jeudi 26 octobre 2017

TRIENNALE



Bonjour !

Nous arrivons au terme de la troisième année de ce "bloc".
Au terme d'un parcours parfois nébuleux et chaotique, d'autre fois plus clair et divertissant.
Mon parcours de ces dernières années...

J'ai eu beaucoup de plaisir à écrire ici.
Je continuerai d'écrire.
J'ai envie de le faire maintenant autrement.
D'être moins en quête d'un regard extérieur, pour tenter de vivre sereinement ma vie, au lieu de la "penser" au travers de ce que j'en montre.

J'ai eu besoin de cette quête pour apprendre.
Je voudrais maintenant appliquer de la meilleure façon les enseignements de mon apprentissage !
Je le ferai de façon plus intimiste et préservée. Je le ferai de mon mieux, surtout !

"Gueguel" restera mon petit coffre, c'est tellement pratique pour retrouver ses trésors entreposés là !
Mais je ne "publierai" pas en instantané. Peut-être d'ailleurs ne publierai-je pas du tout. Je verrai ça sur le moment.


Le petit monde d'Agorreta continue son petit bonhomme de chemin.
Tout semble pareil et pourtant tout change, évidemment :




















La vieille ferme s'ouvre toujours au soleil généreux de cette fin octobre.
L'étable vidée le jour attend ses pensionnaires







Les pensionnaires en question savourent les douceurs de l'automne.



Lola prend la tournure un peu lasse de son âge.





Le maître d'Agorreta  profite de la chaleur du grand soleil, les deux fidèles gardiens à ses pieds.

La vie est douce en ces temps par ici.
De cette douceur dont on oublie trop souvent la fragilité.
Je veux juste maintenant essayer d'y penser mieux.
Et vous souhaite de votre côté bonne continuation, avec toute ma gratitude pour votre intérêt depuis tout ce temps.



vendredi 13 octobre 2017

LA PREUVE PAR LA CITROUILLE



Bonjour !






Nous vivons un Octobre magnifique. Des journées lumineuses et douces, une ambiance d'automne idéale.
Je restaure à ce grand soleil mon vieux cuir, et en ressens chaque instant les bienfaits.

C'est la période des moissons à engranger.
Les maïs sont rentrés, les fougères rousses couchées en andains dans les pentes.
La noisette mûrit, et le regain cet "urri xoroa" la prairie d'Octobre, littéralement, finit de sécher.
Une époque bien agréable, loin de la nervosité printanière, et des excès d'été.

Je me suis occupée de mes citrouilles, hier.




 La récolte sera suffisante pour nourrir mes vaches cet hiver, si les courges se conservent bien.
Mes méthodes culturales novatrices, cette année, montrent leurs limites : les fruits sont nombreux, mais bien plus petits.





Mes voisins de culture, eux, exhibent des sujets bien plus gros, lourds et longs.
Je dois m'incliner...
Je le disais la dernière fois, commettre une erreur, c'est désolant, certes, mais pardonnable.
Le tout, c'est d'éviter de commettre deux fois la même. Tirer un enseignement d'une expérience, même ratée, c'est encore un bénéfice !
 Je suis résolue à être indulgente avec moi-même, et, ces jours-ci, mon tempérament imprévisible m'y autorise. Alors, je ne boude pas mon plaisir, et en savoure au contraire le bien-être reconquis.

Déjà, cette fin d'été, mes melons, pourtant bien jolis à voir, se sont avérés totalement décevants : aucun goût, la texture d'un vieux navet aqueux et la chair fadasse d'une betterave mollette. Un désastre !







Ils promettaient, mais ne tenaient pas, du tout !
Tout n'est peut-être pas le fait de l'absence de travail en profondeur de la terre.
Si vous vous en souvenez, j'avais cette année initié la culture sans labour.
Seulement, notre vieux "rotavator", aussi lourd soit-il, reste trop en surface, et ses dents usées ne brassent qu'une couche  superficielle, laissant dessous une surface compacte et  dure à l'enracinement.

Pour les citrouilles, ce manque a été criant.
Les melons, je ne saurais dire, peut-être ...

Dans le doute, nous avons collégialement plébiscité le retour aux méthodes traditionnelles, et remis en vedette la vieille charrue maison.
Antton s'est chargé de la partie mécanisée, et mon petit potager dresse maintenant des sillons conquérants à la chaleur automnale. L'hiver et ses frimas achèveront d'attendrir les mottes.
Je lancerai peut-être bientôt une ou autre plate-bande d'ail et d'oignon, deux trois lignes de fèves.
Selon l'envie et l'opportunité du moment, à saisir, ou pas !






Je vous laisse aux plaisirs de ce grand soleil, à la joie pleine et riche de ces couleurs d'automne profondes et douces.

Bonne fin de semaine à tous !


mardi 10 octobre 2017

RESTAURATION DU BARBOT



Bonjour !

Comme promis, je vous parle aujourd'hui du Barbot, notre vieil hangar de la ferme.
Construit autour de 1966, il donnait lui aussi quelques signes manifestes de fatigue...

La toiture fuyait par endroits. Pour un hangar à foins, c'est ennuyeux !
De petites gouttières se faufilaient insidieusement ça et là, gouttant sournoisement sur les balles de fourrage.
L'humidité se nichait entre les brins, dessinant de noires auréoles. Au fil du temps, la gangrène gagnait le cœur de meule, et mon foin pourtant craquant sec et parfumé à la rentrée virait en une moisissure aigre.
Mes vaches, les belles délicates, (je vous en reparle un de ces prochains jours), humaient avec expertise cet aliment de moindre qualité, et me le dédaignaient, dégoûtées...
Vous imaginez quel crève-cœur pour moi, attachée à ne pas gaspiller d'abord, et à satisfaire au mieux les gourmandises de mes précieuses, ensuite.

Je me suis décidée ce début d'été à arranger ça.
Je vous en ai parlé plus haut, j'y reviens maintenant.
Le constat établi, les dégâts objectivement mesurés, le procédé conservatoire a été mis en œuvre.

Ce hangar, notre "Barbot", du nom de son fabricant originel, est vieux, je l'ai dit déjà, mais solide de construction, encore.
Je me méfie de ces courants de rénovations brutales, où l'ont met tout à terre, pour repartir à neuf.
Certes, ils ont sûrement leurs mérites, et loin de moi l'idée d'en dénigrer l'efficacité.
Je respecte, mais je n'adhère pas.

Moi, les vieilles choses, j'essaie de les traiter en douceur.
J'ai appris au fil des ans combien ce qui a résisté longtemps peut résister encore, à condition de ne pas trop le bousculer.
Quand on commence à toucher à ces vieux bâtiments, on sait où on a commencé, mais on ne sait pas souvent comment on va finir.
On arrache ici, et ça vient là, on dépose une plaque, et la charpente dessous s'effondre, on tente une fixation, et le support cède.
A chacune de nos petites interventions bricolages, à la ferme, j'ai pu vérifier combien il est facile de déstabiliser ces vieilles ossatures.
Combien la brutalité est ravageuse, face à une vieille femme digne encore, mais fatiguée déjà...
Faire table rase du passé et recommencer à neuf, on peut, sans doute, encore que.
Je trouve un peu dommage de renoncer à ces fondations à la solidité avérée. Pallier les failles ne demande pas renoncement complet, juste tri sélectif.
C'est ce que j'essaie de faire...

Je sais mes choix controversés, en matière de réparations. J'admets le bien-fondé de toutes les thèses. Pourtant, j'en reste aux miennes. J'en changerai peut-être, cela peut m'arriver, et m'arrive déjà : pour preuve, mes techniques culturales ! Là aussi, je vous en parle prochainement...

Commettre une erreur, c'est regrettable, mais rattrapable, la plupart du temps, heureusement !
La faute vient de la réitération obstinée de cette même erreur.
J'essaie d'éviter cet écueil modestement, et avec application.

Pour le Barbot, j'ai préféré une rénovation en douceur, une protection molletonnée et légère, un procédé moins invasif et plus respectueux.
La toiture en a vu de toutes les couleurs !







J'ai pris le concours d'une équipe sympathique à souhait, d'un matériel adapté, et d'un maître d'ouvrage saisissant, en la personne d'Alberto.



Le Barbot a été nettoyé, toiletté et pansé :


Alberto est une petite bombe, toujours en mouvement. Il vous parle et ne tient pas en place, remplit chaque seconde de son temps d'une activité presque frénétique. Le regarder faire me donne presque le tournis, comme si j'avais besoin de ça.
Il va et vient, vous parle, téléphone, photographie, et mesure en même temps.
Il a des expressions amusantes, des mimiques divertissantes.

  -Esto va quedar te perfecto ! assure-t-il, plus que convaincant.
   Le résultat sera parfait !

Partant de l'existant, parfait, ça paraît ambitieux... Et puis, moi, d'abord, ce dont j'ai besoin, sans aller jusqu'au parfait, c'est... étanche !

 - si, si, impermeabilizacion perfecta !

Décidemment, avec cet homme, tout est perfecto...
Quand on le sait bien, que la perfection n'est pas de ce monde.

Au moins, voilà un artisan optimiste, pas un de ces grincheux à la moue dubitative dès que vous leur exposez votre projet, flairant avec méfiance ce bébé que vous leur tendiez pourtant en confiance, ne voulant pas le prendre dans les bras, à peine en écarter les langes avec circonspection, presque dégoût.
Rien de plus désagréable qu'un entrepreneur peu entreprenant.

Avec Alberto, c'est sûr, nous sommes à fond dans l'esprit d'entreprise.
Il vante avec enthousiasme son "poliuréo" nordique,  son procédé innovant, révolutionnaire, presque, à l'entendre.
Eso es impermeable, elastico pero respirante, como el Gortex, conoces ?
No, no conozco bién, pero me fio en ti...

Alberto m'a convaincue, et a pris les rênes de l'opération avec décision et vaillance.
Un autre de nos échanges fleuris concernait la couleur :

 - Este rojo me parece un poco duro, no ? Vendria mejor un rojo teja, me parece...

 - ce rouge semble un peu lourd, non ? Un rouge tuile serait mieux-venu, je crois...

"Rojo teja", roulant les R et la Jota, je ne connaissais pas. Je voyais, à peu près. La sonorité gaie et pimpante me séduisait à elle seule.
Quelle délicatesse, de tenir compte de ces coquetteries, pour une vieille grange à foin, n'est-ce pas ?
Alberto a terminé son ouvrage, et satisfait mes aspirations.

Le Barbot est maintenant étanche. Garantia ochenta años (garantie 80 ans).
S'il en tient la moitié, ce sera déjà bien suffisant pour moi, je pense.

Je vous laisse ici, et vous présente ma vieille dame restaurée :





Voyez la délicate association de ce "rojo teja" tonique et de ce gris "un poco oscuro" si apaisant à l'œil.
Un véritable professionnel, cet Alberto.




A plus tard !













vendredi 6 octobre 2017

LE RETOUR



Bonjour !

Me voici de retour après ma pause cyclo-saisonnière.
Il m'a fallu ce temps pour me refaire une énergie.
Ma foi, tant qu'elle reste au rendez-vous, ici ou là, ça va encore !

Ma vieille carcasse demande maintenant ménagements. Je ne suis pas autrement que les autres, et, le temps passant, mes fougues de jeunesse perdent de leur éclat, évidemment.
Il en est ainsi pour tous, et je ne me plains pas de mon sort. Sans être particulièrement enviable, il n'est pas non plus sujet à "lamentades"particulières.

Je vous disais dans mon dernier article combien ces retours arrière sur l'histoire familiale me devenaient pesants, par moments.
J'ai été contente d'explorer cette histoire. Intriguée par ces pans voilés et un peu mystérieux.
Aguichée par ces secrets, ou du moins, ce que je percevais comme tels, j'y ai flairé de l'ombre, de cette ombre sombre qui nous fait peur et nous attire, comme les monstres effraient et séduisent les enfants.

Mon instinct est plus sûr que ma curiosité intellectuelle.
Il m'a averti d'un danger à se rouler ainsi obsessionnellement dans les chapelures d'un passé plus ou moins obscur.
Je vais l'écouter, et laisser là les pans de ces histoires familiales.
Les dates sont posées, objectives et claires. Les faits relatés, de façon plus orientée, eux, évidemment.
Il est temps maintenant de tourner ces pages, et de laisser définitivement ces ombres là où elles dorment en paix. Ou pas...

Redevenue raisonnable après une envolée lyrique ridicule mais aussi touchante (l'Iliade et l'Odyssée, rien que ça !!), je vais m'occuper de l'avenir.
Le passé m'a fondée, m'a faite ce que je suis et dont je n'ai pas à rougir.
Je suis reconnaissante à mes ancêtres de m'avoir mise là, et décidée à savourer au mieux ces jours à venir ainsi autorisés.

De cette histoire familiale je veux retenir quelques images bienfaisantes, et laisser le reste de côté.






Je veux retenir combien il est dommage d'attendre les drames pour reconnaître la valeur d'une famille.
Je veux retenir le poids parfois lourd de ces familles, et le besoin de s'en défaire pour mieux en savourer ensuite le réconfort, choisissant les membres de sa famille comme on choisit ses amis, pour en garder les bons, et écarter les mauvais.

Je veux retenir la méchanceté comme une souffrance qui mord, cette phrase écrite il y a longtemps déjà, mais bien vérifiée depuis.
Je veux retenir mon incapacité à soulager toute cette souffrance, ayant assez de peine parfois à soulager la seule mienne !




Je veux retenir l'inestimable trésor de moments joyeux :






Je veux retenir la fierté légitime d'une réussite, même modeste, quand elle a été méritée, gagnée.
La joie de partager cette réussite et d'en sentir les bienfaits :










Je veux retenir la fantaisie à vouloir faire une photo de mariage trois années après ce mariage :





Une petite explication s'impose ici :
Mes grand-parents paternels, Gabriel Legorburu et sa femme Maria, devenue pour nous ensuite "Amatxi Mamia" se sont mariés en 1923 ou 1924. A tant de distance, on ne va pas chipoter sur quelques mois, allez !

Mon grand-père paternel "Aïtatxi haundia" le grand grand-père, pas bien grand mais sans doute à peine plus qu'Iñazio Olaciregui, le grand-père maternel,  était paysan, oui.
Il en avait la rudesse et l'usage des travaux difficiles.
Il était quand même adepte aussi des plaisirs de la vie, courant les foires, rentrant à trois heures du matin pour réclamer à son épouse alors endormie une soupe à l'ail, avec une troupe d'amis bruyants et éméchés.
Les obligations de la vie lui pesaient sans doute un peu.

Son épouse, davantage soucieuse elle, des convenances, voulait une photo de mariage, une belle photo en bonne et due forme.
Lui, très occupé et plus au large avec les conventions, remettait toujours à plus tard.
Finalement, quand, un jour, entre deux foires et les labours, il se libéra une journée,  pour consentir ce plaisir à sa femme, un peu de temps avait passé : nous étions rendus en 1928 !
Ma grand-mère était alors enceinte de trois mois, et, dans sa taille un peu arrondie, se lovait douillettement déjà mon père, le troisième de la fratrie Legorburu !

Vous imaginez combien j'aime cette idée de liberté, de vie légère et sans trop de raideur...

Voilà, voilà tout ce que je veux retenir de mon histoire de famille.
Sentir dans mes veines ce courage et cette pugnacité paysanne, cette capacité à résister quand il le faut.
Sentir aussi ma vulnérabilité, en cueillir la logique humilité, et parer au mieux à ses fragilités.

Pour le reste, ici comme ailleurs sur la terre, le soleil se lève toujours à l'est :






Et les nuages finissent encore et, je l'espère, pour longtemps, par s'écarter





Je vous livre ici un texte transmis durant les fêtes de Bayonne par mon amie Hélène.





Voyez, ce n'est pas d'hier.
Mais, je le crois, ça reste plus vrai que jamais !


Je vous laisse ici pour aujourd'hui,  toute contente de vous avoir retrouvés.

La prochaine fois, je vous reparle du Barbot, ce vieux hangar, et de sa restauration douce, là aussi, comme la mienne.
De fait, nous avons pratiquement le même âge...

Portez-vous bien et très bonne fin de semaine à vous !