lundi 30 août 2021

18 au 30 Août

 

Mercredi 18 Août 2021  16h30


Il fait désagréablement frais pour la saison. Les journées maussades laissent percer peu de soleil. Très bon temps pour le travailleur en extérieur, et pour la nature, verdoyante comme en Avril.

J'attends la grande Katrin.

Ttony me fait souci.

Ces derniers jours, elle était plus calme, plus dolente. Sans plus. Elle continue de se nourrir, mais se montre moins empressée à l'auge. Elle va et vient, placide, les oreilles un peu basses. A première vue, une petite velle tranquille et sans histoires. Pour qui ne la connaît pas. 

Moi qui l'ai vue enjouée, va-t-en-guerre, rustaude, voire, un tantinet brutale, j'ai noté ce très net virage dans son comportement. Des deux, Ttony devient la plus docile, se laissant attacher, même sans la distraction de sa ration, sans tirer, sans chercher à se dégager. Curieux, commode, mais curieux.

J'ai d'abord mis son changement d'attitude sur le compte d'un mûrissement, ou d'un phénomène de  mimétisme avec Petra, où l'élève aurait dépassé le maître.

J'ai quand-même remarqué lors du brossage que ma Ttony perdait beaucoup de poils. Nous ne sommes pourtant pas en sortie d'hiver. A surveiller.

Je date ces indices d'une bonne semaine, ou à peine plus.

Les deux petites sont ici depuis un mois et demi. Elles ont exactement les mêmes conditions de vie. Pour autant, l'une peut très bien changer, et l'autre pas. TtonytaPetra restent deux !

En petite alarme dans ma tête, j'avais marqué sur mon calendrier d'étable, la date de la vermifugation : lundi 9 Août.

Ttony toussote, depuis son arrivée. Rien d'inquiétant. Les vers peuvent produire ce genre de toux, même en infestation modérée. J'ai l'usage de toute façon de vermifuger mes bêtes, deux fois l'an. 

J'applique un produit en cutané, à verser doucement le long de l'arête dorsale. 

Tout de suite après l'opération, Ttony avait réagi, essayant de se lécher le dos, incommodée. Petra de son côté ne cillait pas. J'avais appliqué la même quantité sur les deux velles, puisque leur poids est sensiblement le même, à vue d'œil. Dans les 200 kgs, je dirais, en prenant la limite basse. Ca me faisait 20ml de solution à épandre, sur chacune. Je préfère ne pas surdoser mes médications, quitte à y revenir si nécessaire.

Le jour d'après et le suivant, Ttony comme Petra semblaient parfaitement bien, insouciantes et pleines d'allant.

En cherchant à dater le début de la baisse de forme de Ttony, j'ai repris les images de ce "bloc". (Encore une application de la plus haute utilité !).

Début Août, la semaine d'avant la vermifugation, Ttony se présente fiérotte, tête haute et oreilles bien droites.




Le vendredi 13 Août, déjà, soient 4 jours après, je vois Ttony un peu abattue, près de la murette, quand Petra reste égale à elle-même. Ce jour là, j'ai pris le cliché sans m'inquiéter de la posture en berne de ma blondinette.



C'est hier matin, quand elles sont rentrées dans la nuit pour leur repas du matin, que j'ai trouvé Ttony bizarre, arrivant bien après Petra, et sans trop d'enthousiasme. Auparavant, les bouloches de poils roux récupérés sur la brosse m'avaient interpellée, sans plus. L'information était juste imprimée dans un coin de ma tête, au cas où. Là où, seul, le signal serait resté anodin, la concomitance des deux les rendait signifiants.

Je travaillais, hier. Je n'ai pas pu m'attarder en observations.

Au soir, sur le chemin du retour, en passant devant Orio, je jette un œil sur mon pré visible depuis là. Hier, je vois Petra paître. Ttony couchée, un peu plus loin. Aïe... 

Je rentre. Je descends, je garnis les mangeoires, je hèle mes belles.

Petra relève la tête, Ttony se lève. Elles arrivent, l'une derrière l'autre, Ttony toujours mollasse.

Je décide de les garder là pour la nuit. Je ferme la grande porte métallique. Petra ratisse goulument son auge, quand Ttony grapille. Je les ai attachées toutes les deux, pour que chacune puisse terminer sa ration tranquillement. 

Ttony ne parait pas trop mal. Pas tout à fait bien non plus. J'avais dispersé dans son bol ma sacro-sainte aspirine, remède miracle. En cas d'inflammation, elle soulage, et la bête manifeste un mieux très rapidement. Là, non. Re-Aïe... 

J'avais espéré que Ttony nous fasse juste une petite crise de croissance, quand les articulations ont du mal à suivre le rythme. Mon aspirine l'aurait alors décrispée. Mais non, ça ne paraissait pas être ça.



J'ai laissé TtonytaPetra couchées dans un bon paillage. Ttony ne demandait rien de plus, souffreteuse. 

Petra boudait un peu dans son coin : les autres jours, à ce moment là, elles se gobergent toutes les deux dans le frais du soir. Bonne copine quand-même, elle n'a pas réclamé la sortie.






Les hirondelles se sont postées au dessus d'elles en sentinelles.




Je suis restée un moment, assise sur les marches en bois.

J'aime toujours autant cette ambiance d'étable, quand les bêtes se reposent, bien confortables. Là, l'état de Ttony gâchait la perfection de la scène, évidemment.

Mais je me suis dit que, puisque maintenant, à l'heure où je les soigne avant d'aller travailler, il fait encore nuit noire, je ferais aussi bien de les garder dedans la nuit, plutôt que de les avoir dehors, dans l'obscurité, et de devoir aller les y chercher.

Je profiterai de ces soirées calmes, apaisantes, à regarder mes velles ruminer leur bien-être, et le mien.

Ce matin, le tableau n'était ni pire ni mieux.

Ayant fait le tour de mon savoir médical, j'ai avisé la grande Katrin. Et, en attendant sa visite prévue pour la fin d'après-midi, observé ma bête. Atonie légère. Pas de fièvre. Présence d'une rougeur en médaillon près de la vulve, irritable au toucher. Selles légèrement glaireuses, urines normales. Rumination à peine laborieuse. Appétit correct. Mouvement alenti, mais souple encore.

J'ai soigneusement répertorié mes symptômes, prélevé les échantillons marquants, en vue de faciliter le diagnostic de la grande teutonne.

Dans l'après-midi, le médaillon près de la vulve a pali, presque disparu, pour qui ne l'aurait pas remarqué avant. Ttony parait mieux.

J'attends quand-même le passage de la vétérinaire, avant de lever mon inquiétude.

Et me la voilà, là.


18h

Katrin est passée.

A scrupuleusement examiné, palpé, écouté Ttony. Ma petite souffrante s'est laissée faire sans bouger, déjà un signe en soi.

Rien d'alarmant, d'après Katrin. Une réaction au vermifuge, possible. Plus sûrement, une piqure, de guêpe ou de serpent, près de cette petite vulve tendre. La bête est mieux. Je continue l'aspirine sur deux trois jours. Et on avise, pour la fin de semaine.

La grande Katrin est repartie, emportant avec elle mes inquiétudes.

J'ai sorti TtonytaPetra au pré. Je les rentrerai tout à l'heure. Pour la soirée idéale projetée.

Si j'étais moins à l'affût, je n'aurais même pas remarqué l'épisode.

Je me serais épargnée une demi-journée tracassée.

Si j'étais moins à l'affût, je serais une autre, et cet autre ne connaîtrait peut-être pas ce plaisir particulier d'être au plus près de ses bêtes.

Je vais promener ma meute entre les fougeraies somptueuses de cet été maussade.


Vendredi 20 Août 2021  7h30




Le jour se lève dans la gloire, ce matin.
Voir le soleil fait du bien.

Ce qui fait du bien, aussi, c'est voir ma Ttony un peu ragaillardie.
Ca n'est pas encore tout à fait ça, mais l'oreille est moins basse, le poil plus lisse, et l'œil plus animé.
Mes petites ont passé leur deuxième nuit dans l'étable. Petra serait bien ressortie, hier soir. 
Ttony, elle, quand elle a compris à la porte refermée que la nuit serait en intérieur, a fait une petite ronde sautillante autour du ballot de fougère ! Elle paraissait enchantée de la nouvelle tournure de ses journées. Même si elle est mieux, elle reste fatiguée. Aller au fond du champ ne lui dit pas. C'est pour suivre Petra qu'elle s'y résout. Là, toutes les deux dans un petit périmètre, pour elle, c'est le mieux.
Je profite ainsi le soir de mes deux beautés, couchées dans le paillage froufrouttant, ruminant les yeux fermés, entre deux soupirs d'aise.
Je m'installe sur les dernières marches de l'escalier, et je reste là, tout bêtement, à les contempler. L'ambiance paisible dans l'étable instille en moi le calme. Au gré du mouvement scandé des mâchoires de mes vêles, je retravaille moi aussi les quelques aigreurs de la journée, pour en faire une digestion sereine.
C'est cette scène qui pour moi mérite bien les quelques désagréments de deux ou trois brouettées de fumier à sortir, de quelques épisodes moins agréables, quand la bête malade m'inquiète vite.
Je suis très largement récompensée de mes petites peines, quand cette paix profonde descend en moi.

Le soulagement de voir Ttony récupérer vaut toutes les aubes ensoleillées.
Quand les deux se conjuguent, alors là, c' est parfait !

TonytaPetra sont restées ce matin dans les parages immédiats de l'étable.
Petra serait bien descendue dans le champ. Elle a mugi deux trois appels, depuis la porte ouverte, à une Ttony pas plus emballée que ça.
Elle traîne encore un peu la patte, ma blondinette. C'est peut-être la fatigue de ces derniers jours. Ou alors, une gentille paresse qui s'installe. 
Ttony deviendrait de plus en plus Anthony, tranquille, en retrait, jamais pressée. Des deux, et contrairement aux apparences, ce serait elle, la plus Katto pelato.
Et Petra s'affirme, meneuse, nerveuse, plus vive.
Les deux caractères se consolident. TtonytaPetra deviennent plus divisibles.
Cet épisode me rend Ttony plus attachante. Une bête à soigner, c'est une bête à laquelle on s'attache davantage.
Ces quelques jours vont rééquilibrer une balance affective résolument penchée vers Petra, au départ.
Ttony la blonde devient Ttony la fragile, celle dont il faut s'occuper avec plus d'attention.
Mes élans de tendresse sont glissants comme les plaques tectoniques.  J'utilise souvent cette allégorie. Parce-que je suis persuadée de la primauté de l'occulte sur le culte...






Le très visible, ici, c'est la complicité et l'attachement de ces deux là.

L'une patraque, l'autre réconfortante, par sa présence et ses câlins.

Je reste à les veiller. Puisque ce rôle m'a toujours gratifiée.





Dimanche 22 Août 2021 10h




Une escadrille d'une demi-douzaine d'hirondelles investit l'étable. Les nids sont inspectés, essayés. Les deux adultes autochtones s'affolent un peu de cette invasion.

Moi, j'en suis toute contente. J'imagine que ces hirondelles, sur le départ dans moins d'un mois, repèrent leurs points de chute pour l'année prochaine. Et que mon étable peut-être dans les nominés.

Les trois premières nichées de la vieille étable ont eu le temps de sortir. Pour les secondes, elles se sont délocalisées dans le garage d'Antton. 

Il y a eu deux fois quatre couvées, cette année, à la ferme. Il y en avait le double, dans mon jeune temps. A la mi-septembre, à quelques jours du départ, près de quatre-vingts hirondelles s'alignaient sur les tuyaux de la trayeuse, le long du mur, ici en dessous. Au petit matin, quand j'allumais la lumière dans l'étable, un raffut de pépiements sous les poutres s'agitait en une sarabande de vols saccadés. Pour l'année dernière, il n'y en n'avait plus qu'une quarantaine. Ca faisait quand-même un joli mouvement.

Cette année, je vais bien voir où vont se regrouper les locales. Et combien il y en aura.

Cette histoire d'hirondelles me tient. L'installation ici peut en loger plusieurs couples. Mais ces petites voudront-elles agréer mes propositions ? Je le saurai l'année prochaine.

C'est déjà bien que ce seul petit couple ait consenti à rester, dans les conditions si chahutées de ce printemps. Et que les trois autres aient pu tant bien que mal sortir leurs petits.

TtonytaPetra vont bien.

Ma petite miel clair a retrouvé son allant, et sa robe soyeuse.

Je compare leurs images, à maintenant 7 semaines d'intervalle.





Elles remplissent mieux la stalle. Et toujours aussi bien mes jours.

Leurs caractères se sont métissés.

Ttony s'est adoucie, surtout après son épisode souffreteux de la semaine dernière.

Petra, contrariée de la contrainte d'enfermement imposée par sa sœur, s'est agacée. Elle en est devenue un peu impatiente, presque bourrue dans ses mouvements.

Elle a pris en forces, et, des deux, c'est maintenant la plus gourmande, la plus empressée à l'auge.

Elles évoluent. Leur observation m'est une occupation très prenante.

Entre elles et les hirondelles, mes jours passent comme les flammes qui chatoient sur le pelage auburn de Petra.


Lundi 30 Août 2021  11h14

La semaine a filé.

Quelques administratifs à boucler m'ont mobilisée. 

Les affaires sont en ordre et on m'a maintenant octroyé le permis de mourir en paix. Que le Seigneur nous entende...

On m'a aussi accordé, en attendant, celui de vivre sereine, et je compte bien en user !

D'être née, on ne peut quand-même pas raisonnablement me le reprocher. Je me sens exempte du péché de m'être accrochée à l'étincelle de passage. C'était le réflexe de survie d'une âme en attente, et je n'y pouvais rien.

La faucheuse implacable assoiffée de blé vert nous a fait sentir le froid de sa lame, à la jardinerie.

Dans ces circonstances, une petite remise à zéro frissonne dans nos certitudes de mortels aveuglés sainement. Puis passe... heureusement !

Dans mes mauvais moments, le petit frisson frémit trop longtemps. La molécule pare.

Je reste quand-même persuadée d'avoir raison dans ma lucidité. Raison aussi de la museler, de plus en plus souvent. Quitte à passer pour une benêt...te ! J'ai renoncé à faire valoir une perception aiguisée et tranchante. Parce-que j'en ai suffisamment expérimenté les dommages, collatéraux et centraux.

Parce-que j'intègre aussi plus facilement le doute maintenant de ne pas être simplement taxée d'être une imbécile, mais d'en être vraiment une !

Je transfère ainsi la visée de mon agressivité pointée dans le premier cas de figure sur autrui. Pour le dévier vers une conjonction génétique arbitraire seule responsable de mon manque de discernement. Je bénéficie ainsi d'une totale exonération de toute charge mentale, posée sur moi, ou sur les autres, injustement jugés coupables de la vilenie de me méjuger.

Revêtir consentante la vêture d'une béate bienheureuse me paraît hautement plus confortable maintenant.

Je ne fais évidemment pas l'économie de quelques sursauts d'un orgueil  mal endormi. J'ai si longtemps été persuadée de ma perspicacité et de la finesse d'analyse de mes constructions mentales, que je ne fais pas facilement le deuil de cette arrogance.

Mes synapses en surchauffe m'ont obligée à reconsidérer mes positions. 

Je ne m'en trouve pas trop mal, dans l'ensemble. Et ma seule certitude à présent, est que la pente étant amorcée descendante, j'ai tout intérêt à me laisser gentiment porter par les flots. N'est pas saumon canadien qui le veut, et remonter à contre-courant, je n'y pense même pas !

J'ai connu la jeunesse, cette présomption de force, et cette énergie formidable. Je l'ai intensément vécue.

Je connais maintenant l'entrée en vieillesse. Ma très longue confrontation, même par procuration, à ses misères et ses sagesses m'aura peut-être bien préparée à la vivre au mieux. 

Ou pas. On verra...

Par un de ces enchainements hasardeux où les maillons s'étirent au risque de rompre, j'en viens à l'évocation de la corde à fougère.

Ces temps-ci, le chantier étant pour le gros terminé, nous vaquons distraitement avec Olivier à quelques perfectionnements légers.

Dans l'étable, ma balle de fougère s'amenuise. Dans le même temps, TtonytaPetra grandissent, et s'alourdissent. Cette balle de fougère est dans leur aire. Sans intervention particulière, le scénario est assez vite torché : TtonytaPetra vont renverser la balle, la faire rouler, bouler. S'en amuser follement, et me l'envoyer dans le pré, où elle ira s'écheveler jusque chez Conchita.

Ca ne va pas.

Pallier cette avanie nous a paru tout simple. Je n'ai pas la place pour mettre la fougère hors de l'aire de la stabulation. Il faut donc l'arrimer là où elle est, de façon à la garder à portée, pour utilisation, sans la laisser devenir le jouet de mes velles endiablées.

Je suis très adepte des solutions les plus simples, et les moins coûteuses. Une barrière en biais aurait très bien pu faire l'affaire. Mais d'une, il y a déjà bien assez de galvanisé dans les parages, et de deux, ce serait encore un coût, trop pénible pour moi qui ais verrouillé mon budget installation, toute effarée et haletante.

Nous nous sommes concertés, avec mon Olivier. Et accordés sur le principe d'une simple corde, passée dans des pitons solidement fichés dans le mur, de part et d'autre de la balle, positionnée dans l'angle. Ainsi, la fougère reste accessible, mais non amovible.  Le dispositif est léger, facile à adapter. 

Surtout, sa mise en œuvre ne demande aucun matériel supplémentaire, puisque nous avons les pitons, et la corde. Des cordes, j'en avais un plein coffre, de toutes tailles et textures.

En farfouillant dans ma réserve, une onde émotionnelle a sinué en moi en un parcours tiède amer.

Une longe, verte, neuve, a glissé dans mes doigts. Je l'ai tirée à moi.

Cette longe, j'en avais fait l'achat à l'un des retours de l'hôpital de mon père. A l'époque, il était tellement agité qu'il fallait l'attacher, dans son fauteuil ou dans son lit. Sinon, incapable de marcher ni même de se tenir debout, il s'écroulait au sol, et se blessait en essayant de se relever.

Ca semblait une contention barbare, et un restant de sensiblerie me rendait l'opération difficile. Je m'y résolus quand-même, plus pratique que mignarde.

Nous avions bien l'ordonnance pour un dispositif académiquement médicalisé. Je l'avais soigneusement étudié, à l'hôpital. A l'issue de fines observations, je conclus qu'une bonne et simple corde ferait parfaitement l'affaire, avec une solide manille en bout, pour l'accrocher à l'armature du lit métallique. Elle serait tout aussi efficace, et mieux dans le ton.

Pour autant, un restant de conscience juste au dessus de l'animale, me fit faire cette démarche incongrue : je fis à la jardinerie l'achat d'une longe en chanvre souple, flambant neuve, quand nous avions à la ferme toute une panoplie de cordages en tous genres.

Fallait-il que je sois chamboulée !

Ainsi, l'homme vénérable fut contenu, avec tous les égards dus à son rang honorable...

L'épisode passa, heureusement. Mon père retrouva ses esprits, puis ses jambes, et vécut et dormit de longues années encore, en toute paix et libéré de toute entrave.

J'ai ce matin encore été arroser la pervenche que j'ai déposée dernièrement sur sa tombe, et nous avons ensemble bien ri de cette péripétie.

C'est incroyable, ces petites pervenches. Elles paraissent fragiles comme du verre, et résistent à tout, chaleur ou sécheresse !

Tout le contraire de moi, rustique paysanne en apparence, et si vulnérable et manipulable, de constitution...

Les journées sont magnifiques. Pures, vives, saines.

TtonytaPetra prennent l'air, hument le levant, la mer, et rentrent prendre un peu de repos.

Les hirondelles pépient au dessus d'elles.

Mon monde est parfait.










vendredi 13 août 2021

02 au 13 Août

 


Lundi 2 Août 2021  7h 20






C'est un magnifique début de journée d'automne, en ce 2 Août.

Seul, le vert profond de la végétation rafraîchie par la bonne pluie de samedi nous ramène au calendrier.

Sinon, tout y est, la lumière légère, le ciel laiteux, le frais vivifiant du matin.

Zaldi et ses copines essaimées sur le pré sont balayées de soleil.

Les miennes sont rentrées pour manger, se tâtent à ressortir, calculent leur journée, pour décider finalement de ruminer un bon moment dans le paillage frais, avant toute chose.

Par jours de pluie, comme hier, elles retournent dehors en matinée. Là, le soleil darde et les dissuade. Elles préfèrent la fraicheur de l'étable.

Petra s'allume de reflets fauves. Ttony s'aguerrit, et me donne maintenant volontiers sa bonne grosse tête à gratter. Ces deux-là vivent leur vie, et agrémentent profondément la mienne.

Hier, notre promenade embaumait la fougère épanouie, le sous-bois humide, et les combes ourlées de brume.

C'est l'ambiance que je préfère. Je la déguste, je la savoure.

L'averse drue de samedi a été l'occasion de tester mes systèmes d'étanchéité.

Pour la terrasse en haut, je suis assurée de mon résultat. Finie l'auréole sombre, et les gouttelettes horripilantes. Sur ce front là, nous roulons sur du velours... sec !

Pour la cour en revanche, la preuve par trois reste à faire.

Un sardonique suintement en bout me nargue. Le reste, est parfaitement sec. C'est déjà un très joli résultat, quand on pense aux ruissellements antérieurs à mon intervention bâchage. Cette petite fuite, là-bas, est d'ailleurs hors zone protégée. Pour la simple et bonne raison que ma disponibilité en gazon synthétique était limitée. 

Comme toujours, j'aurais très bien pu commander le dit gazon à la bonne dimension. Le dérouler tout le long, et recouvrir l'ensemble de ma courette. Le problème aurait été réglé.

Je ne l'ai pas fait. Par souci d'économie, j'ai pris au magasin ce qu'il y avait, en invendus. C'était pas mal, mais ça n'était pas tout à fait assez.

J'ai donc encore une fois barguigné, et justifié ma ladrerie au prétexte que cette bande sans couverture me faisait parcage pour ma voiture. Mouais.

Le fait est, j'utilise bien l'endroit pour mes manœuvres, dans la visée d'aligner Grand Modus sur le pilier de clôture. Là où je gare mon destrier, je ne déborde aucunement sur le passage, et je ne pollue pas non plus ma visibilité depuis ici, sur la murette maintenant si joliment fleurie. 

Au prix il est vrai de plusieurs minutes de reculs et d'avancements laborieux, le long des jardinières, pour obtenir une parallèle parfaite. Au risque sans doute d'emboutir le pilier, où de me faire brouter l'essuie-glace arrière par Zaldi venue pâturer dans le coin.

La configuration est de ce fait moyennement satisfaisante, et ne le sera plus du tout, si notre ragréage d'hier s'avère inopérant. Oui, parce-qu'encore une fois, Olivier en a tenu pour les méthodes traditionnelles. Il propose, au cas où le béton ne serait pas suffisant,  d'intercaler le goudron, avant d'en venir, en tout dernier recours, à mon bâchage. Je laisse dire. Et m'apprête à faire.

La semaine est paraît-il annoncée pluvieuse. Les prochains jours parleront. Et me diront si je dois me résoudre, la mort dans l'âme, à faire la dépense supplémentaire de quelques mètres carré encore de bâche et de gazon.

J'en serai quitte alors pour parquer Grand Modus ailleurs. Repousser mes jardinières, agrandir ma courette.

Je me demande presque si je ne souhaite pas l'échec de notre plan A, tant le B me roucoule à l'oreille...

Quelle belle chose, d'avoir en secours une prospective attrayante, quand la première intention vous séduisait déjà...

Pour toutes les fois, et il y en a, où ni l'une ni l'autre ne vous agréent, et s'imposent juste là, à défaut de celles convoitées, et très malencontreusement hors de portée !

La bonne surprise de l'histoire, est la réapparition de mes mules et knepettes !

Et oui, en cherchant dans la porcherie-remise la chute de bâche de la dernière mise en œuvre, au cas où, (!),  j'ai distraitement décalé un carton posé par là. L'inscription sur son angle n'a pas atteint les sphères conscientes de mon entendement, dans un premier temps. Dieu merci, la couche en dessous a détecté l'information subliminale : chaussures, lingettes, interphone. Une association suffisamment éclectique pour brouiller les pistes. 

Il y a pourtant une cohérence dans cet agencement, comme il y en a souvent, là où, au premier coup d'œil, on penserait avoir affaire à un hasard farfelu.

Je me souviens très bien avoir fourragé à la hâte ces paquets de lingettes et d'autres accessoires semi-médicaux, dont je faisais grand usage du temps de mon père, le jour même de sa mort, dans la chambre d'Antton, à l'étage. Cette chambre vidée de son occupant légitime servait de remise.

Par la suite, sur la fin de l'été, j'y ai entreposé un meuble à chaussures originellement issu de ce même appartement, vidé pour l'entrée dans les lieux d'une des miennes nièces. Dans ce meuble, sans surprise, des chaussures, oui, mais aussi, dans les deux tiroirs supérieurs, quelques bricoles disparates. Dont cet interphone maudit qui me faisait trop souvent sursauter au beau milieu de la nuit. Celui-ci s'est retrouvé rangé là, quand, d'ici à côté, et d'à côté en bas, j'ai fini par m'installer au plus près de mon père. 

J'étais alors à portée directe de voix, et nous n'avions pas l'usage d'une transmission intermédiaire, quand il avait besoin de moi.  Je l'entendais. Ou pas, quand le si profond sommeil des premières heures de la nuit me mettait hors d'atteinte de tout appel. On aurait aussi bien pu alors me mettre dans la chambre la sirène du port de Pasaia, elle ne m'aurait pas davantage sortie de là.

Quand est venu le moment de vider la ferme, ce printemps, j'ai procédé par étapes. J'ai déménagé dans un premier temps les affaires de la chambre d'Antton dans le garage de la Clio, le temps que les travaux ici se fassent. Ainsi, je m'avançais, comme au jeu des quatre coins.

J'ai le souvenir tout aussi précis du moment où j'ai glissé deux paquets de lingettes dans l'un des tiroirs presque vide, histoire de ne pas éparpiller les petites choses lors des transferts.

Sur les étagères inférieures de ce petit meuble tout à fait ordinaire, s'alignaient ordinairement des chaussures. Quelques escarpins, vestiges des temps lointains où il m'arrivait d'en porter, à une ou autre occasion festive, et quelques autres chaussants de réserve.

En la matière, ma panoplie est tout aussi monastique que pour ma garde-robe générale. Je tourne sur une paire de bottes en caoutchouc, une paire de chaussures de sécurité pour le magasin, et, enfin, ma fameuse paire de mules pour l'intérieur. Selon la saison, c'est d'ailleurs soit la paire de bottes, soit les chaussures de sécurité. Ce qui fait deux paires de chaussures en alternance, parquées l'une ou l'autre près de la porte, sous le buffet. 

Je marche pas mal, entre la pépinière et ici. J'use nonobstant très peu. Mes chaussants, de qualité très moyenne, ont une durée de vie honorable. Plusieurs années pour les mules, à peine un peu moins pour les bottes. Le meuble dédié au magasinage de mes chaussures n'est visité qu'au moment de la "rechange". C'est dire ! Durant toute la période de déménagement et de travaux, je n'ai pas eu à y aller voir. 

La suite s'est enchainée sans surprise : le meuble à chaussures, pas trop haute qualité,  s'est déglingué pendant l'un des  transferts. Je l'ai vidé vite fait avant de le jeter, empilant dans le même carton tout ce qui s'y trouvait. Dont mes mules et les knepettes qui me manquaient cruellement la semaine dernière.

Ceci date d'il y a plusieurs semaines, et se perd dans un fatras de mouvements transitoires, où beaucoup d'affaires ont voyagé d'un bout à l'autre de la ferme. Raison pour laquelle mes deux perdues se sont égarées loin de mon système mémorisé.

Mon rangement dans la remise est d'après moi impeccable. Tout y est classé par départements : élevage, bricolage, ménager, matériel médical, grosse quincaillerie, jardin. Une carrière complète dans les rayonnages m'a passablement imprégnée.

Ce petit carton, hâtivement affilié médical, était bien dans le bon secteur. Les chaussures à l'intérieur, parachutées là à la faveur d'une précipitation coupable, n'auraient jamais du y être. Ce petit couac dans une organisation sinon efficace a engendré les perturbations que l'on sait. Honte à moi !

Au moins ai-je ainsi eu la satisfaction aigue de remettre la main sur ces mules tant regrettées, quand je n'aurais jamais frôlé cette béatitude, si je ne les avais pas un moment perdues. Je les regarde maintenant autrement, comme l'on voit d'un tout autre œil, l'ayant retrouvé, ce qui vous a été un moment enlevé, et qu'on a cru perdu à jamais.

Je suis très satisfaite, oui, d'avoir remonté ce fil, et détricoté, décortiqué, cette petite énigme désagréable.


Lundi 9 Août 2021 17h

Je m'apprête au goûter, avant d'aller faire mon tour par les champs. Le soleil est franchement revenu, et les chaleurs sont annoncées. La nature va bondir, fouettée par les degrés, quand elle est extraordinairement gorgée d'eau, en cette période habituellement sèche.

Je vais suivre ça de loin, dans mes paysages, et de très près, dans mes bacs luxuriants.

Je m'interromps pour la livraison d'aliment. Et oui, la logistique reprend ! J'initie les nouveaux circuits. La première fois passée, l'installation est suffisamment pratique pour qu'on ait l'impression d'avoir toujours fait de cette manière. La routine est calée.

Un bon petit bavardage entre connaisseurs plus tard, je vais abréger.

J'allais m'attarder sur les péripéties de cette dernière année, à l'occasion d'une échéance terminale.

Finalement, mieux vaut laisser tout ça en arrière. Et se féliciter simplement d'avoir bouclé la boucle, quand quelques nœuds en étaient méchamment serrés.

Je garde la visée et l'espoir de ma déesse sérénité. De ce Graal...

Quelques retours de Ménières chahutent mon optimisme. Le font chanceler, lui, et sa patronne malmenée.

Qu'importe ! Tant que je m'en relèverai, vacillante mais le regard tourné vers un horizon amical, je m'accrocherai.

Là, la perspective est belle, très belle. Alors, je ne vais pas m'en priver !

Je retrouve demain les museaux muselés. 

Cette fracture vaccinés-non-vaccinés alimente des conflits parfois bien crispés. J'essaie de m'en tenir éloignée, rageant quand-même sec derrière mon masque étouffant, quand j'entends les timorés du vaccin se mettre en travers de mon chemin vers la liberté.

Que faire ? S'enflammer dans des polémiques propres à faire monter la température de mes circuits internes de plusieurs degrés ? Aggravant ainsi sérieusement l'inconfort de ce bâillon duveteux posé sur mes naseaux fumants ? Fulminer en silence, tourner le dos à l'incompris, et tâcher de rester amour et paix quand-même ?

J'essaie. Je n'y arrive pas toujours, mais j'essaie.


Mercredi 11 Août 2021 16h44


Une tonique petite brise fraîche ventile le secteur. Il fait une température tout à fait agréable, ici, à l'ombre, avec vue sur la cour fleurie au soleil.

J'irai en promenade sur le soir. Il y a maintenant devant chez l'anglais-espagnol un convoi de caravanes et autres véhicules de vacances. Je contourne, depuis plusieurs mois déjà, l'endroit, préférant les sentes parallèles perdues dans les fougeraies et les sous-bois.

Lundi dernier, au moment de cette sortie, justement, j'ai eu une belle frayeur.

En démarrant d'ici, l'un des chiens voisins, d'ordinaire parqué derrière une longue clôture, s'est trouvé hors de son enclos. Libre, enfin libre !, il s'est avancé vers ma mini-meute. D'habitude,  les merdeux petits miens le narguent, le faisant rager tout le long du grillage, eux libres, et lui enfermé derrière.

Evidemment, l'occurrence ayant radicalement changé, les jeux de rôles se sont diamétralement inversés : les miens couinaient de panique, devant la charge décidée de l'autre. Il n'est pas méchant, heureusement ! Bullou, voulant se précipiter vers moi en diagonale, a heurté la trajectoire de l'animal. Il n'en avait pas du tout après elle, l'a seulement bousculée d'un coup d'épaule, sur le côté de la tête. Bullou, un instant sonnée, a secoué ses oreilles, qu'elle a grandes (d'où son petit nom de Parabole), et s'est réfugiée dans mes jambes.

Je l'ai longuement palpée, je me suis assurée qu'elle n'était nullement douloureuse, et nous nous sommes tous éloignés de cette zone conflictuelle.

Nous avons cheminé un petit moment, sur plusieurs centaines de mètres, je dirais, sans que rien de particulier ne se passe. Je marchai, tranquille, les chiens trottinaient, furetant sous les hampes de fougère, embaumées de toutes les senteurs d'une nature exaltée. Le ciel était joliment pommelé, les paysages placides.

Nous nous avancions vers le bois derrière l'anglais-espagnol, justement. Le chemin descend doucement, oblique, vers l'ombrage des grands arbres. Les Trois Couronnes sur la droite se posent majestueusement au plein mitan du tableau, en fond de monts dolents, arrondis sous les bosquets drus.

Je marchai, mordillant une brindille gorgée de sève acidulée.

Soudain, ma Bullou titube, vacille et chancelle. Elle s'emmêle les pattes en entrechats désordonnés, avance, puis recule, va à gauche, revient, tombe sur le cul, se relève, et retombe, les yeux chavirés, haletante.

La fougeraie est à cet endroit pentue. Si elle glisse ici, elle va rouler durement entre les tiges hautes. Je me précipite pour l'attraper. Je la soulève, elle tremble de tout son corps, propageant au mien ses ondes chaotiques.

Sur le coup, je suis moi-même en proie à un petit vertige. Serrant la chienne contre moi, je me laisse choir par terre. Un tapis moussu me réceptionne en douceur. Je suis appuyée contre un petit talus, la cuisse bien calée. Le sang pulse fort dans mon cou et comprime mes oreilles déjà bien congestionnées ces jours-ci.

Je connais parfaitement le phénomène. Je ne m'en affole plus. Je suis bien assise, je ne vais pas tomber ni me faire mal. Il suffit d'attendre.

Pour la chienne, je rapproche l'épisode du choc de tout à l'heure. Quelque chose a du se passer dans sa petite tête, à ce traumatisme. Un choc suffisamment sérieux pour causer du dégât. Je la vois bien mal. Je la tiens contre moi, la rassure autant que je le peux. Je pense qu'elle va mourir là, dans mes bras. J'essaie d'adoucir son trépas. Une grande peine s'épand en moi comme une nappe grise, faisant silence de tout le reste.

Lola, totalement indifférente, sautille sur ses courtes pattes et trépigne à nos côtés, comme pour dire : Alors ? On y va ?

Txief, lui,  sent que quelque chose ne va pas. Il se tient accroupi, le dos rond, les oreilles basses. 

Les minutes passent. Je respire lentement, calme et surtout profondément triste, ma petite chienne mourante dans les bras. Son corps s'alourdit déjà. Elle tremble moins, avale par saccades, me regarde, pitoyable. Elle ne souffre pas, ne se plaint pas. Je la caresse, longuement. Beaucoup de douceur, dans l'air, dans ce paysage calme, dans cette fin sans douleur. 

Petit à petit, ma chienne s'apaise. Je la regarde attentivement... Elle paraît plus confiante. Son œil reprend du brillant. Tiens, mes projections pessimistes seraient-elles trop dramatiques ? Moi ? Encore une fois théâtrale ?! Non.... pas moi....

Ma Bullou demande à s'écarter, je relâche mon étreinte. Je la repose au sol. Je suis moi-même mieux. Notre petite pause nous a requinquées toutes les deux.

Ma petite s'essaie de quelques pas, ça va. Je me relève, immensément soulagée de la voir vivante, pas trop fringante encore, mais guillerette déjà.

Je me souviens de cet épisode, il y a plusieurs années, quand j'avais été dans le champ la ramasser. Elle gisait sur le dos, complètement inerte. Zaldi avait du l'envoyer bouler d'un coup de sabot, ou alors elle s'était elle-même jetée au sol dans cette posture, histoire de tromper l'ennemi, par calcul, ou sous la poussée d'une compression musculaire ou neurologique défensive.

Les chèvres font beaucoup ça, paraît-il. Quand elles prennent peur, elles basculent et chavirent, se retrouvant par terre, les quatre fers en l'air. Elles se tétanisent ainsi quelques secondes, puis, se relèvent, titubent un peu, et repartent. Quelques minutes après, il n'y paraît plus, et elles reprennent le cours de leur journée, comme si de rien  n'était.  

On détermine mal s'il s'agit d'une stratégie élaborée, ou d'une compulsion physico-neurologique non maîtrisée en une espèce de Menière animal.

Je savais avoir déjà avec la gente caprine une similitude capillaire : il me vient comme aux biquettes, une petite barbiche, sous le menton, en très vilains poils follets. Ma mère avait la même.

J'ai donc appris dernièrement avoir aussi en commun avec elle cette particularité de comportement en situation de panique, et même de simple tension. Comme quoi...

J'ignorai le phénomène présent chez les chiens.

Ma Bullou et moi serions cosmiquement unies par un lien intra-espèces ?

Elle a déjà cet automne manifesté par sa dépression caractérisée mon propre malaise, à Rivière.

Maintenant, par un mimétisme vertigineux, elle dupliquerait ses réactions aux miennes ?

Seigneur Dieu jusqu'où nous mènera cette symbiose ?

Suffira-t-il que je la regarde attentivement, pour savoir ce qu'il se passe dans ma pauvre tête, et que je ne démêlerais pas sans en voir les signes chez elle ?

Elle serait ma toise, et je serais son syndrome, alors !

Là, elle me regarde de ses bons yeux dorés, et je glisse voluptueusement dans son adoration inconditionnelle.



Vendredi 13 Août 2021  18h30


Je pensais faire une bonne séance d'écriture, aujourd'hui.

Plusieurs visites aussi impromptues qu'agréables m'en on détournée.

Je reprendrai la semaine prochaine, sans doute.

Je dirai mon plaisir à vivre ici, ainsi.

La joliesse de ma petite cour engazonnée. Oui, parce-qu'évidemment, j'ai mis à exécution ce plan B si attirant.



Mon contentement tout simple à regarder mes compositions naïves. Ce grossier pot aux quatre visages opposés, ces quelques pierres posées là comme par hasard, quand, au centimètre près, leur lest arrime au plus juste mes chutes disparates.

Ces décors de pacotille, au clinquant du plus mauvais goût, sans doute, quand pour le mien ils me contentent pleinement.




Je n'ai pas reçu dans mon éducation la faculté de discerner le "beau", l'académique. Je ne saurais pas faire la différence entre une verroterie grossière et un diamant à l'eau la plus pure.

Et je m'en trouve fort bien, puisque j'ai plus facilement l'occasion de tenir dans ma main la première que le second ! 

Ainsi, mon plaisir ne se ternit pas d'une connaissance qui le fêlerait. Et il se nourrit en abondance à une source bien plus fertile !

On ne rend pas service au gens en leur enseignant des valeurs élitistes, quand on ne leur donne pas en même temps la garantie de ne connaître qu'elles. Et nul, même issu de la cuisse de Jupiter,  n'est à l'abri de croiser sur son chemin du vilain et de l'ordinaire, n'est-ce pas ? 

Le laid, le commun, est une souffrance, quand on sait en faire la différence.

Pour moi, la beauté peut-être n'importe où. Et souvent là où les puristes ne la trouveraient sûrement pas. 

Mon ignorance me préserve. Je suis une simple, d'esprit et de vie. 

Mon monde tient dans ce bout de ferme, entre ces 3 chiens, ces deux vaches, un grand mari et quelques amis.











Je vais de ce pas, nourrir mes vêles. TtonytaPetra sont bien communes, elles aussi.







Quand, pour moi, elles sont aussi précieuses que les plus belles perles de l'Orient...