Vendredi 2 Août 2019 9h30
L'ambiance est toujours agréablement fraîche pour un début d'Août.
Je suis ici désagréablement obsédée par une petite fuite au robinet de la douche. Le floc de la goutte tombée dans le fond de bol me torture. Mon Ange gardien local a migré vers des horizons nordiques, pour quelques jours. Il a fait l'inverse de mes hirondelles.
Je dois me résoudre à attendre son retour.
Pour ne pas céder au tourment de cette goutte d'eau, je dois m'en distraire.
Quoi de mieux que l'eau pour se guérir de l'eau ?
Cousinou dans sa grande mansuétude m'en donne l'occasion.
Mes histoires d'hirondelles, bucoliques et mignonettes, c'est bien joli.
C'est du violon harmonique et douceâtre.
Là, j'ai besoin pour défouler mes nerfs en vrille d'autre chose. De cymbales qui claquent et qui tonnent.
En parlant de tonner, il y a eu un bel orage, hier matin : des éclairs longs et fulgurants dans un ciel chargé de plomb, des grondements et des éclats de tonnerre terribles.
Un de ces abats d'eau d'Août qui cingle et emporte, ravine et inonde.
Mes deux anges Gabriel pas gardiens, aux G migrants, en savent quelque chose.
L'un pour l'avoir expérimenté, l'autre de le craindre suffisamment pour vouloir le "prévenir, plutôt que guérir".
A ce compte là, autant se couper la jambe tout de suite, des fois qu'elle choperait la gangrène…
Et puis, pour une meilleure sécurité, l'autre aussi, et les bras, et la tête, alouette !
A ce compte là, autant se couper la jambe tout de suite, des fois qu'elle choperait la gangrène…
Et puis, pour une meilleure sécurité, l'autre aussi, et les bras, et la tête, alouette !
Mon "bloc" investit ici sa fonction la moins reluisante, j'en conviens, celle des règlements de comptes. Ce n'est peut-être pas joli-joli, mais bon, qui a dit que j'étais un ange, moi ?
Ce volet de mes chroniques est d'ailleurs celui qui remplit le mieux la salle, localement, j'en suis bien certaine.
Et bien, ma foi, puisque moi je suis addicte à l'écriture, puisqu'il semblerait que d'autres le soient à la lecture, montons tous dans le même bateau, et vogue la galère au dessus des flots déchaînés !
L'objet de la polémique, cette fois, c'est ce petit béton rondelet, joliment ourlé au pied du pilier de la clôture en limite avec le Cousinou.
Les images sont de ce matin, après l'averse drue d'hier :
Les images sont de ce matin, après l'averse drue d'hier :
Vue rapprochée en gros plan
Vue d'ensemble
Ce béton, souvenons-nous, coulé à profusion par des professionnels du câble enterré, qui devait passer par ici, et était finalement passé par là, par chez moi.
Ce béton nous préserve de la boue gluante, en principe. Nous pouvons maintenant faire le tour complet de la ferme, en pantoufles : que du bonheur !
Ce béton de la discorde, comme le remarque si justement le sagace Cousinou, ne se livre pas par mètres cubes, "gratis".
Non, en règle générale, le béton, les toupies de béton, ça se paye, et assez cher.
Ce projet dans l'air du temps depuis longtemps d'aménager un accès dans le champ, et de bétonner cette sortie d'étable, attendait justement le déblocage d'une ligne de budget.
Là, grâce, et je dois ici l'en remercier, à cette tête de pioche de Cousinou, qui avait refusé le passage "chez lui !" de ce câble, au prétexte d'un document non signé bien en amont, je ne sais quoi, je ne sais qu'est-ce, j'ai pu profiter des largesses d'un directeur d'agence de BTP suffisamment énervé par ce refus, et pris par le temps, pour me dédommager largement de lui avoir permis de mener son projet à terme, malgré ce fâcheux aléa. Il m'a offert son béton et ses hommes. Alléluia !!
Il est comme ça, le Cousinou. Il peut dire oui, et pas oui-oui. Ca fait non, comme dans certaine règle arithmétique dont je serais bien incapable de me souvenir.
Tout ce petit historique pour en revenir à l'affaire d'eau du jour.
Le jeudi 18 juillet au matin, Cousinou s'en vint à la ferme.
Venait-il prendre des nouvelles de son vieil oncle de 91 ans ? Le saluer et le féliciter de sa bonne forme retrouvée ?
Que nenni !
Non, non, non !!
Non, il venait le houspiller, sans tambour ni trompettes, en bottes hautes et verbe à l'avenant :
nous devions faire quelque chose avec ce béton, il déviait l'eau de "main d'homme", et cette eau allait dans son champ.
Bien.
Si nous ne faisions rien, il ferait venir un huissier, nous assignerait au tribunal, et nous perdrions…
Re-bien.
Il s'en retourna comme il était venu.
Le dimanche 21 au petit matin, je m'en vais le trouver dans le pré où il fauchait son maigre regain.
Il consentit à interrompre son ouvrage, et descendit même très urbainement de son tracteur.
Voisine arrangeante et cousine soucieuse de la bonne entente familiale, je lui proposai de faire les quelques mètres qui nous séparaient du lieu de l'outrage, pour voir ensemble le meilleur moyen d'y remédier.
Non, non, non, me dit-il, (là, ça devait bien faire non), pas besoin d'aller examiner de près, ça se voyait, "à vue d'œil". Après le "main d'homme" qui semblait lui avoir beaucoup plu, nous en étions à "vue d'œil". Je me demandais si ça n'était pas une manière de jeu, où il fallait remonter toutes les parties de l'anatomie humaine. Je me préparais avec tête de cochon, ou, alors, de mule, et, pourquoi pas, bonnet d'âne ? ha non, bonnet d'âne, ça n'aurait pas fait l'affaire, c'est vrai.
C'est trop tard, maintenant ! continua-t-il. Je fais intervenir l'assurance, quelqu'un va venir. Je ne veux pas d'eau dans mon champ, ni de gravier non plus !
Nous en étions à un jour ouvrable après sa sommation menaçante. Nous étions à l'avant-veille de cette journée caniculaire record, où les 40° Celsius auraient asséché toute velléité torrentielle. Se prémunir en urgence absolue contre un risque d'inondation à Agorreta me semblait cocasse. Enfin !
Après l'huissier et la cour de justice, nous en revenions à la plus modeste assurance. D'accord.
Je le laissai là sur ces entrefaites, et m'en retournai, attendre, ce "quelqu'un", qui devait venir, en ombre noire planant sur mes jours quiets.
Lui garantir qu'il n'aurait pas d'eau dans son champ, je n'étais pas sûre de pouvoir le faire, ni qu'aucun assureur le puisse davantage. Là, il fallait monter plus haut, et demander carrément au Bon Dieu et à tous ses saints de nous prêter main forte. (Tiens, en voilà une autre, de main).
Au passage, l'étymologie basque de "Legorburu", notre patronyme commun, ramène à une gravière, c'est à dire une carrière de gravier.
Le caillou, le gravier, la tête de pierre, et de pioche, ça devrait nous connaître.
Des cailloux, d'ailleurs, il y en a, dans le coin, dans ce même champ, tiens :
Ils font d'ailleurs controverse, ceux-là aussi. Dans l'autre sens : Cousinou tient à les garder, ceux-là…
Quand je lui fis remarquer que ce chemin, non, chemin, il n'aime pas, cet accès, donc, était aussi fait de "main d'homme', et que, visiblement, il déviait aussi l'eau, et en ma défaveur, Cousinou argua que l'ouvrage avait été réalisé par son père, le mien, et leur père, soit notre grand-père.
- Alors, va chercher Aïtatxi, lui dis-je. A six pieds sous terre.
Il ne releva pas.
Mercredi en fin de matinée, en effet, "quelqu'un", vint.
Un médiateur d'assurance, très aimable, poli et propre sur lui.
Accompagné de mon grand Cousinou, dont le salut fut plutôt bref, mais, bon…
Nous nous penchâmes tous les trois sur l'objet du délit.
Une ou autre herbe aplatie, de la terre, deux petites pierres.
Sur le gazon ras du Golf de Fontarrabie, et encore, ça aurait pu faire désordre, c'est vrai.
Là, en pied de cette clôture branlante, perdus dans le fatras de ces chardons croisés de rutabagas sauvages, dans cette zone laissée à l'abandon, une ou autre herbe un peu aplatie, de la terre, et deux petites pierres…
L'expert allongea une lippe dubitative.
Cousinou en tenait pour un outrage à venir.
Je promis de prendre toutes les mesures conservatoires dans mes possibilités, pour préserver de l'inondation ou d'une avalanche de pierres, cette contrée si protégée.
Au vu de la configuration du terrain, mes meilleures intentions resteraient sans trop d'effet. Mais bon.
Le médiateur bien urbain agréa ma proposition, et s'en fut sur le chemin.
Il m'avertit d'un prochain courrier récapitulant notre entrevue. Me demanda de lui répondre dans le même sens.
A moi, me demander d'écrire !
Je lui promis, encore une fois.
La chronique d'aujourd'hui sera mon brouillon.
J'espère que cet homme venu tout exprès depuis Pau, au prix de primes d'assurance toujours augmentées, trouvera ma prose à son goût, lui.
Pour les autres, qu'ils se souviennent, combien ils l'appréciaient, eux aussi, avant, quand c'était pour défendre leurs causes.
Comme le disait ma regrettée mère : il était bienn bonn, avannt !
Je sens bien le petit vélo emballé dans ma tête.
C'est sûr, pour d'autres, avec leurs trottinettes, ils mugissent comme une ensileuse en service, et se traînent à peu près aussi vite. Peu de risque qu'ils chavirent sur les chaos.
Ma chronique se fait plus explicite, s'ébrouant des métaphores ou allégories brumeuses.
Puisque la rupture est consommée, buvons notre verre jusqu'à la lie !
Le temps a passé.
Je sens bien le petit vélo emballé dans ma tête.
C'est sûr, pour d'autres, avec leurs trottinettes, ils mugissent comme une ensileuse en service, et se traînent à peu près aussi vite. Peu de risque qu'ils chavirent sur les chaos.
Ma chronique se fait plus explicite, s'ébrouant des métaphores ou allégories brumeuses.
Puisque la rupture est consommée, buvons notre verre jusqu'à la lie !
Le temps a passé.
Et oui, tout passe.
Pendant qu'on attend… le déluge !
Pendant qu'on attend… le déluge !
L'eau qui roule et emporte les pierres, sans leur laisser le temps d'amasser de la mousse...