliatu, ongi baliatu, ez deus galtzen utziz.
Bat bertziari gauzak lotu, denetasun batean sart dezaten.





ISTORIOA :

1970an Australitik etorria.
Leheno, japones batek erabakia.
Orain :
Natural aberastasunak bakantzen ari dire :
Gero eta jende gehiago, eta heien beharrak mantentzeko manerak guttituak. Orain arte kasurik gabe bizitu gare gehienek. Orain, beharrezkoa da ingurumena konduan artzia.
Españolek erraten duten bezala : quitar y no pon, se akaba el monton !



                                                    








NOLA EGIN :

Gauzak obekiena baliatu;
Naturalezaren indarrak eta ahalmenak begiratu, ikasi, eta praktikatu.
Ez kimikorik, ahal bezin lan mekanikorik gutxi.
Utzi gauzak beren moduz bizitzen, naturalezia ongi egina dela fiatuz.
Lurra utzi bizitzen, bere moldatzeko manerian.
Gainetik ekarri ostuak, edur ustelak, beti tapatua izan dezan. Txoriak eta zizariak urbiltarazi, zorriak eta aharrak jan dezaten.
Inguruetan landatu arbusto fruitu ttikiak ematen ditutenak.
Utzi belar zikin eta laharrak, kabiak egin dezaten txoriak.
Triku eta bertze apoeri eskaini gordetzeko toki bereziak.
Beti tapatua utzi lurra, ez dezan gogortu.
Ala lantzeko ez du papurtu beharrik. Beti inka onian mantendua izaten da.

Ohain baten gisa ahal bezin bat lantu baratzea.

Animaleak posille baldin bada azi.
Olloak, arraultzitetik gaine, bazterrak garbitzen dituzte, lurra zarrapatuz. Obena, zerakurra mugitzia eremuan, bat garbitua dutenian, bertze baterat segirazteko.
Piruak ur ondo batian laketzen ahal dire. Bare eta kurkulloz aseko dire.
Ardi bat ero bertzek arbol azpiak garbi atxikiko dituzte.
Aski haundia izanezkio eremua, izan liteke beiak, ero zerriak, pentze zabalian, aitz ero gaztain azpietan.
Etxe bazterrian egunero behar diren gauzak landatu. Perresilla, xarpota eta bertze aromatikoak.
Uxu bazkatu behar diren abeztiak inguruan ere eman.
Toki haundia behar ditutenak ero bakan erabilki diren lekuak etxetik urrun utzi. Ohain bazter, frutal landare, ero ongarri pill.







Ongi pentxatu, eta gauzak funtxez egin.

Betitik naturalezak egin duena, guk ere gure ingurumenian aplikatu.

Errestasuna behar da billatu. Gauzak beren baitan egiten utzi.


Asko begiratu, luzez eta kontuz, ikasi, eta ahal bezin ongi aplikatu.
Kristaba bere tokian jarri, naturalezian artean, baino ez menian artu nahizik.

Ametitu ez garela gure ingurumenian nagusi ;
Parte bat, bertzen artean.

Hori dena da permakultura.
Kultura luzez mantentzeko manera.
Betitik gomeni litzekena eta orain beharrezkoa dena.



J'y avais mis de jolies images. Gueguel me les recrache, le bougre.
resteront les mots.














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