jeudi 26 octobre 2017

TRIENNALE



Bonjour !

Nous arrivons au terme de la troisième année de ce "bloc".
Au terme d'un parcours parfois nébuleux et chaotique, d'autre fois plus clair et divertissant.
Mon parcours de ces dernières années...

J'ai eu beaucoup de plaisir à écrire ici.
Je continuerai d'écrire.
J'ai envie de le faire maintenant autrement.
D'être moins en quête d'un regard extérieur, pour tenter de vivre sereinement ma vie, au lieu de la "penser" au travers de ce que j'en montre.

J'ai eu besoin de cette quête pour apprendre.
Je voudrais maintenant appliquer de la meilleure façon les enseignements de mon apprentissage !
Je le ferai de façon plus intimiste et préservée. Je le ferai de mon mieux, surtout !

"Gueguel" restera mon petit coffre, c'est tellement pratique pour retrouver ses trésors entreposés là !
Mais je ne "publierai" pas en instantané. Peut-être d'ailleurs ne publierai-je pas du tout. Je verrai ça sur le moment.


Le petit monde d'Agorreta continue son petit bonhomme de chemin.
Tout semble pareil et pourtant tout change, évidemment :




















La vieille ferme s'ouvre toujours au soleil généreux de cette fin octobre.
L'étable vidée le jour attend ses pensionnaires







Les pensionnaires en question savourent les douceurs de l'automne.



Lola prend la tournure un peu lasse de son âge.





Le maître d'Agorreta  profite de la chaleur du grand soleil, les deux fidèles gardiens à ses pieds.

La vie est douce en ces temps par ici.
De cette douceur dont on oublie trop souvent la fragilité.
Je veux juste maintenant essayer d'y penser mieux.
Et vous souhaite de votre côté bonne continuation, avec toute ma gratitude pour votre intérêt depuis tout ce temps.



vendredi 13 octobre 2017

LA PREUVE PAR LA CITROUILLE



Bonjour !






Nous vivons un Octobre magnifique. Des journées lumineuses et douces, une ambiance d'automne idéale.
Je restaure à ce grand soleil mon vieux cuir, et en ressens chaque instant les bienfaits.

C'est la période des moissons à engranger.
Les maïs sont rentrés, les fougères rousses couchées en andains dans les pentes.
La noisette mûrit, et le regain cet "urri xoroa" la prairie d'Octobre, littéralement, finit de sécher.
Une époque bien agréable, loin de la nervosité printanière, et des excès d'été.

Je me suis occupée de mes citrouilles, hier.




 La récolte sera suffisante pour nourrir mes vaches cet hiver, si les courges se conservent bien.
Mes méthodes culturales novatrices, cette année, montrent leurs limites : les fruits sont nombreux, mais bien plus petits.





Mes voisins de culture, eux, exhibent des sujets bien plus gros, lourds et longs.
Je dois m'incliner...
Je le disais la dernière fois, commettre une erreur, c'est désolant, certes, mais pardonnable.
Le tout, c'est d'éviter de commettre deux fois la même. Tirer un enseignement d'une expérience, même ratée, c'est encore un bénéfice !
 Je suis résolue à être indulgente avec moi-même, et, ces jours-ci, mon tempérament imprévisible m'y autorise. Alors, je ne boude pas mon plaisir, et en savoure au contraire le bien-être reconquis.

Déjà, cette fin d'été, mes melons, pourtant bien jolis à voir, se sont avérés totalement décevants : aucun goût, la texture d'un vieux navet aqueux et la chair fadasse d'une betterave mollette. Un désastre !







Ils promettaient, mais ne tenaient pas, du tout !
Tout n'est peut-être pas le fait de l'absence de travail en profondeur de la terre.
Si vous vous en souvenez, j'avais cette année initié la culture sans labour.
Seulement, notre vieux "rotavator", aussi lourd soit-il, reste trop en surface, et ses dents usées ne brassent qu'une couche  superficielle, laissant dessous une surface compacte et  dure à l'enracinement.

Pour les citrouilles, ce manque a été criant.
Les melons, je ne saurais dire, peut-être ...

Dans le doute, nous avons collégialement plébiscité le retour aux méthodes traditionnelles, et remis en vedette la vieille charrue maison.
Antton s'est chargé de la partie mécanisée, et mon petit potager dresse maintenant des sillons conquérants à la chaleur automnale. L'hiver et ses frimas achèveront d'attendrir les mottes.
Je lancerai peut-être bientôt une ou autre plate-bande d'ail et d'oignon, deux trois lignes de fèves.
Selon l'envie et l'opportunité du moment, à saisir, ou pas !






Je vous laisse aux plaisirs de ce grand soleil, à la joie pleine et riche de ces couleurs d'automne profondes et douces.

Bonne fin de semaine à tous !


mardi 10 octobre 2017

RESTAURATION DU BARBOT



Bonjour !

Comme promis, je vous parle aujourd'hui du Barbot, notre vieil hangar de la ferme.
Construit autour de 1966, il donnait lui aussi quelques signes manifestes de fatigue...

La toiture fuyait par endroits. Pour un hangar à foins, c'est ennuyeux !
De petites gouttières se faufilaient insidieusement ça et là, gouttant sournoisement sur les balles de fourrage.
L'humidité se nichait entre les brins, dessinant de noires auréoles. Au fil du temps, la gangrène gagnait le cœur de meule, et mon foin pourtant craquant sec et parfumé à la rentrée virait en une moisissure aigre.
Mes vaches, les belles délicates, (je vous en reparle un de ces prochains jours), humaient avec expertise cet aliment de moindre qualité, et me le dédaignaient, dégoûtées...
Vous imaginez quel crève-cœur pour moi, attachée à ne pas gaspiller d'abord, et à satisfaire au mieux les gourmandises de mes précieuses, ensuite.

Je me suis décidée ce début d'été à arranger ça.
Je vous en ai parlé plus haut, j'y reviens maintenant.
Le constat établi, les dégâts objectivement mesurés, le procédé conservatoire a été mis en œuvre.

Ce hangar, notre "Barbot", du nom de son fabricant originel, est vieux, je l'ai dit déjà, mais solide de construction, encore.
Je me méfie de ces courants de rénovations brutales, où l'ont met tout à terre, pour repartir à neuf.
Certes, ils ont sûrement leurs mérites, et loin de moi l'idée d'en dénigrer l'efficacité.
Je respecte, mais je n'adhère pas.

Moi, les vieilles choses, j'essaie de les traiter en douceur.
J'ai appris au fil des ans combien ce qui a résisté longtemps peut résister encore, à condition de ne pas trop le bousculer.
Quand on commence à toucher à ces vieux bâtiments, on sait où on a commencé, mais on ne sait pas souvent comment on va finir.
On arrache ici, et ça vient là, on dépose une plaque, et la charpente dessous s'effondre, on tente une fixation, et le support cède.
A chacune de nos petites interventions bricolages, à la ferme, j'ai pu vérifier combien il est facile de déstabiliser ces vieilles ossatures.
Combien la brutalité est ravageuse, face à une vieille femme digne encore, mais fatiguée déjà...
Faire table rase du passé et recommencer à neuf, on peut, sans doute, encore que.
Je trouve un peu dommage de renoncer à ces fondations à la solidité avérée. Pallier les failles ne demande pas renoncement complet, juste tri sélectif.
C'est ce que j'essaie de faire...

Je sais mes choix controversés, en matière de réparations. J'admets le bien-fondé de toutes les thèses. Pourtant, j'en reste aux miennes. J'en changerai peut-être, cela peut m'arriver, et m'arrive déjà : pour preuve, mes techniques culturales ! Là aussi, je vous en parle prochainement...

Commettre une erreur, c'est regrettable, mais rattrapable, la plupart du temps, heureusement !
La faute vient de la réitération obstinée de cette même erreur.
J'essaie d'éviter cet écueil modestement, et avec application.

Pour le Barbot, j'ai préféré une rénovation en douceur, une protection molletonnée et légère, un procédé moins invasif et plus respectueux.
La toiture en a vu de toutes les couleurs !







J'ai pris le concours d'une équipe sympathique à souhait, d'un matériel adapté, et d'un maître d'ouvrage saisissant, en la personne d'Alberto.



Le Barbot a été nettoyé, toiletté et pansé :


Alberto est une petite bombe, toujours en mouvement. Il vous parle et ne tient pas en place, remplit chaque seconde de son temps d'une activité presque frénétique. Le regarder faire me donne presque le tournis, comme si j'avais besoin de ça.
Il va et vient, vous parle, téléphone, photographie, et mesure en même temps.
Il a des expressions amusantes, des mimiques divertissantes.

  -Esto va quedar te perfecto ! assure-t-il, plus que convaincant.
   Le résultat sera parfait !

Partant de l'existant, parfait, ça paraît ambitieux... Et puis, moi, d'abord, ce dont j'ai besoin, sans aller jusqu'au parfait, c'est... étanche !

 - si, si, impermeabilizacion perfecta !

Décidemment, avec cet homme, tout est perfecto...
Quand on le sait bien, que la perfection n'est pas de ce monde.

Au moins, voilà un artisan optimiste, pas un de ces grincheux à la moue dubitative dès que vous leur exposez votre projet, flairant avec méfiance ce bébé que vous leur tendiez pourtant en confiance, ne voulant pas le prendre dans les bras, à peine en écarter les langes avec circonspection, presque dégoût.
Rien de plus désagréable qu'un entrepreneur peu entreprenant.

Avec Alberto, c'est sûr, nous sommes à fond dans l'esprit d'entreprise.
Il vante avec enthousiasme son "poliuréo" nordique,  son procédé innovant, révolutionnaire, presque, à l'entendre.
Eso es impermeable, elastico pero respirante, como el Gortex, conoces ?
No, no conozco bién, pero me fio en ti...

Alberto m'a convaincue, et a pris les rênes de l'opération avec décision et vaillance.
Un autre de nos échanges fleuris concernait la couleur :

 - Este rojo me parece un poco duro, no ? Vendria mejor un rojo teja, me parece...

 - ce rouge semble un peu lourd, non ? Un rouge tuile serait mieux-venu, je crois...

"Rojo teja", roulant les R et la Jota, je ne connaissais pas. Je voyais, à peu près. La sonorité gaie et pimpante me séduisait à elle seule.
Quelle délicatesse, de tenir compte de ces coquetteries, pour une vieille grange à foin, n'est-ce pas ?
Alberto a terminé son ouvrage, et satisfait mes aspirations.

Le Barbot est maintenant étanche. Garantia ochenta años (garantie 80 ans).
S'il en tient la moitié, ce sera déjà bien suffisant pour moi, je pense.

Je vous laisse ici, et vous présente ma vieille dame restaurée :





Voyez la délicate association de ce "rojo teja" tonique et de ce gris "un poco oscuro" si apaisant à l'œil.
Un véritable professionnel, cet Alberto.




A plus tard !













vendredi 6 octobre 2017

LE RETOUR



Bonjour !

Me voici de retour après ma pause cyclo-saisonnière.
Il m'a fallu ce temps pour me refaire une énergie.
Ma foi, tant qu'elle reste au rendez-vous, ici ou là, ça va encore !

Ma vieille carcasse demande maintenant ménagements. Je ne suis pas autrement que les autres, et, le temps passant, mes fougues de jeunesse perdent de leur éclat, évidemment.
Il en est ainsi pour tous, et je ne me plains pas de mon sort. Sans être particulièrement enviable, il n'est pas non plus sujet à "lamentades"particulières.

Je vous disais dans mon dernier article combien ces retours arrière sur l'histoire familiale me devenaient pesants, par moments.
J'ai été contente d'explorer cette histoire. Intriguée par ces pans voilés et un peu mystérieux.
Aguichée par ces secrets, ou du moins, ce que je percevais comme tels, j'y ai flairé de l'ombre, de cette ombre sombre qui nous fait peur et nous attire, comme les monstres effraient et séduisent les enfants.

Mon instinct est plus sûr que ma curiosité intellectuelle.
Il m'a averti d'un danger à se rouler ainsi obsessionnellement dans les chapelures d'un passé plus ou moins obscur.
Je vais l'écouter, et laisser là les pans de ces histoires familiales.
Les dates sont posées, objectives et claires. Les faits relatés, de façon plus orientée, eux, évidemment.
Il est temps maintenant de tourner ces pages, et de laisser définitivement ces ombres là où elles dorment en paix. Ou pas...

Redevenue raisonnable après une envolée lyrique ridicule mais aussi touchante (l'Iliade et l'Odyssée, rien que ça !!), je vais m'occuper de l'avenir.
Le passé m'a fondée, m'a faite ce que je suis et dont je n'ai pas à rougir.
Je suis reconnaissante à mes ancêtres de m'avoir mise là, et décidée à savourer au mieux ces jours à venir ainsi autorisés.

De cette histoire familiale je veux retenir quelques images bienfaisantes, et laisser le reste de côté.






Je veux retenir combien il est dommage d'attendre les drames pour reconnaître la valeur d'une famille.
Je veux retenir le poids parfois lourd de ces familles, et le besoin de s'en défaire pour mieux en savourer ensuite le réconfort, choisissant les membres de sa famille comme on choisit ses amis, pour en garder les bons, et écarter les mauvais.

Je veux retenir la méchanceté comme une souffrance qui mord, cette phrase écrite il y a longtemps déjà, mais bien vérifiée depuis.
Je veux retenir mon incapacité à soulager toute cette souffrance, ayant assez de peine parfois à soulager la seule mienne !




Je veux retenir l'inestimable trésor de moments joyeux :






Je veux retenir la fierté légitime d'une réussite, même modeste, quand elle a été méritée, gagnée.
La joie de partager cette réussite et d'en sentir les bienfaits :










Je veux retenir la fantaisie à vouloir faire une photo de mariage trois années après ce mariage :





Une petite explication s'impose ici :
Mes grand-parents paternels, Gabriel Legorburu et sa femme Maria, devenue pour nous ensuite "Amatxi Mamia" se sont mariés en 1923 ou 1924. A tant de distance, on ne va pas chipoter sur quelques mois, allez !

Mon grand-père paternel "Aïtatxi haundia" le grand grand-père, pas bien grand mais sans doute à peine plus qu'Iñazio Olaciregui, le grand-père maternel,  était paysan, oui.
Il en avait la rudesse et l'usage des travaux difficiles.
Il était quand même adepte aussi des plaisirs de la vie, courant les foires, rentrant à trois heures du matin pour réclamer à son épouse alors endormie une soupe à l'ail, avec une troupe d'amis bruyants et éméchés.
Les obligations de la vie lui pesaient sans doute un peu.

Son épouse, davantage soucieuse elle, des convenances, voulait une photo de mariage, une belle photo en bonne et due forme.
Lui, très occupé et plus au large avec les conventions, remettait toujours à plus tard.
Finalement, quand, un jour, entre deux foires et les labours, il se libéra une journée,  pour consentir ce plaisir à sa femme, un peu de temps avait passé : nous étions rendus en 1928 !
Ma grand-mère était alors enceinte de trois mois, et, dans sa taille un peu arrondie, se lovait douillettement déjà mon père, le troisième de la fratrie Legorburu !

Vous imaginez combien j'aime cette idée de liberté, de vie légère et sans trop de raideur...

Voilà, voilà tout ce que je veux retenir de mon histoire de famille.
Sentir dans mes veines ce courage et cette pugnacité paysanne, cette capacité à résister quand il le faut.
Sentir aussi ma vulnérabilité, en cueillir la logique humilité, et parer au mieux à ses fragilités.

Pour le reste, ici comme ailleurs sur la terre, le soleil se lève toujours à l'est :






Et les nuages finissent encore et, je l'espère, pour longtemps, par s'écarter





Je vous livre ici un texte transmis durant les fêtes de Bayonne par mon amie Hélène.





Voyez, ce n'est pas d'hier.
Mais, je le crois, ça reste plus vrai que jamais !


Je vous laisse ici pour aujourd'hui,  toute contente de vous avoir retrouvés.

La prochaine fois, je vous reparle du Barbot, ce vieux hangar, et de sa restauration douce, là aussi, comme la mienne.
De fait, nous avons pratiquement le même âge...

Portez-vous bien et très bonne fin de semaine à vous !






jeudi 24 août 2017

DOLENCE



Bonjour !

Je me rends compte d'une certaine dolence venue se poser sur moi.
Comme une plume perdue en plein vol vient doucement à terre, sans faire de bruit, légère et inexorable dans sa chute.
Pour le moment, la glissade est plutôt tranquille, bien moins nerveuse et crispante que celle de ce printemps. Voyons comment cela tourne...

Je commence maintenant à devenir familière des méandres de mon tempérament.
J'essaie d'en modérer les excès, quand une énergie exigeante me pousse et me rend envahissante aux autres,  acérée.
C'est bien agréable c'est sûr, de connaître cette sensation de force, de dynamisme et d'énergie.
Pour celui qui la vit. Je le sais, j'en suis...
Bien tentant à ces moments de se croire invincible, et de mépriser ceux dont les plaintes ressemblent à des jérémiades à nos oreilles infatuées.
Oui, c'est vrai. Je peux le dire, parce-que ça m'arrive...

Et bien moi, maintenant, par périodes, je suis dans l'un et l'autre camp.
Je suis de ceux dont le sang bouillonnant les fait vivre intensément.
Je suis aussi de ceux dont la lymphe ralentie abaisse l'énergie vitale et l'enlise.
C'est un tempérament, bien agréable dans les phases hautes, plus lourd à porter dans les autres.
Pour le moment, puisque j'en suis à observer ces alternances et les pics de ces courbes dans un sens et dans l'autre, je vais raisonnablement tenter d'amortir les montagnes russes, particulièrement dans ces vals moins gais.
J'ai pour moi l'expérience de ces passes pour les supposer passagères, et garder l'espérance d'une "sortie de crise" favorable.
J'ai pour moi des conditions optimales, et la volonté raffermie de m'accrocher à ce qui m'aide.
En ce moment, il n'est pas bon pour moi de m'appesantir sur une histoire familiale et ses drames. Des drames, il y en a partout, et tout le temps.
Ca n'empêche pas les gens de continuer à vivre. Ca les empêche parfois de vivre gais, évidemment.
Moi, mon ambition est toujours la même : vivre sereine, et, si  possible, gaie, justement.
Puisque mon tempérament m'en donne la chance, souvent, je savoure pleinement cette chance.
Quand ce même tempérament me prive de belle lumière, et bien, j'attends, le retour de jours meilleurs.
La recherche de cause, d'explication, me fatigue et ne m'éclaire pas, en ce moment. Je vais laisser ça pour plus tard, ou à jamais !

Mieux vaut je le crois rechercher ces petites choses qui me sortent de là.
Je m'y emploie.

J'ai pour moi je le crois, je l'espère !,  la sagesse de ne plus m'épuiser dans une lutte inutile, et celle de composer avec l'inéluctable.
Je connais bien la tentation de cacher ses faiblesses, cette peur de montrer sa vulnérabilité.
Je connais aussi la véritable force de savoir les reconnaître, et d'apprendre à composer avec.


Je vais comme je le fais épisodiquement me recentrer sur mon noyau dur, et sûr.
Etrécir les cercles d'un rayonnement affaibli, pour garder au plus près un restant de chaleur et de lumière.

Je reviendrai ensuite.
Reprendrai mes bavardages et mes curiosités, sans doute.

Là, je vais restaurer mon enthousiasme, en laissant passer la vague lente et lourde.

A plus tard !

mardi 22 août 2017

MANUELLA CARRERA Y MANCUZO



Bonjour !



Voici notre Amatxi Manuella.
Avant d'être cette femme imposante qui regarde plus loin, elle a été une petite fille et une jeune femme.
Nous avons toujours un peu de mal à imaginer les gens autrement que ce qu'ils ont représenté pour nous.
Notre Amatxi d'Agorreta, je vous en ai parlé aux débuts de ce "bloc".
La femme placide, à l'autorité tranquille, qui nous préparait nos repas, nous faisait promener, un mouchoir blanc quadrillé de bleu noué aux quatre coins posé sur sa tête blanche, par les journées chaudes comme celle d'aujourd'hui.
Elle avait beaucoup de difficultés à marcher, raidie dès l'âge de cinquante ans paraît-il par une arthrose envahissante.
Sa gourmandise et son appétit pour le gras la rendaient lourde, et la pauvre femme ne se déplaçait qu'avec peine.
Il lui arrivait de chuter lourdement, et je me souviens de ses cris, quand, dans la cuisine, elle avait glissé, et se retrouvait par terre, une poêle ou une casserole encore à la main, étalée là dans ses jupes noires sans pouvoir se relever.
Ma mère n'avait pas assez de force pour le faire, l'Aïtatxi Iñazio encore moins, alors, c'était mon père, le gendre,  qui arrivait en héros, la soulevait en la prenant sous les bras par derrière, dans un élan ahanant.
Manuella remettait de l'ordre dans sa tenue, et continuait sa tâche là où elle l'avait laissée...

Ca, c'est l'Amatxi que j'ai connue, forte en gueule, tendre à sa manière, gloussant en silence sur un rire qui lui agitait le double menton, quand elle avait fait une mauvaise farce. Comme elle aimait à le faire !

Sa jeunesse, Manuella n'en parlait pas trop, du moins je ne m'en souviens pas.

J'ai découvert je vous l'ai dit dernièrement de vieux papiers, et ces vieux documents m'ont amenée à me représenter ces aïeux dans leur jeunesse.

Manuella Carrera est née en 1896, elle aussi du côté d'Oyartzun.
Elle a du partager l'enfance et l'adolescence des jeunes paysannes d'alors, vouées aux tâches domestiques et préposées à la basse-cour familiale.
J'ai été surprise tout de même d'apprendre que Manuella avait de l'instruction. Elle savait lire et écrire, et maniait même un espagnol littéraire.
Pour son époque et sa condition, c'était tout à fait exceptionnel.
Ses enfants étaient moins lettrés qu'elle ne l'était.
Peut-être les parents de Manuella, conscients de ses facultés et de son désir d'apprendre, avaient-ils en tête de lui donner les meilleures armes pour améliorer sa condition paysanne.
Je ne peux que supposer, mais le fait m'a paru intrigant.

La seconde chose qui m'a intriguée, dans ces vieux papiers retrouvés, ce sont ces actes de baptêmes de 1940, pour Manuella et Iñazio, et 1942, pour leur premier fils José-Marie, né en 1916, quatre années avant leur mariage.
C'étaient les années de guerre, évidemment, et les déportations massives menaçaient.
Je n'ai jamais entendu parler d'une ascendance juive. Les patronymes ne l'évoquent pas non plus. Cela reste possible, pourtant.
D'autres causes peuvent expliquer l'absence de baptême, aussi. Des convictions religieuses, politiques, idéologiques... Même si j'imagine difficilement mes aïeux férus d'idéologie, politique ou autre. Mais pourquoi pas ?
La tradition paysanne basque était majoritairement catholique, même si le clergé était aussi très controversé. Une tradition de convenance, peut-être, plus que de conviction...

Ces baptêmes à cette époque parlent du besoin de se mettre sous la protection de l'église, pour éviter d'être déporté, en Allemagne, au risque d'y mourir.
Ils me rappellent l'histoire de Françoise Giroud, dont j'ai parlé cet automne je crois ici.
Elle affirmait être catholique, quand, d'ascendance juive,  elle n'avait été baptisée que pendant la guerre, pour être mise à l'abri, justement.

Ces papiers m'inspirent une curiosité légitime, je pense.
Je ne vais pas rechercher plus avant. Mon père n'a pas d'éléments pour lever l'énigme.
Juste remarquer ces résonnances historiques dans mon histoire familiale, et laisser les mystères apporter leur touche romanesque...

Manuella se retrouve enceinte avant son mariage, là encore à une époque où l'on ne plaisantait pas avec la morale !
Iñazio est loin. Manuella est seule, et doit faire face.
Là encore, j'imagine ces années de doute, la difficulté d'une situation pareille, et la force de cette Manuella toute jeune mère.
Cette Manuella de bien avant la mienne.


vendredi 18 août 2017

JOSE INAZIO ILDEFONSO OLACIREGUI



Bonjour !

Je vous ai relaté mon grand-père, tel que je m'en souviens, sur le peu d'années partagées avec lui.
S'invitent dans mes souvenirs ceux entendus de mes frères et de mes parents, évidemment.

Cet Iñazio a pu être un tout autre homme pour d'autres.
Cet homme qui allait jouer aux cartes, à la ferme Erreka, devait être bien différent du personnage resté dans ma mémoire.
Nous offrons un visage particulier à chacun des rôles composés dans une vie.
Notre personnalité est multiple, et le ciment liant l'ensemble de ces rôles bien méritant...

Aujourd'hui, je vais inventer le personnage de mon grand-père, puisque je n'en connais que peu de choses.
Les quelques dates retrouvées sur de vieux papiers épais, les deux ou trois évènements marquants de cette existence modeste, vont jalonner cette fiction.
Par moments, puisque j'imagine, je vais imaginer plusieurs voies possibles, et laisser les bifurcations de ces deltas me mener ici ou là.


Pour une fois, soyons un peu méthodique, et commençons par le commencement :





José Iñazio Ildefonso Olaciregui y Delpuerto est né en 1894, aux environs d'Oyartzun, au pied des Pyrénées venues se rendre à la mer.
J'ai été étonnée déjà de ces trois prénoms. Mon grand-père a toujours été appelé Iñazio.
Où est passé ce José ?
Deux de ses fils porteront bien ce pénom. Sans doute un ascendant peut-être trop encombrant ?
Ildefonso est moins courant, mais il faut se rappeler que nous remontons deux siècles en arrière !

Il était d'une famille paysanne. A cette époque dans la région, l'activité était à la polyculture, avec de petites fermes familiales, où quelques moutons, deux ou trois vaches  et quelques arpents de terre cultivée assuraient  la substistance.
Les paysans travaillaient dur, les journées étaient longues, et la vie saine.

Iñazio jeune homme devait être ni plus ni moins aventureux que ses contemporains.
Quand la première guerre mondiale éclata en 1914, il avait à peine 20 ans.

Ces périodes de guerre crispent toutes les ardeurs, bonnes ou mauvaises.
Iñazio n'échappa pas à ce sentiment d'urgence à vivre.
Jeune, habitué à travailler sans se plaindre, il avait soif de connaître la vie d'homme, de s'y frotter, sentant tout près cette menace.

Les jeunes paysans vivaient simplement, le constant contact avec  la nature les maintenait bien loin de nos sophistications contemporaines !
Quand les jeunes garçons commençaient à se sentir des ardeurs d'homme, ils faisaient tourner l'œil au plus près : les fermes voisines s'offraient à leur prospection, avec souvent un lot de jeunes filles tout aussi décidées à vivre, et à le faire vite.
Les mariages devaient s'arranger raisonnablement. Les familles ne devaient pas être bien riches, chez mes aïeux. Les enjeux économiques des alliances assez limités. Dans ces conditions, les jeunes gens étaient plus libres de leurs penchants, sans doute.
On ne plaisantait pas trop avec l'honneur, tout de même, et les codes étaient stricts.
Les dévergondages et batifolages devaient rester sans conséquences, ou alors être "réparés", au plus vite !

J'imagine que mon grand-père et ma grand-mère, s'ils n'étaient pas voisins, devaient quand-même être géographiquement proches.
Les familles étaient nombreuses, en ces temps-là : une fratrie moyenne alignait facilement une bonne dizaine de têtes blondes et brunes.
Cela donnait un large choix de possibilités à chacun. 
Filles et garçons se côtoyaient dans les travaux des champs où il fallait prêter main forte entre voisins. Il y avait besoin de bras, quand les machines n'existaient pas. 

On se recevait les uns chez les autres, après le dur labeur, autour de tables animées. Les sangs vigoureux fouettés par le grand air, la bonne fatigue, les chairs dévoilées sous le soleil haut, les peaux luisantes de sueur, tout y était.
Nos jeunes paysans n'y allaient sûrement pas par quatre chemins. Les prétendants se jaugeaient, s'aguichaient, et, sans trop de manières sans doute, se promettaient l'un à l'autre.
Les affaires se concluaient autour d'un verre d'amitié comme sur la place du marché.
Il fallait évaluer les potentialités de chacun, les aînés reprenant souvent la ferme derrière les parents, les autres s'établissant ailleurs.
Les jeunes d'alors tout comme ceux de maintenant échafaudaient leurs projets d'avenir,  des étoiles plein la tête.

Pour Iñazio, en 1915, à 21 ans, il avait jeté son dévolu sur Manuella. Elle en avait 19.
La guerre gronde, toute proche.
Iñazio va être enrôlé. Il doit partir.
J'imagine ces deux jeunes paysans, vigoureux, tenaillés par l'envie de vivre, et effrayés par cette rumeur de mort.
J'imagine des rencontres furtives quand la nuit tombe sur les campagnes parfumées.
Des promesses, des étreintes.

José Iñazio quitte sa ferme pour s'en aller loin, sous les drapeaux.
Il laisse derrière lui Manuella.
Enceinte, de José-Marie, qui naîtra en 1916.

Iñazio ne le sait pas. 
Il accomplit son temps militaire.
De cette période, paraît-il, il a gardé un excellent souvenir ! Il n'a pas eu à combattre, cantonné quelque part tout au sud de l'Espagne. Les années ont passé, au grand soleil de Méditerranée.
Iñazio découvre une vie moins laborieuse. Peut-être s'y initie-t-il à ces jeux de cartes qui le distrairont les dimanches après-midi, plus tard, à Erreka, avec son ami Pantxoa. La nourriture ne manque pas, il prends du poids.
Pour Iñazio, paradoxalement, ce temps de guerre est une période agréable.

Quand il revient, en 1919, après la fin de la guerre, il retrouve Manuella, et leur petit garçon d'alors trois ans.
Il faut revenir à la dure réalité de la vie paysanne, et endosser par là dessus le rôle de père et chef de famille. Un saut brutal dans une réalité tenue à distance pendant quatre ans...
Iñazio reprend le collier.
On peut imaginer la difficulté à reprendre ainsi le fil d'un temps si longuement coupé.
On peut imaginer le sentiment pesant d'obligations incontournables.
Je ne sais pas si Manuella et Iñazio échangeaient des lettres. Je ne sais pas si Iñazio s'attendait à trouver cet enfant à son retour.
Il devait y avoir la possibilité de prendre une permission, pour se marier, je pense. D'autres dans le même cas l'on fait.
Je ne peux qu'imaginer, là encore, et penser qu'Iñazio ignorait qu'il était père. Qu'il l'a découvert à son retour.
Et en a assumé la responsabilité, en épousant ma grand-mère, en 1920.

C'est ma version.
On pourrait aussi penser les amours d'Iñazio et Manuella furtives et moins romantiques.
Brutales et sans rêves.
On pourrait penser ce José-Marie né hors mariage fruit d'amours moins jolies.

On pourrait, mais je n'en ai pas envie !

Je vous retrouve semaine prochaine, sur cette lancée là.
Je regarderai du côté de Manuella, jeune femme à la situation bien difficile, en ces temps-là.

Bon dimanche à tous !









mercredi 16 août 2017

INAZIO



Bonjour !


Voici l'homme, mon grand-père maternel.
Le regard un peu désabusé, les lèvres pincées.
Il se tient droit, sans arrogance mais avec fierté.

Son visage est bien réparti, je trouve : le front haut et le menton ferme se répondent bien. Rien ne fuit ni ne se dérobe.
Le nez, bien droit sans être trop avancé, sépare agréablement de son pied des yeux suffisamment écartés, pas trop.

Je vous avais présenté aux débuts de ce "bloc" un portrait de profil, où j'assimilais mon grand-père à Hitler...Si vous en êtes curieux,  ce doit être autour de la fin d'année 2014.
Tenez, je vais être bonne avec vous, je vais vous la retrouver, cette photo :



L'analogie était frappante, d'après moi, et mon souvenir de cet homme sur sa fin venait s'y couler comme dans un moule tendu opportunément.
Aujourd'hui, je suis moins sûre de la justesse de ce parallèle. J'y trouve même un excès dérangeant. Mais bon, je disais comme ça, alors...

Oui, mon grand-père a laissé le souvenir d'un homme autoritaire, souvent colérique, sans patience. "Erria" disons-nous souvent, "brûlé". Brûlé d'une aigreur acide dont il reste des traces parmi nous, ses descendants.
On retient aussi de lui le travailleur acharné, l'homme aimant le travail de ses mains paysannes, les longues heures où le corps s'engourdit à la tâche répétée, et où sûrement l'esprit s'oublie au rythme du geste scandé.

Je relevais la cruauté de ce vieux monsieur écorchant vif les hérissons pour en manger la chair.
La brutalité de ce mari tuant à coups de bâtons les chats que sa femme aimait caresser.
La fureur de ce grand-père insupporté par le chahut de ses petits-enfants, au point de leur lancer des objets à la tête.
La méchanceté de ses rebuffades quand ma mère se penchait sur son pied pour refaire le pansement de son orteil gangrené.

J'ai gardé aussi, et peut-être maintenant surtout, le souvenir de ses retours du potager, où il allait chercher au fond de la poche de son pantalon de travail une petite figurine déterrée lors de son sarclage du jour, pour me l'offrir.

Agorreta a été longtemps une décharge. Le remblai de maintenant est la continuation de cette vocation à recueillir l'hétéroclite inutile d'ailleurs, pour en faire quelque chose ici.
Du fait, sur les hauts de la ferme, en travaillant la terre, on a longtemps remis au jour de vieux ustensiles borgnes, des casseroles bosselées amputées de leurs queues, des morceaux de faïence aux motifs tronqués, des billes irisées, des figurines maculées.
J'ai très longtemps gardé un petit cheval en plastique jaune, à la queue en panache, la tête ramenée sur le poitrail, un antérieur relevé sur un trot orgueilleux.
Il était entier, et a habité mes courses éperdues, autour de la ferme, un bâton planté en oblique entre les cuisses, quand je me sentais chevaucher mon petit cheval fougueux, sans me rendre compte de l'indécence de ma posture... L'innocence des enfants les préserve de nos turpitudes d'adultes, et notre gêne leur est étrangère, Dieu merci !
J'ai gardé aussi de ces récoltes là le goût des verroteries colorées, des mosaïques disparates où de petits bouts de rien s'assemblent en un plus grand... n'importe quoi !

Je n'ai connu mon grand-père que dans les cinq premières années de ma vie.
L'âge devait l'avoir amolli, avant que la maladie ne l'affaiblisse.
Il était encore tonitruant, et sa voix grinçante nasillait douloureusement à nos oreilles.
Je me souviens de ses menaces contre ma grand-mère, quand il voulait lui planter un couteau, hurlant sa rage et sa hargne.
Mon Dieu quelles scènes terribles, ces deux vieux, l'une presque impotente, et l'autre rendu fou par la douleur, sans doute,  se hurlant leurs défis.
Mon père barricadait pour les nuits ma grand-mère dans ce vieil appartement où j'écris maintenant.
Il menaçait de la tuer, et rien ne le détournait de cette idée.
Pas étonnant que je me sente bien ici, puisque cet endroit représentait dans mon enfance un refuge sûr...

Je veux maintenant essayer de comprendre le parcours de cet homme dont je n'ai connu que la fin.
Comprendre à partir de ces quelques dates recueillies comment la vie d'un jeune paysan d'Oyarzun a déroulé son fil dans les méandres de ces temps là.
Comprendre l'homme, essayer de me mettre à sa place, dans son temps.

Ma tentative sera bien sûr tâtonnante et aléatoire.
Je vais imaginer, une réalité lointaine, en assemblant des fragments disparates, des bouts de vie et d'histoires.

Je ferai cette tentative pour chacun des personnages de cette famille, la mienne.

Puisque mon intérêt et le hasard m'ont mis ces éléments épars en main, j'en ferai mon tableau à ma manière.

J'ai cette envie de regarder, de recueillir, de réunir et de voir ce que ça dit.
Une lubie d'un moment, comme il m'en vient souvent !

Je vous laisse ici, j'ai mangé mon temps d'écriture d'aujourd'hui.
Je n'ai plus cette urgence des débuts.
Ce que j'aurais mis au jour, il y sera. Le reste, ceux que ça intéresse pourront toujours le dépoussiérer à leur tour...

A une autre fois !















lundi 14 août 2017

DIMANCHE A LIZARRIETA



Bonjour !

Je reviens ici en ce lundi, la tête pleine d'images de grands arbres plusieurs fois centenaires, de trouées entre les hautes futaies droites où les paysages se laissent apercevoir dans le lointain à peine embrumé.

Je reviens d'un paisible dimanche au col de Lizarieta, avec Olivier.
J'aime ces hêtres majestueux et placides, j'aime ces sous-bois accueillants où la base des troncs épais s'ourle de mousse drue et moelleuse où poser la tête.
 J'en reviens allégée et emplie en même temps de ce sentiment de plénitude réconfortante, où un temps bien plus long que le nôtre nous rassure et apaise nos écorchures devenues plus légères d'être ramenées à leurs petitesses.

J'aurais pu vous ramener de belles images.
Vous les avez déjà vues, sans doute, et, ce Lizarieta, il est à portée de tous. Allez y voir par vous-mêmes, c'est encore le mieux !










Mes images d'Agorreta sont différentes.
Elles me parlent de la douceur de ces jours parfaits d'après pluie, quand la végétation rafraîchie exulte.
Elle me parlent de la saison avancée, de ce lever de soleil au juste mitan de la pinède, quand vient le milieu du mois d'Août.
Elles me parlent de petites choses simples, authentiques et bienfaisantes.

Elles me parlent de cette douceur à vivre, dans un monde tranquille.

Même si je sais que tranquille, le monde ne l'est pas toujours.
Même si je sais que quand moi, je savoure égoïstement la quiétude de ma vie préservée, d'autres souffrent et hurlent leur douleur.

Je suis impuissante et désemparée.
Je ne peux qu'essayer de montrer une jolie lumière.

On m'a ce matin même fait très justement remarquer combien il est facile de blesser, même sans y penser, par ces simples mots jetés ici.

J'ai parfaitement repéré les passages où mes aigreurs avaient besoin de s'épancher hors de moi.
Je n'en suis pas spécialement fière, mais c'est une issue bien commune à notre espèce, de s'alléger en se déversant, n'est-ce pas ?
Je ne suis pas meilleure que vous ne l'êtes, et mes perfidies sont sûrement cousines des vôtres.
Cette communauté dans la vilenie ne l'excuse pas, elle la fond seulement dans le paysage...

Je vais tâcher de m'amender, je le promets. J'ai du mal je l'avoue à résister à un bon mot, à une tournure leste ou une image piquante. Mais bon, l'ironie n'est pas la meilleure voie vers la sérénité, aussi, je dois combattre ce versant de ma nature, allez !
Je parle ici de ces petites méchancetés intentionnelles, réponses à celles reçues, bien loin du "tendez l'autre joue" censé apaiser les choses, mais assuré d'abord de vous prendre le double de claques, aussi !

A d'autres moments, par contre, et là, je ne peux que vous demander de croire en ma sincérité, tout en comprenant très bien combien vous pouvez la mettre en doute, mes mots ont heurté, sans que je le veuille. Sans même que je me rende compte qu'ils pouvaient effectivement le faire.
L'auditoire de ce "bloc" est assez confidentiel. Pourtant, si l'un de mes lecteurs vient me demander de retirer une phrase, ou un article, je peux très bien comprendre cette requête, et m'y plier. Honteuse et confuse, même, de n'avoir pas prévu une telle réaction.
Je manque de délicatesse, parfois, il est vrai.
Là encore, j'ai de quoi m'améliorer...

Que voulez-vous,  une vie n'est parfois pas assez pour devenir meilleur.
Je tâche de mettre mes pas dans la bonne direction.

Renoncer à un petit plaisir pour soulager une peine, je peux faire.
Même, ce renoncement me donne le sentiment d'être un peu meilleure, et ça, ça fait toujours du bien !

Alors, je vous laisse ici, et vous retrouverai plus tard autour de mes familiers.
En essayant là aussi de séparer le bon grain de l'ivraie...





vendredi 11 août 2017

UNE HISTOIRE ET LES MIENS



Bonjour !

En images, les personnages de ma saga familiale maternelle :







José Iñazio Ildefonso Olaciregui y Delpuerto le père de ma mère, né en 1894

Manuela Carrera y Mancuso la mère de ma mère, née en 1896


José-Marie Olaciregui, le frère aîné de ma mère, établi en Gironde en 1947

José Olaciregui, le deuxième frère de ma mère, assassiné en 1943 à Biriatou



Nikolas Olaciregui, le troisième frère de ma mère, parti aux U.S.A en 1954


Carmen Olaciregui Legorburu, ma mère, mariée à mon père en 1951




 Domingo Olaciregui, parti aux U.S.A en 1953, et retrouvé mort en 1957

Ma famille maternelle, mes ancêtres, ceux dont je viens et d'où je tire en partie l'inspiration de me pencher sur cette histoire.

Mon intérêt  pour mes aïeux revient en boucle dans ce "bloc".
Je l'avais initié, déjà, en parlant d'eux, très vite.

J'espère avoir depuis lors évolué positivement.
En relisant mes écrits d'il y a presque trois ans maintenant, certains passages transpirent d'une petite aigreur acide.
Cette aigreur, nous l'avons dans le sang, je le sais. Cette ironie un peu méchante, cette défiance atavique, elle se justifie sans doute par cette histoire meurtrie de garçons morts bien trop tôt, de temps de guerre où la méchanceté et la bêtise des hommes font rage sans garde-fou.
Nos vies à tous, même toutes ordinaires et langées de temps plus faciles, nous font immanquablement à un moment ou à un autre le lit de sentiments mauvais, aigris.

Je suis persuadée maintenant de la fatigue inutile de ces rancœurs stériles et usantes.
Je suis persuadée du libre choix qui nous est donné de les parquer là où elles ne prendront pas toute la place.
J'ai choisi de cultiver mon jardin intérieur en le tournant vers une lumière plus douce et plus claire.
Parce-que je trouve que c'est bien plus facile à vivre, tout simplement, et sans aller chercher plus loin !

Mon regard sur mon histoire se fait bienveillant. Une mansuétude obstinée rectifie ma vision, et dirige mes pensées.

C'est ma maladie, ce Mesnière déroutant et facétieux, aussi, qui m'aide.
Grâce à cette petite affection, je ne vois plus le monde pareil : fini l'horizon figé et la perspective stable. Tout autour de moi devient mouvant, glissant, incertain. Je dois forcer mon cerveau à corriger les défaillances de mes sens.
Ce que je vois tressauter devant mes yeux, je dois me persuader que non, ça ne bouge pas, en fait. Ce que j'entends tinter à mes oreilles, je dois me souvenir que ce sont ces acouphènes illusoires, qu'il ne faut pas en tenir compte. Ce bruit qu'il me semble entendre à ma gauche, il peut très bien venir de ma droite.
La terre ne tangue pas sous moi, non, je dois bien me le rappeler, ce sont mes perceptions qui flottent !

Ah, c'est sûr, c'est une petite gymnastique à faire, constamment...
Pour ceux qui connaissent, ils ont toute ma compassion sincère et expérimentée.
Pour les autres, qu'ils en soient préservés à jamais, et savourent le bienfait de se sentir exister dans un monde sûr et stable.

Moi, pour me consoler, je me dis que cette coquetterie n'a pas que du mauvais.
Je me dis qu'elle m'aide à voir les choses autrement, à chercher plus loin que le bout de mon nez quelque chose de fiable à quoi m'accrocher.

Je regarde mon histoire de famille, forte maintenant de cette science particulière.
Je regarde les images des miens, et j'essaie de comprendre.
Comprendre cette rudesse de gens dont la vie a été bien dure.
Comprendre l'aridité et la défiance de ceux qui ont vu si souvent leurs espoirs ravagés.

Comprendre aussi combien il est plein d'espérance d'avoir senti chez ces mêmes gens la force de vie de rire encore, d'une bonne farce ou d'une plaisanterie, comme le faisait Manuella.
Comprendre combien il est surprenant et doux de recevoir un tout petit jouet encore terreux des mains d'Iñazio, revenu de longues heures de sarclage sur les terres d'Agorreta.

Sentir la tendresse sous la rudesse, la force de vivre obstinément debout, d'éclater de rire encore, à gorges déployées :







 Alors, vous, je ne sais pas. Vous faites sans doute comme vous le pouvez.
Je fais pareil.
En essayant de tourner la tête du bon côté...

Ayez un bon dimanche !
Le soleil nous revient et réchauffe les frissons désagréables de ces derniers jours à contre-saison.
La pluie est bien tombée.
Elle a fait du bien, même si elle nous a très vite lassés.
Voyez, il y a toujours moyen de vivre mieux nos jours, quand on y est décidé...

A la semaine prochaine !