Vendredi 13 décembre 2019 20h
Une très forte tempête a secoué notre nuit. La coupure électrique sur le coup des 4 heures du matin a fait ressortir les romantiques chandelles, et les piteuses torches stérilisées de leurs piles vides.
Le confort est ce qui manque tant que par le vide qu'il a laissé… disait Goldman, ou quelque chose d'approchant, pour ce que je m'en souvienne. (Alambiqué comme tournure, mais bien sonnante...).
Quand la fée électricité est revenue, dans le courant de l'après-midi, après quelques hoquets de suspense, nous l'avons révérée comme la déité qu'elle ne devrait jamais cesser d'être. Puis, l'avons intégré avec une coupable indifférence, comme si elle nous était due.
Nous sommes bien des "ogi pillako txoriak", comme le disait souvent ma défunte, et parfois regrettée, mère. Des oiseaux perchés sur une pile de blé. Des ingrats inconscients de leur chance, en gros.
A la faveur du courant revenu, j'ai remis en marche ma saison charcutaille. Après les saucisses il y a une ou deux semaines, j'ai envoyé le boudin.
Comme l'ordonnancement de la journée a été sérieusement bousculé, j'ai profité du prompt renfort fraternel, et le tout à été bouclé pour le soir.
Je confie ici ma dernière recette. Sachant que je n'ai pas pris la peine de retrouver celle de l'année dernière, et que je ne reprendrai sûrement pas davantage celle-ci la prochaine fois;
Qu'à cela ne tienne, en matière de cuisine, l'improvisation est source de bonnes surprises. Ou pas...
7kgs de ventrèche maigre. 4 oreilles. 20 joues. 2 goulats. 3Kgs d'oignons. Sang de boucherie couleur fraise écrasée. A ne pas prendre en compte, noircira à la cuisson dans l'eau.
A l’œil, ça paraît bien, à l'odeur, c'est un peu plat.
Au goût, comme ça, frais, ça se défend.
Verdict dimanche.
Là, tant que la lumière brille, que l'eau est chaude, une longue et bouillonnante douche, en gardant sait-on jamais la torche à portée de main.
Le vent continue de souffler.
Là, tant que la lumière brille, que l'eau est chaude, une longue et bouillonnante douche, en gardant sait-on jamais la torche à portée de main.
Le vent continue de souffler.
Dimanche 15 décembre 12h
Pas mal du tout, nos boudins. Un peu relevé, je dirais, histoire de ne pas me vanter.
Nous avons tant bien que mal rattaché le jasmin vautré sur sa base.
Lundi 16 décembre 19h30
Dans les petites nouvelles locales, un fait divers :
Ce devait être samedi, dans l'après-midi. On me l'a rapporté. J'étais à la jardinerie.
Un pugilat éclate dans le chemin le long du bois de l'"anglais" espagnol.
Des gens hurlent, des chiens grognent. D'ici, mes familiers entendent les échos de plus en plus vifs d'un échange conflictuel caractérisé, autour d'une sérieuse bagarre de chiens.
La situation ne paraît pas partie pour se calmer.
Soudain, un coup de fusil claque. Une femme hurle, un chien gémit.
Puis, silence.
Mes familiers aux aguets retiennent leur souffle. La sidération les fige un instant.
Un homme sort du bois. Il court, enfourne son chien dans une voiture arrêtée là, jette son fusil dans le coffre, et s'en va !
La femme se remet à crier, implorant de l'aide. Un chien couine, moins fort.
Le mien neveu se précipite.
Arrivé dans le chemin creux, il secourt une pauvre femme en pleurs : elle essaie de tirer à elle un pauvre chien au dos pelé et ensanglanté.
A eux deux, ils hissent tant bien que mal l'animal dans le coffre d'une autre voiture, pour l'emmener se faire soigner, si au moins on peut le sauver.
Les deux protagonistes ne se connaissent pas, mais sont connus de mes familiers.
L'affaire se réglera au commissariat.
Je demande des nouvelles du chien. On n'en a pas.
Parfois, des situations courantes se crispent en une stupéfiante montée tragique.
Tout peut aller très vite et très mal.
Une seule seconde où la passion bouscule trop fort la raison, et tout bascule.
J'espère juste que le chien blessé a pu être sauvé.
Que la femme sera capable de revenir promener son chien par ici sans trembler à la vue d'une silhouette même lointaine.
Que le chasseur préférera laisser loin son fusil, se sachant comme nous tous capable du pire.
Et je sais bien que mes souhaits pieux ne changeront pas le monde...
Nous avons tant bien que mal rattaché le jasmin vautré sur sa base.
Lundi 16 décembre 19h30
Dans les petites nouvelles locales, un fait divers :
Ce devait être samedi, dans l'après-midi. On me l'a rapporté. J'étais à la jardinerie.
Un pugilat éclate dans le chemin le long du bois de l'"anglais" espagnol.
Des gens hurlent, des chiens grognent. D'ici, mes familiers entendent les échos de plus en plus vifs d'un échange conflictuel caractérisé, autour d'une sérieuse bagarre de chiens.
La situation ne paraît pas partie pour se calmer.
Soudain, un coup de fusil claque. Une femme hurle, un chien gémit.
Puis, silence.
Mes familiers aux aguets retiennent leur souffle. La sidération les fige un instant.
Un homme sort du bois. Il court, enfourne son chien dans une voiture arrêtée là, jette son fusil dans le coffre, et s'en va !
La femme se remet à crier, implorant de l'aide. Un chien couine, moins fort.
Le mien neveu se précipite.
Arrivé dans le chemin creux, il secourt une pauvre femme en pleurs : elle essaie de tirer à elle un pauvre chien au dos pelé et ensanglanté.
A eux deux, ils hissent tant bien que mal l'animal dans le coffre d'une autre voiture, pour l'emmener se faire soigner, si au moins on peut le sauver.
Les deux protagonistes ne se connaissent pas, mais sont connus de mes familiers.
L'affaire se réglera au commissariat.
Je demande des nouvelles du chien. On n'en a pas.
Parfois, des situations courantes se crispent en une stupéfiante montée tragique.
Tout peut aller très vite et très mal.
Une seule seconde où la passion bouscule trop fort la raison, et tout bascule.
J'espère juste que le chien blessé a pu être sauvé.
Que la femme sera capable de revenir promener son chien par ici sans trembler à la vue d'une silhouette même lointaine.
Que le chasseur préférera laisser loin son fusil, se sachant comme nous tous capable du pire.
Et je sais bien que mes souhaits pieux ne changeront pas le monde...
Mercredi 18 décembre 14h
Les jeunes et vigoureux charpentiers sont à l'oeuvre.
Les bois vénérables de la ferme seront restaurés. Quelques bouts de pannes vérolées sont rajeunies, chapeautées de frais.
Aramburu terminera l'œuvre en habillant tout ça d'alu lisse et inaltérable.
Un autre accident malheureux a, ce début de semaine, précipité une pauvre femme sous les roues d'un camion. La laissant morte.
Un autre de ces accidents où tout bascule en une seule seconde.
Pas de coupable, pas de fautif, pas de responsable. Sans doute.
Pourtant, la tentation est grande de mettre un nom, une cause, une justification, sur cet arbitraire tragique où le sort s'invite avec fracas et fait voler en éclats nos quotidiens ordinaires.
Une vie fracassée sur l'asphalte dur, un brave homme sidéré d'être devenu meurtrier.
L'un et l'autre insouciants la seconde d'avant. Et brisés tous les deux dans l'instant.
Dimanche 22 décembre 2019 17h40
Nos rentrons avec Olivier de notre promenade rituelle; l'effet en est intact : les paysages d'arbres dans l'eau, et d'eau dans les arbres, le flot gris beige de l'Adour, élargi entre les berges gris-noir, aux ramures infinies en ramilles délicates, apaisent le pouls et détendent les crispations.
J'ai appris ce matin la mort de notre Popol local, ce vieil homme si émouvant à l'enterrement de sa diablesse Pepita.
J'ai repris ce passage, pour me remémorer la date : presque 2 ans après sa douce pas si douce, notre mémoire de presque un siècle s'en est retourné après elle vers ces limbes où sa toute frêle carcasse repliée en fœtus s'apprêtait déjà à rejoindre cet entre deux mondes, cet inconnu d'avant et après notre temps conscient.
C'était le 27 décembre 2017 :
Hier matin, nous avons été avec mon père enterrer Joséphine, dite Pépita, l'une des vieilles cousines survivantes de la famille.
L'église de Béhobie, ses volutes fleuries plutôt fraîches encore, son curé africain aux longues mains mobiles et au regard envoûtant, presque, son orgue majestueux au premier niveau, quand il est souvent juché en galerie, nous enveloppaient dans la douce nostalgie de ces funérailles, quand on n'est pas trop proche du défunt.
Le veuf, petit homme ratatiné sur le premier banc, un crâne tout lisse de bébé, si ce n'est quelques cheveux soigneusement plaqués dessus, restait assis, ne marchant plus. Il acquiesçait tout de même aux uns et aux autres, venus lui serrer l'épaule ou l'embrasser.
Le curé sermonnait avec conviction, levant ses longues mains gracieuses, scandant ses paroles, et rythmant les chants de mouvements énergiques. Il habitait vraiment sa foi, s'inclinant avec humilité, ou levant les yeux au ciel d'un regard totalement inspiré.
Une vieille bigote, chargée elle d'entonner les chants et de donner la cadence, me semblait moins convaincante, malgré ses yeux fermés et ses poses appuyées.
A la fin de l'office, à ce moment toujours poignant où on emporte la caisse longue, le veuf remis dans une chaise roulante me fit face. Ses larmes essuyées soigneusement d'un petit mouchoir blanc me touchèrent. Son visage, aussi lisse que son crâne, était figé. Seul, ce regard papillonnant et perdu disait la tragédie de se retrouver seul après plus de soixante-dix années de mariage, même si, paraît-il, les derniers temps, notre Pépita était méchante comme la gale.
Ce regard éperdu disait aussi l'effroi d'une fin sans doute proche, quand la résignation n'est plus un rempart suffisant, quand l'aveuglement salvateur de nos vies humaines ne suffit plus à nous abriter de l'inéluctable.
Ces émotions me bouleversèrent un instant comme une houle tranquille et puissante.
Puis, la vie reprit le dessus, les salutations aux uns et aux autres, les visages reconnus, les sourires échangés et les baisers donnés et reçus. Notre Kottep toujours chaleureux acheva de me ramener sur la berge claire, et nous rentrâmes, avec mon père, nous soutenant l'un l'autre dans la pente raide de la sortie d'église.
Je laisse maintenant venir à moi les émotions sans vouloir les refouler.
J'ai appris le poids lourd et crispé d'une boule retenue au creux de l'estomac, sa morsure mauvaise et son fiel destructeur.
J'ai appris les fritures inévitables sur les lignes de connection, quelquefois, et la nécessité de les apaiser très vite, pour les empêcher de virer au vinaigre.
J'expérimente ma science fraîche tous les jours et partout. C'est un exercice salutaire et indispensable, quand on est comme moi revenue d'une zone bousculée.
J'en parlais hier encore avec ma brune Lasseguette. Je n'ai pas su lui dire justement mon ressenti. Je trouve mieux les mots aujourd'hui, comme il arrive souvent, la répartie judicieuse ou la phrase correcte arrivant trop tard !
Je ne suis pas devenue "moins émotive", non. Et je ne le voudrais pas.
Je suis devenue plus familière de mes émotions, plus accueillante à elles?
Elles me paraissent moins dangereuses, si j'arrive à les laisser passer, sans en faire ce poids encombrant et stérile.
Les sortir de moi, quand elles gonflent et demandent de l'air, les libérer.
Un exercice, c'est ça, dont la fluidité ne m'est pas encore acquise. Je chemine.
Nous irons mardi avec mon père l'accompagner en terre.
Saluer ce si long parcours, de ces très vieilles gens dont les petites histoires se fraient dans la grande. L'après première guerre mondiale, la guerre civile en Espagne, la seconde guerre mondiale, la guerre d'Algérie, en fond des turbulences d'une vie ordinaire, déjà chahutée sans ces arrière-plans menaçants.
La joie de vivre encore après tout ça, l'immense gratitude des bienfaits gagnés à la force du poignet, et l'émerveillement naïf de ceux reçus comme des dons du ciel, allumaient jusqu'à il y a encore quelques jours les prunelles délavées de notre vieil aïeul.
Il ne pesait plus grand chose, mais son souvenir se grave profondément dans l'idée que je me fais des choses à garder en mémoire.
L'année se termine, une autre nous vient.
Les ruées tempétueuses malmènent les parages, couchant quelques arbres et aplatissant les ronces sur les talus bas.
Les paysages oublient les couleurs et se grisent, perdent les reliefs et se fondent en masses figées.
Ce répit d'entre fêtes écarte pour ce temps de trêve la presse et la presque frénésie de la marche d'un monde en course. Vers quoi ?
Je chemine, toujours, agréablement, pour le moment.
Je renonce à comprendre, et me contente, sinon de soigner, au moins de ne pas nuire.
Un autre accident malheureux a, ce début de semaine, précipité une pauvre femme sous les roues d'un camion. La laissant morte.
Un autre de ces accidents où tout bascule en une seule seconde.
Pas de coupable, pas de fautif, pas de responsable. Sans doute.
Pourtant, la tentation est grande de mettre un nom, une cause, une justification, sur cet arbitraire tragique où le sort s'invite avec fracas et fait voler en éclats nos quotidiens ordinaires.
Une vie fracassée sur l'asphalte dur, un brave homme sidéré d'être devenu meurtrier.
L'un et l'autre insouciants la seconde d'avant. Et brisés tous les deux dans l'instant.
Dimanche 22 décembre 2019 17h40
Nos rentrons avec Olivier de notre promenade rituelle; l'effet en est intact : les paysages d'arbres dans l'eau, et d'eau dans les arbres, le flot gris beige de l'Adour, élargi entre les berges gris-noir, aux ramures infinies en ramilles délicates, apaisent le pouls et détendent les crispations.
J'ai appris ce matin la mort de notre Popol local, ce vieil homme si émouvant à l'enterrement de sa diablesse Pepita.
J'ai repris ce passage, pour me remémorer la date : presque 2 ans après sa douce pas si douce, notre mémoire de presque un siècle s'en est retourné après elle vers ces limbes où sa toute frêle carcasse repliée en fœtus s'apprêtait déjà à rejoindre cet entre deux mondes, cet inconnu d'avant et après notre temps conscient.
C'était le 27 décembre 2017 :
Hier matin, nous avons été avec mon père enterrer Joséphine, dite Pépita, l'une des vieilles cousines survivantes de la famille.
L'église de Béhobie, ses volutes fleuries plutôt fraîches encore, son curé africain aux longues mains mobiles et au regard envoûtant, presque, son orgue majestueux au premier niveau, quand il est souvent juché en galerie, nous enveloppaient dans la douce nostalgie de ces funérailles, quand on n'est pas trop proche du défunt.
Le veuf, petit homme ratatiné sur le premier banc, un crâne tout lisse de bébé, si ce n'est quelques cheveux soigneusement plaqués dessus, restait assis, ne marchant plus. Il acquiesçait tout de même aux uns et aux autres, venus lui serrer l'épaule ou l'embrasser.
Le curé sermonnait avec conviction, levant ses longues mains gracieuses, scandant ses paroles, et rythmant les chants de mouvements énergiques. Il habitait vraiment sa foi, s'inclinant avec humilité, ou levant les yeux au ciel d'un regard totalement inspiré.
Une vieille bigote, chargée elle d'entonner les chants et de donner la cadence, me semblait moins convaincante, malgré ses yeux fermés et ses poses appuyées.
A la fin de l'office, à ce moment toujours poignant où on emporte la caisse longue, le veuf remis dans une chaise roulante me fit face. Ses larmes essuyées soigneusement d'un petit mouchoir blanc me touchèrent. Son visage, aussi lisse que son crâne, était figé. Seul, ce regard papillonnant et perdu disait la tragédie de se retrouver seul après plus de soixante-dix années de mariage, même si, paraît-il, les derniers temps, notre Pépita était méchante comme la gale.
Ce regard éperdu disait aussi l'effroi d'une fin sans doute proche, quand la résignation n'est plus un rempart suffisant, quand l'aveuglement salvateur de nos vies humaines ne suffit plus à nous abriter de l'inéluctable.
Ces émotions me bouleversèrent un instant comme une houle tranquille et puissante.
Puis, la vie reprit le dessus, les salutations aux uns et aux autres, les visages reconnus, les sourires échangés et les baisers donnés et reçus. Notre Kottep toujours chaleureux acheva de me ramener sur la berge claire, et nous rentrâmes, avec mon père, nous soutenant l'un l'autre dans la pente raide de la sortie d'église.
Je laisse maintenant venir à moi les émotions sans vouloir les refouler.
J'ai appris le poids lourd et crispé d'une boule retenue au creux de l'estomac, sa morsure mauvaise et son fiel destructeur.
J'ai appris les fritures inévitables sur les lignes de connection, quelquefois, et la nécessité de les apaiser très vite, pour les empêcher de virer au vinaigre.
J'expérimente ma science fraîche tous les jours et partout. C'est un exercice salutaire et indispensable, quand on est comme moi revenue d'une zone bousculée.
J'en parlais hier encore avec ma brune Lasseguette. Je n'ai pas su lui dire justement mon ressenti. Je trouve mieux les mots aujourd'hui, comme il arrive souvent, la répartie judicieuse ou la phrase correcte arrivant trop tard !
Je ne suis pas devenue "moins émotive", non. Et je ne le voudrais pas.
Je suis devenue plus familière de mes émotions, plus accueillante à elles?
Elles me paraissent moins dangereuses, si j'arrive à les laisser passer, sans en faire ce poids encombrant et stérile.
Les sortir de moi, quand elles gonflent et demandent de l'air, les libérer.
Un exercice, c'est ça, dont la fluidité ne m'est pas encore acquise. Je chemine.
Nous irons mardi avec mon père l'accompagner en terre.
Saluer ce si long parcours, de ces très vieilles gens dont les petites histoires se fraient dans la grande. L'après première guerre mondiale, la guerre civile en Espagne, la seconde guerre mondiale, la guerre d'Algérie, en fond des turbulences d'une vie ordinaire, déjà chahutée sans ces arrière-plans menaçants.
La joie de vivre encore après tout ça, l'immense gratitude des bienfaits gagnés à la force du poignet, et l'émerveillement naïf de ceux reçus comme des dons du ciel, allumaient jusqu'à il y a encore quelques jours les prunelles délavées de notre vieil aïeul.
Il ne pesait plus grand chose, mais son souvenir se grave profondément dans l'idée que je me fais des choses à garder en mémoire.
L'année se termine, une autre nous vient.
Les ruées tempétueuses malmènent les parages, couchant quelques arbres et aplatissant les ronces sur les talus bas.
Les paysages oublient les couleurs et se grisent, perdent les reliefs et se fondent en masses figées.
Ce répit d'entre fêtes écarte pour ce temps de trêve la presse et la presque frénésie de la marche d'un monde en course. Vers quoi ?
Je chemine, toujours, agréablement, pour le moment.
Je renonce à comprendre, et me contente, sinon de soigner, au moins de ne pas nuire.