lundi 30 novembre 2015

CHEMIN DES CRÊTES, LA SCENE



Bonjour à tous !

Nous reprenons le cours des jours clairs et lumineux :







Mère-Rhune bleue profond sur aube irisée limpide.

















La baie émergée des dernières brumes de la nuit.

La température est vivifiante.
L'ambiance pure et ciselée.

Novembre termine en grande beauté, cette année.
Une de ces beautés un peu inquiétantes d'être aussi parfaite.
Quand on se dit que rien ne sera aussi beau après...



J'entame ma série sur le Chemin des Crêtes.

Nommé ainsi en raison de sa situation en surplomb élevé.
Anciennement une redoute révolutionnaire durant les guerres napoléoniennes.  L'endroit est stratégique, face à la mer, avec les montagnes en bouclier, et les vallonnements à découvert entre les deux.






















Un site magnifique, encore un, non loin d'Agorreta toujours, sur la commune d'Urrugne.

La mer en face, le Jaizkibel à droite, les trois couronnes dans le dos.

Par ce matin ensoleillé et pur, un bijou lové dans un écrin précieux.





Le Chemin des Crêtes est cette modeste voie rurale, longeant la "crête" bien nommée :





Il y a bien le Chemin des Cimes, plus connu, entre Bayonne et Saint-Pée sur Nivelle. Des paysages enchanteurs et apaisants.
Celui-ci, les Crêtes, moins en altitude, moins élevé, bien moins long aussi.
Crêtes, comme petites hauteurs, mais aussi crêtes de coq, de coqs de combat...

Et des combats, il y en eût, dans ces parages.
Des terribles et sanglants, il y a longtemps. Des plus prosaïques mais tout aussi passionnés, à notre échelle.

Pour aujourd'hui, je vous présente juste la scène, et les personnages, nous, et les autres, ramenés à leurs initiales pour la partie adverse, et représentés par leurs maisons.

De notre côté, vous nous connaissez maintenant un peu. Mes frères, et moi.
Pour la partie adverse, les voisins :





Madame et Monsieur de C.















Madame et Monsieur B.















Madame et Monsieur M.

















Madame et Monsieur R.










Tous ces gens ont eu la bonne idée d'avoir un patronyme à première lettre différenciée. Très commode.
Je vous les présenterai une prochaine fois, bien-sûr. Chacun à leur manière, ils valent le détour.

Les faits que je vais relater ici sont prescrits, maintenant. Nos relations avec ces gens apaisées.  Inexistantes majoritairement. Cordiales quand même, avec le couple Mme et Mr M.

En dehors de ces personnages à proximité géographique immédiate, il y eut des intervenants plus éloignés, mais tout aussi intéressants.
Des élus, des responsables municipaux, des agents de la sécurité nationale, et autres...

Je vous livrerai ici des courriers originaux. Je vous raconterai des faits réels.
J'ai recueilli l'avis de mes plus proches intéressés.

Je vous raconterai les choses à ma manière. J'élargirai les faits à mes hypothèses. J'inventerai selon cette imagination follette dont je suis la servante soumise.

Nous nous amuserons bien ensemble, je l’espère.

Entre deux travaux manuels, entre deux pots de peinture et un marteau, je reviendrai me détendre le cervelet à mon clavier.

Je vous laisse ici pour aujourd'hui.
L'après-midi est si belle. Je vais vaquer dehors et profiter su soleil.

A bientôt !










jeudi 26 novembre 2015

PASSIONS ET BOUILLONNEMENTS




Bonjour, suiveurs des nouvelles d'Agorreta !

Cette toute petite aube me ramène à mon clavier.

J'entame ici notre épopée chemin des Crêtes.
Cette chronique restera celle d'Agorreta. Je continuerai de parcourir mon quotidien à la ferme.
Les épisodes Chemin des Crêtes viendront s'insérer entre deux actualités locales, brûlantes, ou pas.

En parlant de brûler, et en continuité avec mon entreprise des rafraîchissements et autres menues rénovations à Agorreta, il me faut commenter un détail :






J'avais pris ce cliché aux débuts de ce "bloc".
La ferme montre ici un visage bien fatigué...
Le vieil appartement dernièrement revisité est celui du premier étage, avec les  quatre pièces en enfilade.

Juste au dessus de la porte-fenêtre d'entrée, face au soleil levant, au dessus de cette magnifique arche, vous notez cette coquette traînée couleur rouille.
L'ensemble n'est pas flambant ni pimpant, c'est vrai...
Pourtant, cette vilaine larme est pire encore que le reste.
Avec le délicat muret de descente de l'escalier, peut-être...

Dans l'esprit je remets un peu d'air frais dans tout ça, je ne saurais tolérer plus longtemps cette horreur pathétique.
Remontons aux causes de l'avanie :

Agorreta est chauffée à l'ancienne, (tiens donc !), au bois.
Quelques radiateurs au nom donnant à rêver suppléent les failles de cette usine à gaz en matière de confort thermique. 
Des radiateurs "Nirvana"... 
On s'attend à éprouver une véritable extase de bien-être, avec pareilles promesses ! Effectivement, la chaleur diffusée par ces appareils est bien agréable.
La dépense électrique étant pour moi un sujet de préoccupation parmi d'autres, j'use de ces commodités modernes, sans en abuser.

En période hivernale, dans laquelle nous avons été brutalement plongés cette semaine, sans grande sommation, nous allumons le poêle, trônant dans la cuisine, en bas :







Vous apercevez l'engin, à droite du fauteuil des chiens.

Ce poêle est une chaudière à bois.
De belles proportions et d'une capacité de chauffe suffisante à faire ronronner d'aise l'ensemble de la ferme.
A condition de l'alimenter en abondance d'une bonne dizaine de stères de bois chaque année.
La brouettée de bûches couvre les besoins d'une journée, en marche continue.

Nous avions avant ce monstre, une autre chaudière, toujours à bois, beaucoup plus modeste.
Elle datait, comme tout date, à Agorreta.
Ma défunte mère,du temps où elle était à la direction logistique des opérations, était pire encore que moi. Elle faisait durer les choses jusqu'à un extrême déraisonnable, pour ne pas "gâcher".

Notre ancienne chaudière, déjà limitée en puissance, incapable de fournir l'énergie nécessaire à maintenir une bonne température dans toutes ces pièces à l'isolation inexistante, aux huisseries anciennes et inefficaces, s'épuisait sans chauffer grand chose.
Elle tombait en lambeaux, avec les plaques de fontes zébrées d'estafilades et de fentes un peu partout.

C'est bien simple, pour espérer l'allumer, il fallait ouvrir la cuisine en grand, par ces journées de petits vents frisquets de noroît, histoire d'impulser un tirage malmené par les prises d'air multiples et accidentelles ouvertes de tous les côtés du poêle. Très chaleureux...

Là encore, une bonne partie de l'énergie dispensée à grand peine, fuitait dans le boisseau largement béant, en privant d'autant l'habitation.
Une installation "à l'Agorreta", comme nous les déplorons.

La fumée serpentait en langues d'une souplesse féline par les interstices des plaques de fonte, dès que la cheminée ouverte n'aspirait pas suffisamment d'air chaud.
Nous nous maintenions tapis au sol, pour ne pas mourir asphyxiés par ces fumées épaisses.
Vous imaginez les dépôts de suies grasses et autres inconvénients à l'avenant, dans la vieille cuisine.
Elle porte les stigmates visibles de tous ces mauvais traitements.
Celle-ci aussi, il va falloir la repeindre... l'été prochain, quand nous ne ferons plus de feu !

Nous avons installé la nouvelle chaudière, au moment où ma mère, suffisamment affaiblie par la maladie, frileusement recroquevillée sur le fauteuil près du vieux poêle épuisé et inopérant, a accepté de baisser la garde, et admis sans s'étouffer de rage cette dépense.

Certes, notre plombier de l'époque, un de ceux là qui ne veulent plus entendre parler de notre "surpresseur" d'eau (référez-vous à l'article "Agorreta et l'eau", quelque part plus haut), n'y était pas allé de main morte. Il avait introduit chez nous une bête ! Et la facture nous avait parue toute aussi monstrueuse que l'engin...

Enfin, au diable l'avarice et les avaricieux ! Nous avions consenti cet effort. 
"Là, vous serez tranquilles !" nous avait assuré ce grand professionnel si sympathique. Il est d'ailleurs lui-même de grande taille et proportions, buttant de la tête sur le manteau de la cheminée haute, ouverte à près de deux mètres du sol. 
Pas du tout le gabarit adapté à nos installations étriquées, type celle de la susdite pompe à eau...

Bref, nous sommes ainsi bien équipés, d'un appareil monumental. Et capable de chauffer une église, si on déboise quelques hectares alentours.

L'installation, tuyauteries, radiateurs, est celle d'origine. L'achat de la chaudière nous avait ruinés, nous ne pouvions pas assumer la refonte de l'installation complète.
"Ca va aller", toujours selon le plombier.

Et ça va, en effet. L'eau chaude circule bien à peu près partout, serpente dans les radiateurs de fonte, et dispense une chaleur douce et confortable à souhait.

Notre vieille ferme, accueillant en son sein ce visiteur imposant, a subi quelques secousses, dues à cette soudaine chaleur dispensée dans les pièces les plus reculées.
Là où avant, nous maintenions péniblement un petit quinze degrés, grâce à la puissance en marche de notre "De Dietrich" germanique, nous étions rendus à haleter de chaleur.

Les enduits, boiseries, et autres tuyaux jusque là maintenus dans une tiédeur toute relative, s'offusquèrent de ces montées en températures inusitées.
Elles fissurèrent, craquèrent, fendirent, et rendirent l'âme, même, par endroits.

La chaudière chauffe de l'eau, et un petit moteur l'envoie colporter la bonne nouvelle à travers la bâtisse, par un circuit de tuyaux longeant le grenier. Une vraie chaufferie de paquebot.
Les tuyaux, d'un diamètre sans doute insuffisant, glougloutent et gargotent au passage de cette horde de messagers pressés. Parfois, quand la chaudière trop alimentée monte en puissance, les gargouillis deviennent rugissements, et font trembler les murs.
Un dispositif de sécurité est prévu, juste avant le risque d'explosion : une soupape, une échappatoire, une issue pour libérer ce trop plein d'énergie impossible à contenir.
Le système est rudimentaire, mais efficace.
Un tuyau, ouvert sur l'extérieur, relâche le surplus d'eau bouillonnante, pour faire baisser la pression trop forte.

Un jet d'eau très chaude, fumante, recraché sans plus de manière, en un jet libératoire. Une sorte de rot violent et liquide, si vous voulez. Pas un vomissement, trop dégoûtant, non, un surgissement de lave en fusion.

Ce tuyau-soupape de sécurité sort de la ferme au niveau de la panne de toiture, juste au dessus de la porte-fenêtre d'entrée de l'appartement de l'étage. Vous suivez ?





Le plombier originel, celui qui avait élaboré l'installation de chauffage au départ, bien avant notre géant "De Dietrich", à l'époque petit communiant sans doute, devait avoir manqué de temps, ou de matériel.

Il avait fait surgir trente centimètres de tuyau en cuivre à travers le mur épais, et l'avait laissé ainsi, en l'état, petit appendice à l'allure inoffensive, et pourtant...

A l'usage, ce tuyau dégorgeait son eau bouillante juste au dessus du balcon. C'est-à-dire que si vous vous trouviez à sortir du vieil appartement, au moment où l'eau trop chaude se faisait expulser au dessus de votre tête, vous vous retrouviez ébouillanté, tout simplement...
L'appartement, loué en été aux estivants, n'était pas souvent occupé en hiver, période de mise en marche de la chaudière, et de danger potentiel, donc.
Sauf quand j'y ai vécu moi-même, une petite dizaine d'années !
Dieu merci, c'était à l'époque de la première chaudière, celle qui n'arrivait même pas à tiédir les radiateurs. Les surplus passionnels d'énergie étaient rares, et les risques d'accident en "ébouillantements" improbables.

Quand la "De Dietrich" prît le relais, le petit tuyau fut beaucoup plus sollicité, et les jets de vapeur brûlants plus fréquents.
Pour ne pas échauder la panne, nous rallongeâmes sommairement les trente centimètres de tuyau de cuivre, en y emmanchant un autre tuyau, à peine plus large, et plus long.
Le jet était propulsé un peu plus loin, au milieu de la cour, en fait. On pouvait espérer sortir de la ferme, et éviter cet arc meurtrier. Par contre, un visiteur innocent, stationné là, risquait gros... Plus d'une fois, nous avons du faire écarter l'inconscient d'un danger sans préavis.
Quelques voitures ont pris une douche imprévue, aussi. Mais rien de trop préjudiciable. Ces tôles résistent assez bien à la chaleur, au final.

Le tuyau rajouté n'avait pas été trop ajusté, vous nous connaissez. L'angle pas trop calculé non plus. Une partie de l'eau, passé le premier flot précipité dans l'urgence, refoulait ensuite en arrière, et, revenant contre le mur, suintait grassement sa rouille en glissant vers le bas.
Dessinant cette gracieuse traînée, jusque sur le volet. Celle salissant le balcon vous montre l'angle de chute de l'eau chaude issue de la première installation, au départ.

Voyez, tout ça s'explique clairement, quand, comme ça, sans historique, on ne comprend pas bien. Là encore...
Depuis, nous avons pris des dispositions. L'eau surchauffée est guidée dans une vidange discrète et sans traces. Un progrès, n'est-ce pas ?

Je vais maintenant barbouiller d'un peu de blanc cette honteuse balafre. Pas trop parfaitement, non plus, pour ne pas dénoter avec le reste. La façade entière, ça me fait beaucoup à faire, tout de même. Engager un peintre, beaucoup à dépenser, alors, non...

Pas d'inquiétude, mon travail sera suffisamment imparfait pour ne pas offenser l'environnant.

Notre chaudière bouillonnante d'une passion excessive a craché ses violences à la face d'Agorreta. Puis, elle et nous, nous avons appris à nous connaître. Nous l'alimentons petit à petit, sans excès. Et tout se passe maintenant bien mieux.

De la même façon, Chemin des Crêtes, nous avons connu des éruptions passionnelles exacerbées. Et, le temps passant, les gens s'apprivoisant doucement, nous avons retrouvé la quiétude.

Je vous raconte tout ça bientôt. 

En attendant, je vais descendre à l'étable, puis, aller saluer la "De Dietrich", monstre sagement endormi, à réveiller en douceur.

A une autre fois, et portez-vous bien !





mardi 24 novembre 2015

DANS DIX ANS,COMMENT SERA-T-ELLE?



Bonsoir tout le monde !

Mon titre se réfère à une publicité un peu ancienne pour une marque de savonnette. Une jeune femme à la peau parfaite, regardait le reflet de son visage sur une surface d'eau, troublée par un remous, et se demandait comment le temps agirait sur sa jeunesse.

Je me demande moi aussi non pas comment sera ma peau, déjà bien imparfaite, mais ce qu'il adviendra d'Agorreta.
Ce "bloc" marque le fil des jours autour de la ferme. Comme le sculpteur révèle les facettes de la pierre qu'il cisèle, révélant un grain différent ici, buttant sur une ligne de faille là, je regarde, j'observe et j'examine.
Le sujet de mon exploration attentive et respectueuse  paraît bien ordinaire. J'y trouve pourtant des choses inattendues, des renvois intrigants. Partie d'un quotidien étriqué, je suis un cheminement plein de clairières emplies d'une lumière douce, et de zones moins limpides.

Je marque ce temps en apparence plat. J'y effleure des reliefs imperceptibles et pourtant bien là.

Je veux graver ces moments, je veux pouvoir revenir dessus, me remémorer qu'ils ont existé, le faire savoir aussi.

Le temps évidemment infléchira la courbe vers un horizon différent.
Dans trente ans, nous ne vivrons plus à Agorreta comme nous vivons maintenant.
Je ne tiens pas à m'accrocher à un mode de vie particulier. Je suis capable de m'adapter aux changements, et même, je trouve dans ces changements l'occasion de me découvrir autrement. J'aime la révélation de cette diversité.

Je suis pourtant telle que mon histoire familiale m'a façonnée. Je me suis nourrie et abreuvée à cette philosophie là.
Je transmettrai forcément quelque chose de ce passé, à ceux qui me côtoient, et me côtoieront à l'avenir.
Parce-que je suis de là d'où je viens,  je garderai la trace de ce que les miens auront gravé en moi.

Ce "bloc" est mon témoignage, modeste et précis. Il est la veine inaperçue dans la pierre massive, révélée à petits coups, précautionneux, par l'artisan minutieux et curieux.
J'y ai trouvé mon fil. Je m'y suis fondée, mettant en mots, même imparfaits, des sensations diffuses, mais plus tangibles d'avoir été explorées.

Je vais en terminer cette première partie ici. 
Une année sera passée, avec sa trajectoire presque quotidienne, après l'évocation d'un passé familial un peu ancien, déjà.






Ça faisait longtemps, non ?


Ensuite, entre deux trois pièces, encore (!), à rénover  dans la vieille ferme, je m'amuserai de cette affaire du remblai du Chemin des Crêtes. Elle remonte aux débuts des années 2000, pour sa partie "crise".
J'en ai le projet en tête depuis la survenue de ces "événements". Et l'envie de réaliser ce projet remonte maintenant à la surface lissée des remous du moment.

En transition avec ces changements inévitables évoqués plus haut.

Le paysage immédiat d'Agorreta est en évolution.
Cette dernière année, mon point de vue sur la Rhune-mère a changé :


























Les terrains d'Agorreta, travaillés par mes parents et mes grands-parents, ont été transformés. Remblayés.
D'un vallonnement prononcé, nous aboutissons à une surface plus plane, moins accidentée.
Mon frère aîné travaille à cette mutation, depuis dix années bientôt.










C'est lui, cette taupe géante, soulevant et déplaçant des tonnes et des tonnes de notre vieille terre d'Agorreta.
Moi, j'aime à façonner les phrases. Lui, c'est la terre...
Chacun ses passions !

Ce remblai d'Agorreta, cette "décharge" disent les esprits chagrins, est le deuxième de cette envergure réalisé par ce terrassier-né.

Avant celui-là, il a eu  l'occasion de se faire la main à Urrugne, sur les terrains originellement propriétés de mon oncle Nicolas, frère de ma mère. L'homme fier et sec aux bras puissants, à droite de notre défunte "Karmen".
Sur ce fameux Chemin des Crêtes, historiquement siège de résistance révolutionnaire sous Napoléon.
Je reviendrai sur tout ça très prochainement. Et nous revivrons ensemble ces épisodes savoureux et passionnés. 

Ce passé récent, ou plus ancien, construit mon présent et prépare cet avenir sur lequel je m'interroge.
Mes interrogations trouvent des échos nombreux dans mon entourage.


Il me revient une discussion, avec l'une de mes collègues,  ce matin.

Elle est originaire du Pays-Basque intérieur, profond et authentique.
Ce pays-Basque aux paysages montagneux, puissants et sages de sentir cette force venue de loin.






Chaque visite dans sa contrée natale nous la ramène un peu nostalgique. Pas seulement de son enfance et de cette innocence perdue, forcément.
Elle regrette aussi, je le crois, de s'être éloignée de cette terre. Elle s'y ressource, et envisage sans doute d'y revenir un jour.

Evidemment, son parcours de vie loin de ces terres isolées et nichées entre deux flancs de montagnes, lui a permis de découvrir, connaître, et vivre une vie toute différente de celle qu'elle aurait eu en restant là.
Je suis certaine qu'elle ne regrette absolument pas d'avoir saisi l'opportunité d'embrasser cette vie là.
Seulement, ces paysages la pincent toujours au cœur. Et quand elle évoque son enfance chez ses grands-parents basques, son sourire franc se voile d'une nostalgie authentique et profonde.

Je suis sensible à ce sentiment. Je ne suis jamais partie d'Agorreta. Rien ne m'en a durablement éloignée.
J'espère y finir mes jours.

Evidemment, la ferme ne perdurera pas. Agorreta n'est déjà plus depuis plusieurs années une exploitation agricole. Nos quelques vaches sont les vestiges d'un passé révolu.
Personne dans la jeune génération ne semble avoir envie de perpétuer cette tradition.
C'est ainsi. On peut le regretter, mais on ne peut pas aller contre la nature profonde des gens. Les miens ne sont plus des paysans dans l'âme...
Les derniers-nés, peut-être ? Il est trop tôt pour le savoir !

Ma collègue est revenue cette dernière fin de semaine sur les terres de son enfance. Elle a revu cette vieille "borde", cette bergerie maintenant presque mangée par une végétation sauvage.





Les quelques vieilles pierres encore empilées ne résisteront pas longtemps aux violences d'une nature exacerbée dans cette contrée encaissée.








La foudre frappe souvent, ici.
Les silhouettes noircies des vieux chênes brûlés en témoignent.

La nature n'y est pas toujours aussi bienveillante et indulgente que ce que l'on en voit par ces magnifiques journées automnales.
L'hiver y est rude, sombre, la brume épaisse, et la vie tapie dans des intérieurs obscurs.
Là comme ailleurs, la réalité n'est pas pierre taillée d'une seule roche. 










Comme à Agorreta, les paysages sont beaux, aussi, du côté de Baïgorry. Plus grandioses, plus silencieux et impressionnants.

La neige tombée ces derniers jours, sur les crêtes des montagnes encore rousses des journées précédentes, si belles, illumine les reliefs placides.





Personne ne s'abrite plus dans la bergerie abandonnée. Elle a été réinvestie par une nature sauvage. Délaissée par les hommes. Oubliée, presque, et pourtant ces vieilles pierres émeuvent ma collègue. 
Des échos de la vie menée là résonnent en elle et la troublent, comme l'onde trouble la surface plane de l'eau.

Avoir devant soi une nature aussi généreuse, des ondoiements lents et voluptueux, est presque poignant, quand on sait que l'on vient de là . Et qu'on n'y est plus.
C'est ainsi que je l'imagine, du moins. 



Quitter Agorreta, ses paysages et son atmosphère, serait pour moi une souffrance.

Je sais qu'Agorreta changera, que les paysages ne seront pas identiques, dans des années.
Je veux juste vivre ce changement, tout le temps qu'il me sera donné de vivre. Inscrire mon temps dans celui d'ici, en harmonie.

Je constate autour de moi et je peux concevoir les désirs d'ailleurs, les envies d'un horizon élargi, et le bienfait d'ouvrir ses perspectives.
Je n'en éprouve pas pour moi le besoin.
Quand je me sens viscéralement à ma place, là où je suis.

Je vous laisse tous les voyages et les ailleurs. 
Moi, mon large est au dedans de moi.

Il se fait tard. Je vais dormir. M'assoupir sur les beautés de cette terre, mon monde.


Je me suis prise au jeu de ce "bloc", je vous l'ai dit.

Si mon plaisir nourrit un peu le vôtre, vous ajoutez par votre intérêt à mon contentement, et je vous en remercie.

A très bientôt, pour de nouvelles pages de ces chroniques d'Agorreta.

dimanche 22 novembre 2015

PREMIER ANNIVERSAIRE



Bonjour à tous les lèves-tôt de la planète !


Je suis un peu perplexe...

J'ai été réveillée sur le coup des quatre heures, tout à l'heure, par un bruit venu d'en bas.

Je reste attentive, dans mon rôle de veilleuse de nuit à Agorreta.
Mon sommeil est de bonne qualité. Mon ouïe de mauvaise.

Pourtant, mon repos garde la faculté de sélectionner les éléments susceptibles de le troubler.
Je n'entends pas souvent la trappe de la chatière par où les chiens sortent parfois la nuit, juste en dessous de mon lit.
Par contre, un mouvement inhabituel dans l'étable, une vache détachée par accident qui flâne paisiblement, sans faire grand tapage, deux étages en dessous, me tire facilement des bras de Morphée.
Un son venu de la chambre de mon père, toujours deux étages plus bas, et de l'autre côté d'un mur épais de grosses pierres, m'est vite perceptible.

La conscience est chose délicate et raffinée, qui ne s'abandonne jamais tout à fait.

Nous avons eu cette année des habitants surnuméraires dans la ferme. Ils logeaient provisoirement dans ce vieil appartement que je rénove maintenant. Juste au dessus de la chambre de mon père.
Tout le temps de cette cohabitation, ce brave homme s'est montré bien discret, la nuit. A part une  fois, où il n'a pas pu faire autrement que d'appeler à l'aide, jamais son "tunk-tunk-tunk" n'a résonné dans la ferme endormie.
Son sommeil n'est pourtant pas devenu de plomb sur cette période. Il a continué de vivre sa petite vie de nuit, sa vie de vieil homme réveillé souvent, quand les plus jeunes dorment profondément. Les petits matins dans la chambre désordonnée en témoignaient...

Certes, mon père va bien mieux qu'il ne s'est porté par le passé. Il ne demande plus une veille constante. 
L'angoisse est tout de même tapie, là, et le rattrape parfois, quand justement sa conscience assoupie ne la tient plus à distance.
Cette conscience rameutée en panique, suffisamment opérationnelle dans l'instant pour lui commander de ne pas se manifester bruyamment, par respect pour les occupants endormis de la ferme.
Ces occupants étaient là en manière d'invités, à traiter avec bienveillance et circonspection.

Moi, je fais partie des murs. Et mon père a moins de scrupules à troubler mon repos, sans doute. Ou alors, plus civilement, il met beaucoup d'espoir dans les performances d'isolant acoustique du mur de pierres entre nous deux...
La dernière possibilité, ma foi toute aussi plausible, est que ma propre conscience, déchargée de la totale responsabilité de veiller sur mon vieux père, puisque d'autres pouvaient prendre le relais en cas de défaillance de ma part, a lâché prise, tout simplement, tant qu'elle s'autorisait à le faire.

Je ne sais pas. Et ça ne me tracasse pas plus que ça.

Cette fin de nuit, mon alerte était inutile. Je me demande même si ce n'est pas mon imagination qui me joue des tours, me représentant des appels inexistants.
Je suis descendue, j'ai ouvert la porte de la chambre de mon père doucement. Il dormait, calmement,  éclairé avec bienveillance par la veilleuse allumée. Un tableau on ne peut plus apaisé.
Je suis remontée. 
Je m'étais couchée tôt, hier soir, et je ne me sens pas fatiguée. Un bon thé, deux trois mots-fléchés pour remettre la cervelle en route, et me revoici à mon clavier.

J'ai entamé la rédaction de ce "bloc", il y a un an.




Commencé un peu par hasard, avec l'assistance technique de mon patron et néanmoins ami Jean-Michel, je me suis prise au jeu. 
Nous avons partagé tout un quotidien à la ferme. Une vie simple et sans grand relief. Pourtant emplie d'émotions, d'élans, d'interrogations et de rires.
Mes histoires ne méritent peut-être pas grand intérêt, vu de l'extérieur. Pour moi, elles sont mon essentiel.
Je n'ai aucun scrupule à "occuper" de la place ainsi. Aucune pudeur à dévoiler une intimité. De la place, il y en a pour beaucoup plus encore. Et mon intimité reflète l'humanité de tous.

Je prédisais un changement, une inflexion, dans mon parcours, autour de cette année de "bloc".
Je ne suis pas Mme Soleil ! 
J'avais longtemps en tête la disparition de mon père, annoncée depuis plusieurs années comme imminente à maintes reprises. Et, depuis, démentie en un pied-de-nez savoureux dudit "mourant"... en plutôt bonne forme pour le moment !





Nous étions là en fin d'année dernière, ou au tout début de celle-ci.
L'homme est toujours aussi souriant, content de regarder nos vaches, et bien décidé à mettre son grain de sel dans toutes les décisions en orbite d'Agorreta.

Notre dernière visite, toute récente, à notre angélique et si sympathique docteur de famille ne donne aucune raison de penser mon père comme un vieil homme malade, près de sa fin.

Nous sommes tous mortels. Nous le savons. Et vulnérables de cette mortalité.
Notre idée de l'avenir achoppe sur ce terme. Par force. Nous nous y résignons mal, et apprivoisons notre angoisse en élaborant des projets d'avenir. Grandioses ou modestes, ces projets nous tirent en avant, et apportent la lumière dont nous nous passons mal.

Je n'ai pas eu d'enfant. Je n'ai pas cette matérialisation charnelle de ma continuité après ma mort.
J'ai cinquante ans.
Toutes les femmes de mon âge savent de quoi je parle. D'ailleurs, ces pudeurs ridicules à évoquer des choses toutes naturelles et fondamentales ne doivent pas museler l'expression d'un ressenti bouleversant.
Cette phase de fin de fertilité marque une étape importante dans la vie d'une femme. Evidemment, elle implique le vieillissement, la perte de séduction, et tous les plaisirs à l'avenant.
Je ne suis pas de celles qui refusent d'admettre ces incontournables. Je n'essaie pas de maquiller mon âge, mon état. La nature féminine est ainsi faite. Il ne sert à rien d'aller contre. Sauf à cultiver une perte d'énergie et une fatigue inutiles.
J'ai surmonté en cette fin d'année les écueils inhérents à cette ménopause déstabilisante.

Allons bon ! me direz-vous. Voilà maintenant que tu nous étales tes hormones sous le nez !
Et alors ? Elles ne vous travaillent pas, vous, vos hormones ? Quel que soit votre âge et votre sexe, vous croyez les tenir sagement enfermées, peut-être ? En parler vous semble indécent ?

Et bien pas à moi ! Bien au contraire, j'en tiens pour la libération par la parole de ces sensations profondes et essentielles. 
Nous sommes tous constitués de chair et de sang. Nous connaissons tous les fonctionnements naturels de notre corps. Nous y sommes soumis, et en devenons vulnérables.
Tous, nous naissons d'un ventre sanguinolent, nous nous nourrissons, nous déféquons, nous urinons, nous dormons. Et nous mourrons.
Tous, nous avons envie d'être aimés, d'aimer, d'être reconnus et appréciés.
Nous avons besoin de ce corps et de ces mécanismes. Nous avons besoin de ces émotions et de leurs élans.
Je préfère les considérer, les prendre en compte sainement et sans fausse pudeur. Ignorer ou taire est d'après moi dévastateur.
Toutes ces justifications reflètent bien-sûr un restant d'éducation, où on ne parle pas à découvert de ces choses là... 
Allez, allez, les amis, libérons-nous des on et non-dits ! Parlons, de tout et de rien, sans entraves ni limites !
Enfin bon, sans emballement non plus, n'est-ce pas ?

J'ai cette tendance à ignorer le sens de la mesure. Ça fait partie de mon charme. Et c'est ma faiblesse, quand mes élans m'épuisent et me vident, quand je suis déçue d'être arrêtée quand je me voyais avancer si fougueusement.
Je me suis faite à ce tempérament. Les autres s'y font moins facilement, malheureusement...

Mes petits projets d'aménagement du vieil appartement, d'autres changements envisagés dans ce cercle d'Agorreta, me représentent un avenir souriant.
La jeune génération s'inclue dans mes perspectives. Cette jeunesse et sa fraîcheur aèrent agréablement la vétusté d'Agorreta, le vieillissement inexorable de ses résidents permanents.

Nous n'irons pas, ici comme ailleurs, contre la fatalité. Mais nous habillerons de jolies couleurs notre quotidien, comme mes murs...





Quoi, ils ne vous plaisent pas ?! Bah! ça n'est pas grave. Puisque c'est moi qui les aurais devant les yeux...







Tenez, pour finir en une beauté suffisante à faire l'unanimité, une vue des derniers ciels d'avant le mauvais temps :








Que l'avenir soit aussi limpide que ces aubes transparentes :




J'espère juste avoir nourri suffisamment de sagesse pour savoir attendre le retour de ces lendemains purs, quand, inévitablement, l'horizon s'assombrira, parfois...











J'ai passé une agréable fin de nuit en votre compagnie.


Il est temps maintenant d'aller nourrir et soigner les vaches. Je les ai cantonnées à l'étable pour l'hiver. Finies, les sorties au champ...
Les deux petites, Rubita et Galzerdi ont un peu de mal à intégrer les nouveaux rythmes de tétées. Détachées matin et soir, elles se précipitent vers les pis de leurs mères, quand dehors, elles les avaient à disposition.

Une nouvelle étape dans leurs vies de jeunes vêles, pour elles aussi !




vendredi 20 novembre 2015

CA Y EST !



Suiveurs des nouvelles d'Agorreta, bonsoir !

Ca y est, j'ai terminé l'atelier peinture du vieil appartement !

Boudiou ! Il est finalement très grand, cet appartement... Toutes surfaces mises à plat, ça doit faire une belle quantité de mètres carré !

Je suis contente d'avoir mené cette opération à son terme. Partie d'une impulsion comme il m'en vient assez régulièrement, d'un sursaut fougueux, d'un élan exigeant, cette idée de remise en état m'a portée ces derniers jours comme la vague soulève l'écume.

J'aime me sentir ainsi investie, habitée, par des petites choses toutes simples. Elles suffisent à contenter en moi le besoin de réalisation, la satisfaction de "faire".
Sans être ambitieuse, je suis allante, et passionnée dans mes modestes entreprises.
Vous m'avez vue cultiver mon jardin, vous lisez ces anecdotes sans importance qui me démangent les doigts, vous supportez mes histoires de vaches et de chiens.

Je vous livre sans pudeur ni retenue ce qui m'habite, ce qui me met en joie, ou me peine.
Je sais que mes émotions et mes élans résonnent en vous, différemment sans doute, mais d'une musicalité concordante souvent.

Nous sommes faits du même bois, en vivant chacun à notre manière pourtant.
Et ces ressemblances confortent le sentiment bienfaisant d'appartenir à la même espèce. Du moins, je le sens ainsi.

Le vent se lève ce soir, au moment où j'écris ces mots.
Le temps est annoncé perturbé, quand jusque là, Novembre a été magnifiquement beau.






La laitance de ce matin nimbait bel astre sans atténuer sa gloire.
Il faudra quand même s'attendre à essuyer quelques frimas.
Les vaches seront bientôt hivernées à l'étable. L'année dernière, elles l'étaient déjà à cette date.







Zaldi restera seule dans son champ, quand ses copines à cornes resteront à l'étable.

Elle aura toujours la compagnie de mes chiens, toujours prompts à venir la houspiller, un peu trop près de ses sabots souvent.

Elle est gentille, cette jument, mais les aboiements agaçants et les tentatives de morsure sur ses jarrets ne lui plaisent pas, mais alors là, pas du tout !
Je prie pour que Bullou se tienne au large. Txief, lui, est téméraire, mais du bon côté de la clôture, là où il sait ne rien risquer.

Je vous fais le dernier point de mes travaux peintures, puisqu'ils sont maintenant terminés.


















Comment trouvez-vous ma vieille cuisine ?

Fraîche et enjouée, non ?

Elle gagne en lumière, en gaieté. L'effet est un peu inattendu.
L'utilisation des fonds de pots de peinture offre cette fantaisie, audacieuse et amusante.

D'après moi...



Je suis venue tant bien que mal à bout de ce maudit lambris aspirant à lui la substantifique peinture.

J'ai décrété que ça allait comme ça. Il faut bien savoir dire stop, à un moment !

Notez ces petits trous follets : ce sont les nœuds du pin séché, tombés derrière le pan de bois.
Impossible de rattraper ça !
Alors, j'ai laissé en l'état, me disant que ça permet une saine circulation d'air entre le lambris peint et le mur de pierres.
Au travers, les motifs de mes anciens décors, témoins du temps passé, clins d’œil coquins et doucement nostalgiques.

Je ne suis pas mécontente de mon résultat.
Je vais maintenant parfaire l'impression finale en ajustant le sol, et remeubler tout ça. Deux trois cadres naïfs, une jolie lampe d'ambiance, mon petit fauteuil cabriolet, si confortable, et ma pièce sera un havre paisible et serein.

Pour ce soir, il est temps de dormir. Les journées sont courtes, quand je les remplis d'occupations si plaisantes.

Nous arrivons au terme de cette première année de "bloc".

Des choses se mettent en place, elles me paraissent positives et amènent un éclairage agréable de l'avenir à Agorreta.
Je vous éclaircirai tout ça bientôt.

Je vais d'abord peaufiner mes travaux en reprenant quelques meurtrissures extérieures un peu trop ravageuses, sur la façade d'entrée de ce logement si heureusement rénové...

L'appartement était bien assez grand. La ferme le serait presque trop ! Je ne m'en décourage pas pour autant. Je ferai ça par tranches, raisonnablement. Si j'en suis capable !

A bientôt, et que la nuit vous soit douce.

mercredi 18 novembre 2015

INSATIABLE LAMBRIS




Amis du soir, bonsoir !

Je rentre à peine d'à côté.
Ce petit chantier peinture me mobilise à plein !

Je vous fais une très courte visite, histoire de ne pas perdre notre fil entre deux pinceaux.








Les deux premières vues sont inhabituelles.

Elles ne sont pas prises depuis Agorreta.

J'étais au cimetière, ce matin. J'allais abreuver ma coupe de chrysanthèmes, altérée par ces chaleurs dernières.
Elle se portait encore bien, et les fleurs en tournesol s'ouvrent encore sur un cœur dru et ramassé.


J'aime bien, aller au cimetière, où reposent ma mère et ses parents, Inazio et Manuella Olaciregui, dont je vous parlais aux débuts de ce "bloc".
Voyez comme la perspective en est agréable, avec en face ces Trois Couronnes massives surplombant la ville piquetée de lumières.

Les cimetières sont des endroits souvent plaisants, pour le meilleur repos de nos défunts, sans doute.

Je ne me suis pas attardée, j'avais à faire, vous le savez.

Les bêtes étaient au pré, la logistique quotidienne ramenée à ses essentiels. Je pouvais continuer à œuvrer à l'étage.
J'en étais à la pièce d'entrée. 
Cet appartement à l'ancienne mode accueille les visiteurs dans une grande cuisine. Je trouve ça bien pensé et pratique. Les salons et autres pièces plus usuellement disposées en proue pour l'arrivant me paraissent  moins indiquées.
Quelqu'un arrive, vous le faites entrer, asseoir, vous lui proposez à boire, ou à manger, selon.
Une cuisine, claire et spacieuse, rien de tel pour centraliser tous ces gestes de bienvenue.

Si c'est pour laisser le visiteur debout dans une entrée étriquée, autant le maintenir dehors. Se vautrer dans les fauteuils et canapés, ça n'est pas tellement d'usage, à Agorreta. Ou alors ça se fait en intimité, pas à la portée de regard d'un quelconque arrivant.
Enfin, tout ceci étant ma vision toute personnelle d'un intérieur adéquat...

J'abrège mes discours, je sens que je me laisse emporter encore une fois !

Je pensais finir mes travaux de peinture aujourd'hui. J'aurais posé le sol en vinyle vendredi. Ainsi, en sept jours, j'aurais terminé ma rénovation. Comme Dieu a crée le monde.
J'aime tenir les calendriers fixés. Même si rien de particulier ne me presse dans mon entreprise, lambiner n'est pas dans ma nature, et je pose des objectifs précis dans un temps imparti.

Et bien, cette fois, je n'y serai pas !

L'imprévu, le hic, l'os, s'est matérialisé dans ce modeste et ordinaire lambris posé sur les murs :


Je ne m'en méfiais absolument pas. J'ai repeint un panneau dans la pièce du fond, de petite taille il est vrai. Ça m'a semblé aisé.
Ici pourtant, j'avais du à l'époque vernir mon lambris d'une lasure spéciale, de façon à le préserver de l'atmosphère plus humide de la cuisine.
J'ai eu ma période lambris, vite après celle crépis. Je trouvais ça très joli, chaleureux et pratique, encore et toujours, pour masquer les imperfections des enduits muraux irréguliers.

Maintenant, j'ai envie de plus de lumière. 
Je peins ce lambris. J'utilise les restants de peinture collectés ici et là, en tâchant d'associer au mieux les couleurs, dans la mesure du possible.
Comme ce bois avale tout ce que je lui propose comme un boit-sans-soif, je suis obligée de puiser dans mes dernières ressources. Ma cuisine sera colorée, d'aucuns disent même "bariolée", les mauvais...

Plusieurs couches imprègnent cette éponge boisée, à la longue. Je dois passer et repasser, deux fois, trois fois, et encore !
Je n'aime pas vous le savez m'éterniser, fignoler. Je préfère avancer, rondement.
Là, je dois distordre ma nature, et ça m'est un peu pénible, je l'avoue.
Mais bon, le résultat obtenu jusque là nourrit une patience maigrelette. Je ferai comme Mr Lambris demandera.

Je vous laisse ici, je dois maintenant dormir. Le petit matin arrive trop vite, si l'on ne prend pas garde de se coucher tôt.
Ma prochaine chronique vous montrera, je l'espère, une pièce gaie, lumineuse, et accueillante.

Ayez une douce nuit. Endormez-vous paisiblement, en pensant de votre côté à un ou autre de ces petits projets qui colorent si bien la vie.

A bientôt !

dimanche 15 novembre 2015

PHASE FINALE



Bonsoir tout le monde !

Mes articles sont un peu désordonnés aujourd'hui.
Celui-ci relate ma matinée de dimanche.
Quand le précédent racontait l'après-midi.

Un petit hiatus temporel, rien d'inquiétant.







Petite aube carminée en ce dimanche matin.
Le monde paraît le même. Quand l'horreur a planté ses crocs, encore une fois.

Tout a basculé pour certains, beaucoup, trop.
Pourtant, je ne me détourne pas de mes petites préoccupations égoïstes.
L'alibi de résistance à la menace terroriste est bien commode, quand on préfère comme moi se détourner de ces violences, suffisamment lointaines pour qu'on n'en éprouve pas trop fort l'écorchure brûlante.

Je sais bien que je n'ai pas le pouvoir d'arrêter ça. Malheureusement, la plupart d'entre nous ne l'ont pas, offerts pourtant en victimes potentielles sans rien avoir à expier, à la folie des hommes aux idéaux biaisés.

Je continue de vivre ma petite vie, en me désolant, un peu. 
Et vous continuez aussi sans doute, si vous n'êtes pas touchés dans votre chair.
Cela doit être ainsi.

J'avance dans mes travaux de peinture.
Je vous fait un petit relevé de mes progrès, pour alimenter mon image de "performeuse".
J'ai entamé ces rafraîchissements mercredi de la semaine dernière. J'ai travaillé une bonne trentaine d'heures dans le vieil appartement ranimé.
J'ai terminé les deux pièces du fond, le couloir, et la salle-de-bain.























La pièce servant de bureau, avec un coin écriture et lecture, et, en face, le coin repos-détente.













La chambre, avec toujours ma qualité inégalable de photographie...














La salle-de-bain : regardez, si j'osais, je dirais : admirez, cet effet audacieux, cet élan périlleux presque, de la ligne oblique dans le plafond...

Ce rose tonique et bon enfant, au service de ce grège lumineux et sobre. Ce mouvement arrondi, décidé et bien tranché.

J'ai voulu faire un clin d’œil, un rappel en résonance de l'architecture d'Agorreta.
Ah bon ? Et en quoi ? me demanderez-vous, ou pas !

Voyez vous même :























Vous les remarquez, ces arches, arrondis ici et là dans la ferme ?

Vous faites les rapprochement, avec les arcades majestueuses (!) d'Orio, le domaine des maîtres ?










Oui, bon, là, ça fait un peu loin pour s'en rendre compte, c'est vrai.
Mais croyez-moi sur parole, encore une fois, le "château" d'Orio offre sur sa façade sud, un jambage de plusieurs arcades.

Agorreta faisait dans le temps partie du domaine. Elle a gardé cette empreinte architecturale, comme une coquetterie.
Et je perpétue à ma modeste façon ce signe à travers les ans.

On ne le croirait pas, n'est-ce pas ? Une pareille attention, une délicatesse insoupçonnée, dans cette vieille bâtisse sans style ni recherche. Et pourtant...


J'en suis maintenant à la dernière pièce de cet appartement. La première en fait quand on y rentre. Oui, j'aime bien commencer par la fin et finir au début. Pourquoi pas ?




J'ai étendu une première impression sur le plafond. Je n'ai pas pu terminer l'ouvrage, l'heure de me rendre à la jardinerie étant arrivée.
Je reprends ça demain, entre deux logistiques impérieuses.

Je vais terminer sur ces boiseries un peu étouffantes, tous mes restants de peinture. Ce sera gai et coloré. Enfin, c'est l'idée que je m'en fais. Nous verrons ça très vite.

Grâce à ce "bloc", j'aurai ainsi à disposition des clichés de ce logement, si un jour il me vient le besoin de le représenter à un éventuel occupant délocalisé. Sait-on jamais !

Je vous laisse ici, à une bonne nuit de sommeil.
Puisqu'en plus de se distraire en peignant des cuisines, nous continuerons tous à dormir sur nos deux oreilles, quand d'autres se font sauvagement assassiner par hasard.

Bonne nuit, et à une prochaine fois, sans autre drame espérons-le d'ici là.