Bonjour !
Comme promis, je vous parle aujourd'hui du Barbot, notre vieil hangar de la ferme.
Construit autour de 1966, il donnait lui aussi quelques signes manifestes de fatigue...
La toiture fuyait par endroits. Pour un hangar à foins, c'est ennuyeux !
De petites gouttières se faufilaient insidieusement ça et là, gouttant sournoisement sur les balles de fourrage.
L'humidité se nichait entre les brins, dessinant de noires auréoles. Au fil du temps, la gangrène gagnait le cœur de meule, et mon foin pourtant craquant sec et parfumé à la rentrée virait en une moisissure aigre.
Mes vaches, les belles délicates, (je vous en reparle un de ces prochains jours), humaient avec expertise cet aliment de moindre qualité, et me le dédaignaient, dégoûtées...
Vous imaginez quel crève-cœur pour moi, attachée à ne pas gaspiller d'abord, et à satisfaire au mieux les gourmandises de mes précieuses, ensuite.
Je me suis décidée ce début d'été à arranger ça.
Je vous en ai parlé plus haut, j'y reviens maintenant.
Le constat établi, les dégâts objectivement mesurés, le procédé conservatoire a été mis en œuvre.
Ce hangar, notre "Barbot", du nom de son fabricant originel, est vieux, je l'ai dit déjà, mais solide de construction, encore.
Je me méfie de ces courants de rénovations brutales, où l'ont met tout à terre, pour repartir à neuf.
Certes, ils ont sûrement leurs mérites, et loin de moi l'idée d'en dénigrer l'efficacité.
Je respecte, mais je n'adhère pas.
Moi, les vieilles choses, j'essaie de les traiter en douceur.
J'ai appris au fil des ans combien ce qui a résisté longtemps peut résister encore, à condition de ne pas trop le bousculer.
Quand on commence à toucher à ces vieux bâtiments, on sait où on a commencé, mais on ne sait pas souvent comment on va finir.
On arrache ici, et ça vient là, on dépose une plaque, et la charpente dessous s'effondre, on tente une fixation, et le support cède.
A chacune de nos petites interventions bricolages, à la ferme, j'ai pu vérifier combien il est facile de déstabiliser ces vieilles ossatures.
Combien la brutalité est ravageuse, face à une vieille femme digne encore, mais fatiguée déjà...
Faire table rase du passé et recommencer à neuf, on peut, sans doute, encore que.
Je trouve un peu dommage de renoncer à ces fondations à la solidité avérée. Pallier les failles ne demande pas renoncement complet, juste tri sélectif.
C'est ce que j'essaie de faire...
Je sais mes choix controversés, en matière de réparations. J'admets le bien-fondé de toutes les thèses. Pourtant, j'en reste aux miennes. J'en changerai peut-être, cela peut m'arriver, et m'arrive déjà : pour preuve, mes techniques culturales ! Là aussi, je vous en parle prochainement...
Commettre une erreur, c'est regrettable, mais rattrapable, la plupart du temps, heureusement !
La faute vient de la réitération obstinée de cette même erreur.
J'essaie d'éviter cet écueil modestement, et avec application.
Pour le Barbot, j'ai préféré une rénovation en douceur, une protection molletonnée et légère, un procédé moins invasif et plus respectueux.
La toiture en a vu de toutes les couleurs !
J'ai pris le concours d'une équipe sympathique à souhait, d'un matériel adapté, et d'un maître d'ouvrage saisissant, en la personne d'Alberto.
Le Barbot a été nettoyé, toiletté et pansé :
Alberto est une petite bombe, toujours en mouvement. Il vous parle et ne tient pas en place, remplit chaque seconde de son temps d'une activité presque frénétique. Le regarder faire me donne presque le tournis, comme si j'avais besoin de ça.
Il va et vient, vous parle, téléphone, photographie, et mesure en même temps.
Il a des expressions amusantes, des mimiques divertissantes.
-Esto va quedar te perfecto ! assure-t-il, plus que convaincant.
Le résultat sera parfait !
Partant de l'existant, parfait, ça paraît ambitieux... Et puis, moi, d'abord, ce dont j'ai besoin, sans aller jusqu'au parfait, c'est... étanche !
- si, si, impermeabilizacion perfecta !
Décidemment, avec cet homme, tout est perfecto...
Quand on le sait bien, que la perfection n'est pas de ce monde.
Au moins, voilà un artisan optimiste, pas un de ces grincheux à la moue dubitative dès que vous leur exposez votre projet, flairant avec méfiance ce bébé que vous leur tendiez pourtant en confiance, ne voulant pas le prendre dans les bras, à peine en écarter les langes avec circonspection, presque dégoût.
Rien de plus désagréable qu'un entrepreneur peu entreprenant.
Avec Alberto, c'est sûr, nous sommes à fond dans l'esprit d'entreprise.
Il vante avec enthousiasme son "poliuréo" nordique, son procédé innovant, révolutionnaire, presque, à l'entendre.
Eso es impermeable, elastico pero respirante, como el Gortex, conoces ?
No, no conozco bién, pero me fio en ti...
Alberto m'a convaincue, et a pris les rênes de l'opération avec décision et vaillance.
Un autre de nos échanges fleuris concernait la couleur :
- Este rojo me parece un poco duro, no ? Vendria mejor un rojo teja, me parece...
- ce rouge semble un peu lourd, non ? Un rouge tuile serait mieux-venu, je crois...
"Rojo teja", roulant les R et la Jota, je ne connaissais pas. Je voyais, à peu près. La sonorité gaie et pimpante me séduisait à elle seule.
Quelle délicatesse, de tenir compte de ces coquetteries, pour une vieille grange à foin, n'est-ce pas ?
Alberto a terminé son ouvrage, et satisfait mes aspirations.
Le Barbot est maintenant étanche. Garantia ochenta años (garantie 80 ans).
S'il en tient la moitié, ce sera déjà bien suffisant pour moi, je pense.
Je vous laisse ici, et vous présente ma vieille dame restaurée :
Voyez la délicate association de ce "rojo teja" tonique et de ce gris "un poco oscuro" si apaisant à l'œil.
Un véritable professionnel, cet Alberto.
A plus tard !