Bonjour fidèles et occasionnels visiteurs de ce "bloc" !
Quel bienfait, cette douce pluie de mercredi dernier !
Nous nous désespérions, non sans raison, de l'aridité de la saison. Et, enfin, ce mercredi, une saine et bienfaisante pluie nous est arrivée.
Une véritable merveille, tombée en grâces du ciel.
Toutes mes modestes cultures en ont fait profit, évidemment.
Et j'ai pu, avec un léger retard d'une dizaine de jours, semer mon choux-navet fourrager.
Ce matin encore, l'humidité nous est gracieusement offerte, en une silencieuse bruine ouatée.
On ne peut demander mieux pour mon semis de rutabaga, autre appellation un peu exotique de ce fameux choux-navet.
Vous connaissez la maison Agorreta maintenant. Pour ce modeste travail, même pas un are à préparer, tout et tous ont été mis à contribution : hominidés présents sur le site, ingénierie mécanique de la grande époque.
Il y avait forces interventions et intervenants, vendredi après-midi, sur les hauts d'Agorreta !
Nous aimons bien, donner le spectacle d'une activité d'importance. Et puis, ça dépoussière un peu nos vieilleries du hangar : charrue, "rotavator", herse, tout y passe !
Et chacun sa partie dans la manœuvre, évidemment.
Mes frères se chargent de la séquence mécanisée.
Ils aiment bien, ce genre de petits travaux ruraux.
Et moi, adroite comme je le suis à la conduite des machines, je ferais un joli ravage en peu de temps, si je m'y mettais !
Alors, je préfère, et de loin, les laisser faire.
Résultat de toute cette agitation, un coquet carré, maintenant ensemencé, et idéalement arrosé.
Si tout va bien, dans quelques jours seulement, je pourrai déjà vous montrer les petites plantules de ces crucifères protéagineuses, pour le dire plus simplement, les choux, quoi !
Ce petit "crucifère protéagineuse", je vous en ai parlé plus haut, j'adore me le rouler en bouche, comme ça, pour le plaisir du son.
A part ce petit rattrapage du décalage saisonnier, le secteur est calme, ce matin.
Ma rousse Fauvette ne manifeste aucun signe de fébrilité hormonale, pour le moment. Ne nous réjouissons pas avant l'heure, et souvenons-nous du pied-de-nez de Bigoudi, dernièrement.
Observons la bête à la pâture, observons-la, à l'étable, à la rentrée, à la sortie.
Laissons-nous quelques jours, avant de déclarer quoi que ce soit !
Notre maquignon maison, Marcel de son petit nom, est venu nous rendre visite, vendredi.
Il a considéré mes vaches d'un œil expert, et les a trouvées "prêtes". A être vendues en boucherie...
C'est un peu rude évidemment, pour ces belles que je couve tendrement. Mais je connais la réalité de ces choses et je m'y plie.
Je dois vendre une ou autre bête, pour nourrir les autres d'abord, et faire la place aux petites dernières-nées :
C'est la règle, dure mais incontournable...
Pour Fauvette, son sort se décide là. Soit elle sera mère, et vivra de longues et belles années encore à Agorreta, soit, elle partira, et finira dans une ou autre assiette.
Pas plus de sentimentalisme que l'on ne peut s'en permettre.
Une autre qui a failli voir sa vie écourtée ce matin, c'est ma follette Bullette :
Vous la voyez ici en situation de choc post-traumatique aigu.
Je lui permets à des fins de réconfort " récupératif " certaines privautés de comportement.
En milieu de matinée, je l'entendais aboyer dans le champ où Zaldi a ses appartements de jour.
La chienne a cette mauvaise habitude, d'aller importuner la jument, en lui tournant trop près des sabots.
Elle l'énerve de ses aboiements agaçants.
La bête n'est pas méchante, mais sa patience a des limites.
Le plus souvent, elle s'éloigne d'un galop élégant en soulevant haut sa queue blanche.
Mais, parfois, elle fait front, et tourne sur elle-même en agitant bas la tête, et en allongeant quelques ruades.
Jusqu'ici, ma Bullou a toujours évité un mauvais coup. Une fois, je l'ai quand même ramassée les quatre pattes en l'air, figée. J'étais sûre qu'elle était morte, et je m'apprêtais à devoir l'enterrer. Quand je la pris dans mes bras, toute raide, je la sentis vivante, et, à ma grande surprise, et ma très grande joie, surtout, elle se remit sur pattes quand je la posai au sol.
Ce matin encore, quand je l'ai entendue couiner un Kaïe de très mauvaise augure, je me suis précipitée, craignant de la trouver morte.
Elle avait été touchée, au cou, mais revenait en rampant sous la clôture, encore une fois sauve.
Elle n'a pas demandé son reste pour aller se terrer dans la chambre, et n'en plus bouger d'un bon moment !
Ah, cette Bullou, si intrépide et peu prudente...
La vie tient à si peu, souvent. Un millimètre, une bonne averse de pluie, deux cellules microscopiques qui se trouvent ou se manquent...
Une jeune hirondelle est tombée du nid, cette nuit. je l'ai retrouvée morte à l'aube. Là encore, une poussée, une glissade, une fraction de seconde, et tout a basculé, dans le vide, et le néant.
Mes semis, mes bêtes, mon père, tout et tous, nous vivons d'une trame complexe et fragile, de hasards et de caprices.
L'arbitraire nous laisse impuissants. Et nos croyances nous divertissent mal de cet effroi.
Les rythmes récurrents et les rites que nous y attachons nous rassurent.
Et nous vivons, confiants tout de même. Parce-que c'est la seule issue pour rester vivants, justement.
A bientôt, suiveurs des nouvelles d'Agorreta, puisque tant que nous sommes là, nous continuons de nous intéresser à ce qui nous arrive... petites choses semées comme les petits cailloux pour marquer un chemin.
Que la route nous soit encore longue et agréable à parcourir !